Archéologie&ArchitectureMoyen âge

Villes disparues de l’Aurès (VIII-XII siècle)

Introduction

L’Aurès fut le principal obstacle sur la route des armées arabes dans leur conquête de l’Afrique du Nord, qu’ils n’ont pu conquérir dans sa totalité qu’après la défaite et la mort de Dihya (Kahina), reine des Berbères de l’Aurès, devenue depuis une des williya de l’empire umyyade, et l’Aurès une des provinces de l’Ifrikiya jusqu’au XVème siècle.

Si la région de l’Aurès est riche en sites et monuments antiques, qui comptent parmi les plus importants d’Afrique du Nord (le Medghacen, Theveste, Thamugadi, Lambaesis, Diana Veteranurum), les monuments ou sites qui nous rappellent une présence musulmane vieille de treize siècles sont inexistants. On ne voit nulle part des vestiges clairement identifiables des villes et des citadelles de la région mentionnées dans les sources arabes de l’époque, comme si elles se sont évaporées de la surface de la terre. Ceci nous conduit à chercher à comprendre la ou les raisons de cet état de fait, et au-delà, à essayer de comprendre la nature de la présence arabo-musulmane, son impact sur la région et sur sa population durant la période allant de la conquête au VIIIème siècle, jusqu’à l’invasion des Banu Hillal au XIème siècle.

1. Le Massif de l’Aurès

Par Aurès, on entend le massif montagneux de l’Est algérien, formé de trois blocs, dont le plus important est le bloc central qui s’étend au Nord de Khanchela à l’Est jusqu’à Batna à l’Ouest, et au Sud de Khanguet Sidi Naji à l’Est jusqu’à Biskra à l’Ouest, formant un quadrilatère dont le périmètre est de 480 km[1]. A l’Est de ce bloc s’étend le massif montagneux appelé Aurès Némemcha, qui n’est séparé du premier que par la dépression de Ighzer ameqran (oued al-Arab). À l’Ouest se situe un massif moins dense, appelé Aurès Belezma, séparé du bloc central par la plaine de Batna et de Ain Touta.

Le massif de l’Aurès est le prolongement de la chaine montagneuse du Grand Atlas, et le point de rencontre de l’Atlas saharien (Algérie) et du massif du Dahra (Tunisie), d’où culmine le plus haut sommet du nord de l’Algérie (Ikhf n Kalthoum au Djebel Chelia 2 328m).[2] Socialement et culturellement, l’Aurès déborde largement au-delà de cet espace montagneux pour englober les plaines du piémont nord du massif, la dépression du Hodna à l’Ouest, et en Tunisie à l’Est, formant ainsi ce qu’on peut appeler l’espace aurassien[3], peuplé depuis la haute antiquité par les Berbères Chaouias, dont la langue et la culture ont survécu jusqu’à nos jours.

2. Aperçu historique

La conquête de l’Afrique du Nord fut achevée en 72/692 sous Hassan Ibn N’uman[4], et eut le statut de williya (gouvernorat) sous le règne du calife umyyade al-Walid, qui nomma Mussa Ibn Nuçayr gouverneur de l’Ifrikiya.[5] Cette période fut marquée par la multiplication des révolutions à caractère tribale et sectaire, dont les plus graves furent l’œuvre des kharijites.[6] En 139/756, A’ssim Ibn Djamil, chef de la tribu çofrite des Ouarfadjuma, réussit à occuper Kairouan. Trois ans après, il fut chassé par l’ibadite Abu al-Khatab qui nomma Abderhmane Ibn Rostum gouverneur de Kairouan. Cependant la domination des Ibadites sur l’Ifrikiya ne dura pas longtemps, battu par le général Ibn al-Ash’ath envoyé par le calife al- Mansur, Abderhmane Ibn Rostum dut fuir Kairouan en 144/764 vers le Maghreb central où il fonda un état ibadite à Tahert.[7]

Ces événements ont eu des répercussions sur la stratégie militaire des gouverneurs de l’Ifrikiya et sur le système défensif mis en place par les Romains et les Byzantins, formés par les places fortes des limes qui cernaient l’Aurès au Nord, au Sud et à l’Ouest[8]. Désormais le danger ne vient plus des tribus de l’Aurès dorénavant appelé le Zab, mais du Maghreb central aux mains des Kharijites et des tribus Zénètes en perpétuelle rébellion. On voit ainsi les villes sur la lisière ouest du massif de l’Aurès (Ksar Belezma, Nikaws et Tobna) prendre une importance considérable dans le système défensif de l’Ifrikiya, au détriment des places fortes du piémont nord du massif (Theveste, Thamughadi, Lambaesis, Diana Veteranurum), disparues depuis, à l’exception de la ville de Baghai qui a préservé sa place stratégique, lui permettant de contrôler la dépression de Ighzer ameqran, seul passage du Sud vers les plaines du constantinois. Au piémont Sud de l’Aurès, les villes de Tahouda (Thabudeos) et Badis (Ad-Badias) restèrent des étapes importantes sur la route de Tobna à Kairouan qui passait au Sud du massif.

Sous le règne des Aghlabides (800-909), la région de l’Aurès ou Zab, demeurait une des provinces de l’Ifrikiya et retrouva sa prospérité de jadis, en premier lieux la ville de Tobna, devenue la principale ville du Zab, et la clef de voûte dans le système défensif des frontières ouest de l’Emirat qu’elle formait avec Nikaws (Nicivibus) et Ksar Belezama. Au nord de l’Aurès, la ville de Baghai devint la principale place forte, verrouillant le passage de Ighzer ameqran et barrait la route de Kairouan aux envahisseurs venant du constantinois. Ces villes et citadelles qui jalonnaient les itinéraires au nord et au sud de l’Aurès, prospéraient grâce à leurs positions stratégiques, et à leurs agricultures et commerces.

