Yemmas n-wawres « les jeunes chaouis sont de plus en plus nombreux à s’intéresser à leur culture »
Yemmas n-wawres une des grandes figures du militantisme chaoui a été honorée avec son époux, Mass Saci Abdi , par les organisateurs des festivités du nouvel an berbère Yennar 2966 qui s’est déroulé à Kaïs le 13 et 14 janvier 2016 .
En marge de cette évènement , elle a aimablement acceptée de répondre à nos questions.
-Ce soir, on tire les rideaux sur la célébration du Yennar de Kaïs, organisé sous le thème : «Ma Patrie, mon identité » ; comment vous avez trouvé l’évènement ?
– Un événement très intéressant pour plusieurs raisons ; une organisation parfaite assurée par un groupe de travail, jeune et homogène qui a marqué l’ensemble des participants et les invités par sa rigueur et par l’entente parfaite entre les différents organisateurs. Un programme très riche qui a su concilier entre originalité et modernité. Yennar 2966 à Kaïs a permis la rencontre entre les anciens militants et les jeunes, qui sont de plus en plus nombreux à s’intéresser à leur culture et à leur identité. Enfin cet évènement a rendu hommage à plusieurs grandes figures du pays chaoui , notamment, massa Fatima Yahia Bey, Soumia Harrath, Salah Laghrour, Mouhamed Saleh Ounissi, Saci Abdi, et Amar Keddache .
–Les organisateurs ont prévu, une table ronde sur l’enseignement de Tamazight, mais ni la direction de l’éducation de Khenchela, ni les directeurs des établissements scolaires n’ont répondu favorablement à leur invitation. Vous pensez qu’il y a une véritable volonté politique pour généraliser Tamazight ?
-Pour nos politiciens, il n’a jamais été question de donner à Tamazight la place naturelle qu’elle mérite en tant que constituante fondatrice de l’identité nationale algérienne. Malheureusement, Tamazight a souvent été utilisé par les uns et par les autres pour faire de la politique politicienne et pour des bas calculs électoraux.
Ce constat est à mon plus grand regret, valable au niveau local, où beaucoup de gens ne prêtent attention à Tamazight que lorsqu’il y a des enjeux personnels.
-Vous pensez, que l’officialisation de Tamazight, annoncée dans La nouvelle mouture de la Constitution, pourrait changer quelque chose ?
Tout dépend de l’existence d’une vraie volonté politique à faire de Tamazight ce qu’elle doit être. Tamazight appartient à tous les algériens, il appartient aux institutions algériennes de la promouvoir dans toute sa diversité et non pas de contribuer à la disparition de certaines composantes de notre si riche langue.
– Un dernier mot ?
Je reste confiante quant à l’avenir de Tamazight dans notre pays, les choses ont beaucoup évolué dans les Aurès notamment, ce peuple finira par se réconcilier avec lui-même et ce, malgré toutes les tentatives de le couper de ses racines.
Interview de : Jugurtha Hanachi