A partir de 289/902, Abu Abd Allah al-Sha’i, le dâ’i Fatimide entreprit une campagne militaire victorieuse, couronnée par la prise de Kairouan au mois de rajab 296/ 25 mars 909, mettant fin à la dynastie aghlabide[9]. Sous le règne des Fatimides, certaines de ces villes ont perdu de leur importance militaire et de leur prospérité économique, notamment Tobna. En effet, les Fatimides avaient repoussé leurs frontières plus loin vers l’Ouest on fondant la ville de Mohamadia (al-Masila) en 315/927[10], suivie quelque temps après par la fondation de la ville d’Ashir par leur allié Ziri Ibn Menad en 324/935[11], pour contenir l’influence grandissante des Umyyades de Cordoue au Maghreb central et le danger qu’ils font peser sur l’existence même de leur califat.[12]

A leur départ vers l’Egypte en 3621913, les Fatimides confièrent la gouvernance du Maghreb à leur allié Bulughin ibn Ziri, et reçut du calife fatimide al-Mu’izz li-din Allah les titres d’Abu al-Futuh, et Seif ad-Dawla «le père des victoires» et le «glaive de l’empire»[13]. Bulughin Ibn Ziri meurt en 373/984, et s’ensuit une période de défaite pour les Zirides dans l’Ouest du Maghreb. Les tribus Zénètes regagnent leurs territoires et leur souveraineté dans le Maghreb central et occidental grâce à Ziri Ibn Attia de la tribu des Maghraoua, et toutes les villes jusqu’à Tanger redeviennent zénètes, y compris Alger, seules Tahert et Ashir restent zirides.

Badis, l’émir ziride, confia à son oncle Hammad ibn Bulughin la mission de combattre les Zénètes, et lui permit de bâtir la ville de la Q’ala des Banu Hammad en 398/ 1007. Quelques années après, la guerre éclata entre les deux hommes, et Badis vint assiéger Hammad à la Q’ala (406/1016) où il mourra durant le siège. L’année suivante, al-Mu’izz Ibn Badis et son grand-oncle Hammad, signèrent un traité de paix, par lequel al-Mu’izz, nomma al-Kaid ibn Hammad gouverneur de al-Masila, Makkara, Tobna et Belezma au sud, Souk Hamza et Dakkama à l’est, Marsa al-Dajaj et le pays Zouaoua au Nord[14]. Par ce traité, les Zirides reconnaissaient de facto la souveraineté de leurs cousins les Hammadites sur le Maghreb central qui leur été impossible de contrôler.

L’émir ziride al-Mu’iz, en rompant avec les Fatimides[15], ne se doutait pas des graves conséquences de son geste. En effet, voulant le châtier, les Fatimides incitèrent les tribus arabes des Banu Hillal à envahir le Maghreb. Ces derniers, dans leur marche sur l’Ifrikiya, feront subir à al-Mu’iz une défaite mémorable en 443/1052 à Haydaran, l’obligeant à fuir Kairouan et se réfugier à Mahdiya. Livrée aux arabes, l’Ifrikiya fut dévastée, ruinée et partagée entre les différentes tribus arabes[16].

L’émir hammadite, al-Nacir, voulant profiter de la débâcle des Zirides, étendit son autorité sur le territoire ziride jusqu’à Baghai, et projeta d’annexer l’Ifrikiya, mais il fut battu sévèrement à son tour par les Banu Hillal en 467/ 1065 à Sabiba[17]. Dès lors, les Hammadites affaiblis ne pouvaient contenir l’infiltration des tribus arabes dans leur propre territoire. Al-Nacir entreprit alors la fondation de Bejaia, une ville sur la côte à l’abri des tribus arabes[18] pour s’y réfugier le cas échéant.

Les tribus arabes investirent le domaine hammadite, et poussèrent leur conquête jusqu’aux parages de la Q’ala la capitale hammadite, coupant les routes et empêchant toute communication avec la ville. Situation intenable qui poussa l’émir hammadite al-Mansur à transporter définitivement son gouvernement à Bejaia en 483/1090[19], abandonnant ainsi le Hodna et la région des Aurès qu’il ne peut plus défendre, et instaura une nouvelle ligne défensive plus au Nord, formée par les villes fortifiées de Satif, Mila, Constantine et Ksar al- Ifriki

Les tribus arabes des Banu Hillal, ne trouvant aucune force capable de leur résister, occupèrent les plaines du piémont Sud de la l’Aurès et le Hodna, et s’infiltrèrent à travers les dépressions de Ighzer ameqran à l’Est, et celle d’al-Kantara et l’oued Barika à l’Ouest, vers les plaines du piémont Nord du massif, coupant ainsi les cités de l’Aurès du Tell, assiégeant ses habitants derrière leurs remparts[20]. Isolées et livrées aux pillages des tribus arabes, les cités de l’Aurès déclinèrent rapidement, pour disparaitre à jamais à partir du XII siècle.

3. Villes musulmanes de l’Aurès dans les sources arabes

L’indigence des informations liées à la géographie urbaine de cette région est frappante dans les textes arabes relatifs au Maghreb. Elle l’est d’autant plus quand il s’agit du Maghreb central qui semble être le parent pauvre par rapport à l’Ifriqiya, le Maghreb extrême et l’Andalousie. De plus, la recherche archéologique, telle qu’elle a été pratiquée durant la période coloniale, n’a pas essayé, sauf rares exceptions, de mettre en lumière un continuum dans l’occupation du territoire. Tout était fait pour donner au chercheur, ou du moins au lecteur, l’idée d’une rupture définitive entre deux périodes d’une histoire occupant le même espace[21].

Les informations les plus complètes sur les cités la région de l’Aurès (ou le Zab) et leurs emplacements plus ou moins exacts, sont à chercher dans les récits des géographes arabes, en premier lieu chez Ibn Hawkal (mort en 977), al-Bakri (1014-1094) et al-Idrisi (1099 – 1165). En lisant leurs récits, les différentes cités et citadelles de l’Aurès qui jalonnaient les différentes routes de Kairouan au Maghreb central se dessinent (fig. 1).

Ibn Hawkal,[22] dans son récit sur les différents itinéraires transmaghrébins, mentionne trois routes qui reliaient Kairouan à Tobna, principales villes de l’Aurès. Les deux premières passent au nord du massif et la troisième au sud, suivant le tracé des limes romains.

Fig. 1. – Routes et villes musulmanes de l’Aurès (carte Y. Modéran)
Fig. 1. – Routes et villes musulmanes de l’Aurès (carte Y. Modéran)
  1. premier itinéraire : Majjana ou Majjana des meules, est la première ville sur cet itinéraire à l’extrême Est de l’Aurès, puis Meskyana à une étape à l’Ouest, de là vers Baghai, à partir de cette dernière, la route traverse les plaines nord de l’Aurès, pour aboutir à Ksar Belezma au Nord massif du même nom à l’Ouest, puis direction sud vers le Hodna et sa capitale Tobna, en passant par la ville de Nikawas (Nicivibus).
  2. second itinéraire : passe un peu plus au sud que le premier, part de Baghai vers Duffana à une étape à l’Ouest, puis à travers la plaine de Batna vers le Sud jusqu’à Dar M’iul, et de là, à travers la dépression de Djbel Mtlili, vers Tobna (Tubunae) à une étape à l’Ouest.
  3. troisième itinéraire : ce dernier contourne le massif de l’Aurès par le Sud pour relier le Maghreb central à l’Ifrikiya. En venant d’al-Masila à l’Ouest, la route se dirige vers Tobna, puis vers Biskra à travers la dépression de M’Doukal à deux étapes à l’Est, et de là, vers Tahouda (Thabudeos) à une étape, puis Badis (Ad-Badias) et se poursuit vers Tamadit pour rejoindre Kairouan en Ifrikiya.

Al-Bakri,[23] mentionne à son tour, le premier et le troisième itinéraires cités par Ibn Hawkal avec certaines variantes ; sur le premier itinéraire au Nord du massif, il mentionne la ville de Tebessa sur l’itinéraire de Maskyana à Baghai, et sur l’itinéraire de Baghai à Ksar Belezma, il cite la ville de Guessès, d’ailleurs il est le seul à le faire, et en fin sur l’itinéraire de Ksar Belezma et Nikaws, il cite la ville de Ksar Ellouz (fig. 1).

Al-Idrissi[24] (1099-1165) cite à son tour presque toutes les villes déjà mentionnées par les deux géographes, à quelques détails près ; il ne cite plus les villes de Guessès, Duffana, Ksar Ellouz et Tahouda. Par contre, il distingue la citadelle de Qal’at Bushr de Majjana, que certains auteurs confondent. Il se dégage des écrits d’al-Idrissi sur les cités de l’Ifrikiya et du Zab, une impression de malaise, de regret sur une prospérité révolue de ces cités dorénavant à la merci des Tribus hillaliennes.

Il ressort de la lecture du tracé de ces itinéraires et les villes qui les jalonnaient, que les arabes musulmans n’ont pas créé de nouvelles cités, mais se sont contentés d’occuper d’anciennes villes et places fortes sur les piémonts nord et sud de l’Aurès, suivant les limes romains qui cernaient l’Aurès au Nord au Sud et à l’Ouest. Ces cités répondaient en premier lieu à des considérations militaires, avec certaines modifications dues aux impératifs des nouvelles donnes militaires et stratégiques de l’Ifrikiya à partir du VIIIème siècle. Ceci explique la disparition des grandes cités fortifiés antiques sur le piémont nord de l’Aurès, et l’émergence d’une ligne de défense qui s’étend du nord au sud, constituée de Ksar Belezma au Nord du massif du même nom, de Nikaws un peu plus au Sud et sur la même ligne, complétée par la ville de Tobna, devenue la plus importante ville et place forte sur la frontière ouest de l’Ifrikiya.

De toutes ces cités, peu de vestiges nous sont parvenus. Certaines ont disparu sous les constructions des villes modernes (Nikaws, Biskra, Badis), on ignore l’emplacement exact d’autres (Majjana ou Qal’at Bushr, Duffana, Dar M’iul, Kasr Ellouz), et enfin les dernières sont encore ensevelies sous terre (Baghai, Guessès, Ksar Belezma, Tobna et Tahouda) attendant d’être tirées de l’oubli.

4. Les cités connues

Badis (Ad-Badias)

Il s’agit de l’antique Ad-Badias, qui contrôlait avec Thabudeos les débouchés sud des vallées traversant l’Aurès, notamment celui de Ighzer ameqran dans la plaine saharienne[25]. La ville était connue lors de la conquête arabe, al-Nuwayri racontait que Ukba Ibn Nafa’i, lors de son retour de sa campagne du Maghreb extrême, se dirigea vers Tahouda et Badis pour en faire la reconnaissance, et déterminer le nombre de troupes et d’approvisionnements nécessaire pour s’en emparer[26]. Cependant, il n’a pas pu atteindre Badis, car il fut cerné et tué près de Tahouda en 65/683. Par la suite, Badis ne sembla pas avoir joué un rôle stratégique important, mais conserva une certaine influence puisqu’elle était l’une des étapes sur la route de Tobna à Kairouan, qui contournait l’Aurès par le Sud. Sous les Fatimides, elle dépendait d’al-Masila, puis de Biskra sous les Hammadites. La ville continua à prospérer, et, si on croit al-Bakri, Badis était constitué de deux citadelles, et aux alentours de vastes plaines et des champs magnifiques, dont on fait deux récoltes d’orge par an.[27] Au milieu du XIème siècle, les Banu Hillal envahirent la région, assiégèrent la ville, ses habitants ne pouvant sortir sans la protection de l’un d’entre eux.[28] Cette situation lui fut fatale : elle déclina rapidement, pour n’être plus qu’un bourg au XIVème siècle[29] et disparaitre par la suite.

Au XIXème siècle, le site était occupé par un village bâti sur un tertre qui couvre le centre antique. On voyait encore des pans d’une muraille d’enceinte en pierre de taille avec des tours rondes, dont une très distincte, et ça et là, des débris de murs, des fûts de colonnes et des chapiteaux[30], vestiges disparus depuis sous les constructions de la ville actuelle.

Baghai

Baghai ou Baghaya, est admirablement située sur un mamelon au pied des montagnes des Amamra, au nord de Mascula. Elle surveillait le passage de Ighzer ameqran à travers le massif de l’Aurès qui constituait un des principaux passages entre le Sahara et le Tell[31].

Au moment de la conquête arabe, Baghai était une des places fortes sur la première ligne défensive byzantine du piémont nord de l’Aurès. Lors de sa marche vers l’Ouest, Ukba l’évita, et la Kahina s’appuya sur Baghai pour regrouper ses forces, marcher au-devant des armées de Hassan Ibn Nu’man, et lui infliger une sévère défaite sur les rives de la Meskyana ou oued Nini, non loin de Baghai. Elle conserva la ville, qui ne fut occupée qu’après 82 /701 par Hassan Ibn Nu’man.

Tout au long des VIIIème et IXème siècles, elle formait avec Tobna l’une des plus importantes places fortes du Zab qui protégeaient les routes vers Kairouan, et ne cédât que devant Abu Abdullah al-Sha’i. Elle devint dès lors une base stratégique dans sa marche sur Kairouan, qu’il prit au mois de rajab 296/le 25 mars 909. Sous le règne des Fatimides, Baghai leur fut disputée par Abu Yazid, qui a pu l’occuper brièvement en 945, avant d’y être chassé la même année. Au départ des Fatimides vers l’Orient, les Zirides et les Hammadites
occupèrent tour à tour la cité. En 407/1017, elle fut un des enjeux du conflit qui opposa les deux dynasties rivales, et la ville demeura sous l’autorité des Zirides.

Durant cette période, la ville connut une grande prospérité, attestée par les récits d’Ibn Hawkal qui écrivait que « Baghaya [était] une grande cité, entouré d’un ancien rempart de pierre, et un faubourg entouré également d’un rempart, où se tenaient les marchés »[32]. Un siècle après, al-Bakri décrit Baghai comme une grande ville, entourée de riches cultures.[33]

A partir de la seconde moitié du XIème siècle, suite à la débâcle des Zirides devant les Banu Hillal, la ville fut livrée à elle-même, assiégée par les tribus arabes, qui ravagèrent ses terres. Al-Idrissi fut témoin de son déclin, selon lui « Baghai est une grande ville entourée d’un rempart en pierre, elle a un faubourg entouré également d’un rempart où se tenait autrefois des souks qui se tiennent aujourd’hui dans la ville même, le faubourg étant inhabité par la suite des méfaits des arabes… H y avait, autour de la ville, des campagnes, des villages et des exploitations agricoles. Maintenant, de tout ceci il ne reste presque rien ».[34]

Ph. 1. – Photographie satellitaire de Baghai (cliché Google Earth)
Ph. 1. – Photographie satellitaire de Baghai (cliché Google Earth)

Baghai était en forme de trapèze assez peu régulier de 308 m de largeur sur 330 m de longueur[35]. Le site fut prospecté par Ch. Dhiel en 1883, ce qui lui permit de dessiner le plan de la cité (ph.l). Il décrit les contours de la ville ainsi : « l’enceinte de Baghai, assise sur un mamelon aplati qui domine la plaine, longeant soigneusement la crête de l’escarpement, de manière à assurer à la ville la protection du profond ravin qui la borde au nord-ouest »[36].

Des monuments de la ville, de ses portes, de ses remparts, on n’en voit plus rien, la cité étant entièrement sous terre. Les contours du site, les portes de la cité, et les structures de la citadelle au Nord-Ouest de la ville sont toutefois clairement identifiables sur les photographies satellitaires (ph.l).

Biskra (Vescera)

Située au sud de l’Aurès, sur la rive occidentale de l’oued du même nom, l’antique Vescera[37], contrôlait les gorges d’al-Kantra, seul passage vers les plaines de Batna et de Constantine depuis le Sahara. Lors de la conquête arabe, elle avait perdu de son importance, puisqu’elle ne fut pas signalée dans les textes arabes, contrairement aux lieux stratégiques du piémont Sud de l’Aurès que furent Tahouda et Badis. Elle prit de l’importance sous la dynastie des Aghlabides, et devint l’une des étapes majeures sur la route de Tobna à Kairouan qui passe au sud de l’Aurès. Al-Bakri la décrit comme une grande ville, protégée d’un rempart et d’un fossé, au centre d’une vaste forêt de palmiers[38].

La ville passa ensuite sous la domination fatimide, puis sous celle de leurs vassaux les Zirides. A partir de 403/1017, comme les autres villes du Zab, elle faisait partie du domaine hammadite, et obtint une certaine autonomie. Elle resta toutefois fidèle aux souverains de la Qal’a, et leur apporta son soutien pour contenir les assauts des Zénètes et des Banu Hillal jusqu’à la fin du XIème siècle. La ville n’avait pas trop souffert de l’invasion hillalienne : en effet, al-Idrisi nous décrit une cité prospère[39] qui profita du déclin de Tahouda et de Badis, pour devenir la plus importante ville du piémont sud de l’Aurès jusqu’à nos jours.

De l’antique Vescera, ou de la Biskra musulmane, peu de vestiges nous sont parvenus, à part quelques sarcophages, des épitaphes, des tessons de céramique, découverts de temps à autre lors de travaux dans la ville.

Guessès

Ville fortifiée, bâtie par les Byzantins à 30 km au nord de Timgad pour surveiller la trouée de Chemora, passage naturel des envahisseurs venant du Sud par les vallées de Ighzer Amellal (l’oued al-Abiod) et de Ighzer n Ah Abdi (l’oued Abdi), ainsi que par le défilé de Foum ksantina[40]. Certainement occupée au VIIIème siècle, bien que les historiographes n’en fassent jamais mention, seul al-Bakri parmi les géographes arabes la mentionne au XIème siècle sur la route de Baghai à Belezma. Il décrit brièvement la ville et son environnement : « Guessès est une vieille cité sur une rivière, à son Occident une haute montagne et de là vers le tombeau de Madghous »[41]. Les mentions de Guessès disparaissent totalement après cette date.

Elle se présente sous forme de trapèze (fig. 2), renforcée de 11 tours rondes, nettement identifiables sur les photographies aériennes, d’une enceinte large d’environ 2.20 m, constituée de deux murs construits de pierres de taille ou de gros moellons à peine dégrossis, entre lesquels des matériaux de toute sorte ont été jetés. A l’intérieur et adossée à l’enceinte du coté Nord-Est, une deuxième enceinte rectangulaire d’environ 100 m de long sur 60 m de large était érigée. Des pans de murs construits en pierre et en brique, qui remonte probablement au XIème siècle, période durant laquelle ce mode de construction était courant, en témoignent. Le sol du site est jonché de fragment architecturaux divers (ph. 2) : fût de colonnes, montants de portes, linteaux, inscriptions latine et chrétiennes, des meules et surtout des auges, ce qui a fait dire au Commandant Lambert, que la garnison de Guessès, devait se composer essentiellement de cavalerie[42]. De la présence musulmane sur le site, aucun vestige n’est visible, si ce n’est les pans des murs cités ci-dessus.

Ksar Belezma

Il s’agit d’une des villes sur la route de Kairouan à Tobna qui passait au nord de l’Aurès, bâtie par les Byzantins sur une plaine du versant Ouest du massif de Belezma. Elle contrôlait toutes les routes qui y aboutissaient et couvrait l’accès des passages ouverts vers le Nord[43]. Elle prit une importance considérable sous les Aghlabides, et devint une pièce maitresse du système défensif du Zab avec Tobna dont elle dépendait. Sa garnison composée des Banu Tamim prit une certaine autonomie et fut plus d’une fois tenté de constitué un fief indépendant[44]. Le djund de cette place ne cessa de jouer un rôle important, aussi bien militaire que politique, ce qui a conduit probablement l’émir aghlabide Ibrahim Ibn Ahmed à massacrer les principaux officiers de cette aristocratie récalcitrante[45]. Ce massacre, aux yeux d’Ibn Idhari, fut l’une des causes déterminante de la chute de la dynastie aghlabide[46].

Affaiblie par la disparition de ses chefs, la garnison de Belezma ne put contenir les assauts d’Abu Abd Allah al-Sha’i, qui réussit à enlever la citadelle, massacra sa garnison et détruisit ses murailles en 296/909. La cité conserva son rôle stratégique sous les Fatimides. Durant cette époque, le rempart de la ville fut reconstruit en pisé[47] sur ce qui restait du mur byzantin. Au départ des Fatimides, l’émir ziride al-Mu’izz céda la cité aux Hammadites pour faire face à la poussée des Zénètes au Maghreb central.

Pour la suite, on ne dispose plus d’informations sur la cité. Elle fut vraisemblablement abandonnée en même temps que la Qa’la des Banu Hammad sous la pression des Banu Hillal. Selon al-Idrisi qui visita la citadelle au XIIème siècle, la forteresse avait encore un bel aspect extérieur, mais l’intérieur n’était plus que décombres de pierres et de terre.[48]

La citadelle forme un rectangle de 125 par 112 mètres, flanqué de 8 tours[49] ensevelies sous terre, au centre la petite ville actuelle de Belezma (ph.3), entamée sur son pourtour par des constructions récentes. On n’en voit que quelques pans de murs qui émergent à peine du sol, en pierre de taille, et le sol est jonché de tessons de céramique antique et musulmane.

Ph. 3. – Photographie satellitaire de Ksar Belezma (cliché Google Earth)
Ph. 3. – Photographie satellitaire de Ksar Belezma (cliché Google Earth)

Nikaws (Nicivibus)

Situé sur la route de Belezma à Tobna, Nikaws était l’une des places fortes sur la frontière ouest de l’Ifrikiya. Elle fut signalée pour la première fois par al-Ya’kubi au IXème siècle, qui indiquait qu’elle abritait une garnison de Djund[50]. Elle était probablement fortifiée, bien qu’il n’en fasse pas mention. Au milieu du Xème siècle, Ibn Hawkal écrit que Nikaws était « une grande cité, de la plus haute antiquité, entourée d’un mur de pierre ».[51] Bien protégée et au centre d’une région prospère, Nikaws ne cessa de s’épanouir aux Xème et XIème siècles. Rattachée à al-Masila, elle resta ziride jusqu’en 403/1017, ou elle passa aux mains des Hammadites. Elle fut investie par l’émir ziride al-Mu’izz en 431/1040 et ses remparts rasés, relevés vingt ans plus tard sous les ordres du souverain hammadite al-Nacir vers 453/1062. La cité continua à dépendre de la Qal’a puis de Bejaia.

Lors de l’invasion du Hodna par le Banu Hillal, isolée et loin de la capitale hammadite, la ville déclina lentement. Léon l’Africain quand il la visita, nous décrit une petite ville agréable.[52] La ville de Nikaws a disparue : ses restes qui étaient encore sur place au XIXème siècle furent utilisés pour bâtir le village colonial, devenue depuis une ville qui ne cesse de s’étendre. De rares vestiges nous sont parvenus de la Nicivibus romaine, conservés au musée national des antiquités à Alger, mais aucun vestige de la Nikaws musulmane.

Tahouda (Thabudeos)

Thabudeos, avec Vescera et Ad-Badias, cernait le massif de l’Aurès au sud. Près de cet endroit le conquérant arabe Ukba Ibn Nafa’i trouva la mort en 63 / 683, lors de son retour de sa chevauchée au Maghreb extrême[53]. La cité fut occupée au début du VIIIème siècle et devint Tahouda, sous le règne des Aghlabides, et dépendait de Tobna, elle contrôlait avec

Badis la route de Tobna à Kairouan. La cité continua à prospérer sous les Aghlabides. Au XIème siècle, al-Bakri écrivait que « Tahouda est ancienne cité bâti en pierre, riche, à un faubourg, des marchés, des funduks, une mosquée cathédrale (Jam’i), et beaucoup d’autres mosquées, et entourée d’un fossé. Habitée d’Arabes Qurayshites ».[54]

Ph. 4. – Photographie satellitaire de Tahouda (cliché Google Earth)
Ph. 4. – Photographie satellitaire de Tahouda (cliché Google Earth)

Il semble que les Fatimides se désintéressèrent de la cité, qui dut vivre en autonomie et conserver en partie sa garnison arabe. Quant aux Zirides, ils contribuèrent à l’embellissement du sanctuaire de Sidi Ukba, même après le passage de la cité sous l’autorité des Banu Hammades[55]. Tahuda n’est plus signalée par la suite, et déclina plus rapidement que sa voisine Badis, dont le territoire est occupé par les tribus des Banu Hillal, comme le signale al- Idrisi au XIIème siècle en parlant de Badis.

Les structures de Tahuda, sont clairement identifiables sur les photographies aériennes (ph. 4). Le site se présente aujourd’hui sous la forme d’un immense tell, surmonté des constructions d’un ancien village abandonné, construit en toub, où on remarque une fréquente utilisation d’éléments architectoniques romains : fût de colonne, chapiteaux, cupule, pilastre, piédestal[56]. Au sud du tell on devine les structure d’un immense espace rectangulaire qu’est la forteresse byzantine dont les dimensions sont presque les même que celle de Timgad[57], et à l’intérieur des thermes romains fouillés par Touchard[58]. Sur le site et tout autour, le sol est jonché de fragments architectoniques et de tessons de poterie et céramique romaine et musulmane.

Tebessa (Théveste)

Cette importante ville antique n’est plus mentionnée dans les sources arabes durant les trois premiers siècle de l’islam. Il faut attendre le Xème siècle pour voir apparaitre le nom de Tebessa dans les sources arabes. Le premier à l’avoir signalé, fut al-Mukadisi qui se contente de dire qu’elle était riche en arbres fruitiers[59]. La ville a dû perdre son importance après la conquête arabe au profit de Baghai, et ne retrouva son influence que sous les Fatimides. En effet Ibn Khaldun signale qu’Abu Yazid l’occupa et détruisit une partie de ses remparts,[60] ce qui indique qu’elle abritait une garnison.

La cité a connu une certaine prospérité si on croit al-Bakri, qui décrit Tebessa comme « une grande ville, riche en arbres fruitiers, ancienne cité, bâtie en pierre et dont le rempart fut détruit en partie par Abu Yazid »[61]. L’auteur anonyme de l’Istibsar dans son récit sur la ville s’arrête longuement sur ses monuments antiques qui l’ont fasciné.[62]

De l’occupation musulmane, aucun monument ou vestige ne subsiste dans la ville, vraisemblablement elle n’était qu’une garnison et gite d’étape pour les voyageurs, ce qui explique en partie l’absence de monuments musulmans.

Tobna (Tubunae)

A 4 Km au Sud de l’actuelle Barika entre l’oued Bitam et l’oued Barika, sur un plateau qui domine les plaines environnantes, se dressait l’antique Tubunae, citée fortifiée qui commandait toute la région découverte qui s’ouvre au sud dans la direction de M’doukal et surveillait tout le Hodna oriental, jouant un rôle capital dans le système défensif de l’Afrique byzantine.[63]

La cité ne passa sous la domination arabe qu’au début du VIIIème siècle sous le gouvernement de Muça ibn Nuçayr, et commençait à prendre de l’importance sous le wali Ibn al-Ash’ath, qui réussit à libérer Kairouan de l’emprise des Kharidjites et à les chasser de l’Ifrikiya vers le Maghreb central en 146/ 764. Elle prit alors une telle valeur stratégique qu’en 150/ 768, Umar Ibn Hafs, dit Hazarmad, qui commandait Kairouan, « fonda » Tobna, c’est-à-dire qu’il la peupla de la tribu des Ouarfajuma dévoués à sa cause,[64] acquérant ainsi une place prépondérante dans le système défensif de l’Ifrikiya face au danger que représentait les tribus Zénètes et le royaume Ibadite de Tahart au Maghreb central.

La ville prospéra sous la dynastie des Aghlabides et devint la principale ville du Zab et la plus importante place forte sur la frontière ouest de l’Ifrikiya. Le géographe arabe al- Ya’kubi (mort en 291 /897) écrivait que Tobna était la plus grande ville du Zab et siège des walis.[65] Lors de l’insurrection des Kutama, la ville servit de base opérationnelle et de refuge aux armées aghlabides, et après un siège qui dura un an (905-906), tomba finalement dans les mains de Abd allah al-sha’i. Celui-ci eut l’habilité, après la reddition de la cité, d’accorder l’aman à tous les habitants[66].

Sous le règne des Fatimides, maitres de l’Ifrikiya, Tobna perdit de son importance. En effet, la dynastie fatimide vit son domaine occidental menacé par les Zénètes Maghrawa, alliés des Umyyades de Cordoue, et jugea plus sûr de déplacer la frontière du Zab à deux journées à l’Ouest de Tobna au niveau d’une nouvelle place forte : al-Muhammadiya (al-Massila) en 315/927. Tobna dépendit alors de cette métropole, et plus tard d’Ashir, place forte fondée par Ziri Ibn Bulughin en 936/324 aux confins ouest des Zirides.[67]

Après le départ des Fatimides vers Egypte, la ville fut disputée par les Zirides et leurs cousins Hammadites. En 403/1017 Hammad et al-Mu’izz conclurent une paix, et ce dernier attribua à al-Kaid, fils de Hammad, le gouvernement de la ville. Dès lors, elle appartient aux Hammadites et retrouva une certaine prospérité. Al-Bakri décrit Tobna comme une ville importante, un poste militaire surveillant le Hodna, entourée d’une muraille en brique, ayant des faubourgs populeux, entourées de jardins bien arrosés au moyen de l’eau de la rivière voisine, recueillie dans un vaste réservoir. Elle possédait aussi un château, à l’intérieur duquel se trouvait un immense réservoir qui recevait les eaux de la rivière de Tobna.[68]

Au milieu du XIème siècle, au lendemain de la défaite du sultan hammadite al-Nacir à Sabiba en 457 / 1065, le territoire hammadite, dont le Hodna et Tobna, faisaient face au déferlement des Riyahs, qui dévastèrent champs et jardins et ruinèrent les villes du Hodna, aux dires d’Ibn Khaldun[69]. La cité ne fut pas totalement abandonnée : Al-Idrisi écrivait au début du XIIème siècle que « Tobna est une jolie ville, pourvue d’eau, située au milieu de jardins, de plantations de coton, de champs ensemencés de blé et d’orge. Ses habitants qui sont un mélange de diverses peuplades, se livrent avec succès au négoce »[70]. La villa passa sous domination des al-Mohades en même temps que la Qal’a, vers 547/1152, et n’est plus mentionné après cette date. Isolée du Tell, son importance diminua au profit de Biskra et ne tarda pas à disparaitre.

Plusieurs chercheurs, se sont intéressé à Tobna, néanmoins les travaux les plus importants sont l’œuvre de R. Grange[71], qui à procéda à des fouilles en 1900-1901, sur certains secteurs de la ville, qui lui ont permis d’identifier les huit portes et le rempart de la ville et d’en dessiner le plan (fig. 03). La ville sans les faubourgs couvre une superficie de 48 hectares, et si on ajoute à ce chiffre la surface comprise entre les deux enceintes on obtient une surface de 88 hectares[72].

Fig. 3. – Plan de Tobna (R. Grange)
Fig. 3. – Plan de Tobna (R. Grange)

Au niveau de la citadelle byzantine (ph. 5), il a dégagé les tours et les portes et une partie de la mosquée, du fait qu’une bonne partie du monument est occupé par le cimetière musulman. A 180 m du rempart en dehors de la ville, il avait dégagé des thermes romains, et à 2 m du rempart est et à 100 m de l’angle qu’il forme avec le rempart nord, un hammam berbère daté du XIIIème siècle construit (ph. 6) en partie avec des matériaux romains.[73]

 

 

Ph. 5.- Tobna, vestiges de la forteresse byzantine (cliché Med. L. Oulmi)
Ph. 5.- Tobna, vestiges de la forteresse byzantine (cliché Med. L. Oulmi)
Ph. 6. – Tobna, le hammam berbère, (cliché R. Grange)
Ph. 6. – Tobna, le hammam berbère, (cliché R. Grange)

Actuellement la cité est totalement ensevelie sous plusieurs mètres de terre, et on ne voit plus les vestiges dégagés par R. Grange, à part la citerne romaine (ph.7) des fûts de colonnes, un sol partout jonché de tessons de poteries et de céramique, essentiellement musulmane (ph. 8), semblable à celle connu en Ifrikiya et le Maghreb central du IXème au XIIIème siècle.

La ville de Tobna fut du VIIIème au XIIIème siècle la plus importante ville du Zab, sinon de l’Est algérien, et joua un rôle crucial, aussi bien militaire, que commercial et culturel. Par sa position stratégique, elle fut la plus importante place forte qui contrôlait les routes militaires et commerciales reliant l’Ifrikiya au Maghreb central, et le Sahara au tell à travers la dépression du Hodna.

L’importance du site de Tobna, en plus de sa superficie considérable, réside dans le fait qu’elle est actuellement dans l’état où elle a été abandonnée au XIIIème siècle, c’est à dire presque intacte. Les fouilles faites sur le site n’ayant touché qu’une superficie infime de la ville, y entreprendre des fouilles futures serait une source inestimable d’informations sur l’histoire et l’art du Maghreb sur une période qui s’étale de l’antiquité au XIIIème siècle, pourvu que les fouilles soient menées suivant une méthodologie qui respecte scrupuleusement la stratigraphie du site.

5. Cités à identifier

Dar M’iul

Al-Mukdisi, situait cette cité à une journée à l’Est de Tobna, et la plaçait entre Ayn al- Asafir à l’Ouest et Tobna[74], dont elle dépendit au VIIIème et IXème siècles. En 294/907 sa garnison aghlabide se rendit sans résistance à Abu Abdallah al-Asha’i, mais une expédition aghlabide de représailles confiée à Harun al-Tobni à la tête de 12 000 hommes attaqua et détruisit la ville[75]. La cité déclina, mais au vu de sa position stratégique, elle conserva au Xème siècle sa fonction de gite d’étape et maintenait un poste douanier qui contrôlait toutes les marchandises transitant dans la vallée[76]. Signalée également au XIIème siècle par al-Idrisi, il écrivait de Dar M’iul «ancienne ville, jadis prospère, [elle] avait des champs aux récoltes abondantes, un fort qui surveillait les mouvements des arabes».[77]

Dar M’iul se situait à mi-chemin sur la route de Ayn Al-Assafir près de Timgad à Tobna, c’est-à-dire sur l’ancienne voie romaine de Lambese à Tobna, qui traversait la plaine entre Batna et Ayn Touta. Il existe sur cette route, au Sud-Est de Lambiridi, dans la plaine des Ksour, une source qui porte encore le nom de « Ayn M’iul » près d’un fort byzantin signalé par Ch. Dhiel,[78] qui pourrait être Dar M’iul, signalée dans les sources arabes.

Duffana

Le nom de Duffana fut cité la première fois par al-Mukkadisi[79], puis par Ibn Hawkal, qui la situait à une journée à l’Est de Baghai, et une journée à l’Ouest de Dar M’iul[80]. La cité disparait à partir du XIème siècle, elle n’est plus mentionnée dans les sources arabes. L’emplacement du site n’est pas identifié avec certitude. Il faut le chercher sur la route allant de Mascula à Timgad, où il existe plusieurs endroits qui porte ce toponyme, entre autres le village actuel de Duffana à 18 km à l’est de Timgad,[81] ainsi qu’une source ayant le même nom (A’in Duffana) à 10 km à l’Est de Timgad également, signalée par Paul.-Louis Cambuzat.[82]

Ksar Ellouz

Sur la route de Kairouan à Tobna, al-Bakri signale la ville de Ksar Ellouz, une ville entre Ksar Belezma et Nikaws, sans donner de détails[83]. Or il est le seul à l’avoir signalée.

De Slane notait que, sur la carte de Carette, le Ksar Ellouz (Château de l’amandier) est placé à deux lieues au Sud-Ouest de Batna, c’est-à-dire sur l’emplacement de Lambiridi. Sur la table

de Peutinger, Lambiridi est marquée sur une route de Lambèse à Lamasba et donc Belezma, St. Gsell, signale également une voie secondaire de Lambiridi à Nicivibus.[84] Lambiridi était une citadelle qui surveillait le passage qui débouchait du col d’al-Kantara[85]. Ses ruines s’étendent en plaine des deux côtés de l’oued Ech-Cha’ba, sur une superficie de 21h, dont un fortin de basse époque auquel se rattache une grande enceinte.[86]

Majjana et Qal’at Bushr

Appelée tantôt Majjana-t-al matahin, (Majjana des meules), tantôt Majjan-t-al-ma’din (Majjana des mines),[87] Majjana fut un important carrefour de routes qui reliaient Kairouan au Maghreb central. En effet, de Majjana on pouvait rejoindre Kairouan à 4 étapes à l’Est, Meskyana à plus d’une journée à l’Ouest, Tidjis à cinq jours à l’Ouest, et à un jour de Tebessa et de Marmadjana. La route de Baghai se séparait du tronçon Majjana-Tidjis avant d’arriver à l’oued Mellègue.

Des renseignements fournis par les géographes arabes, retenons que Majjana était située dans une région minière, accidentée, et arrosée par une rivière au cours abondant, aux rives cultivées, sur le versant d’une montagne élevée[88].

Plusieurs hypothèses ont été émises, mais toutes la situent au nord de Tebessa. G. Marçais et E. Levi-provençal retenaient deux identifications possibles : à Hanchir Djilaout[89], ou à Hanchir al-Hadid[90]. P.-L. Cambuzat opte pour le second emplacement sur le versant oriental du Djbel Bou Djabeur, et qui correspond aux renseignements fournis par les sources arabes[91]. P. Guichart et A. Djerrab croient avoir identifié au Djebel Dyr la carrière d’où furent extraites les pierres pour fabriquer les meules de Majjana réputées dans tout le Maghreb pour leur qualité[92].

Revenant à Qal’at Bushr, si al-Nuwayri rapporte que Majjana est Qal’at Bushr et qu’elle doit son nom au conquérant Bushr Ibn abi Arta qui s’en empara sur l’ordre de Muça Ibn Nuçayr, à son retour du Maghrib,[93] des auteurs plus anciens, dont Ibn Abi al-Hakam, al- Bakri et al-Idrissi, distinguent les deux toponymes, et précisent que Qal’at Bushr, est une citadelle bâtie en pierre, protégeant Majjana.[94]

Au VIIIème siècle, étant donné l’importance stratégique de la citadelle, une garnison arabe s’y installa. Quant à Majjana, son extension coïncida avec la remise en exploitation et le développement des mines environnantes[95]. La cité ne cessa de prospérer à l’abri de sa forteresse jusqu’à la fin de la dynastie aghlabide.

Ce fut seulement au début du Xème siècle que la cité eut à souffrir des assauts du Da’i Sh’ite qui prit la place en 295/908[96]. La cité et sa forteresse eurent encore à subir les assauts d’Abu Yazid, qui démolit ses fortifications. Elle retrouva vite sa richesse puisque quelques années plus tard, Ibn Hawkal signalait une ville prospère. Au XIIème siècle, al-Idrisi parlait de l’épanouissement des deux cités au passé et ajouta qu’elles sont à l’époque aux mains des Arabes.[97] Elles ne sont plus signalées à partir du XIIème siècle et on ignore dans quelles circonstances elles ont fini.

Quoi qu’il en soit, l’emplacement de ces deux sites, qui sont étroitement liés, restent à identifier. Il serait judicieux de reprendre la prospection au nord de Tebessa, à partir des lieux cités ci-dessus.

Meskyana

Elle se situait sur la route de Baghai à Kairouan : les voyageurs y faisaient halte, et de là, ils passaient par Tebessa l’hiver pour éviter l’oued Chabro (affluent de l’oued Mellegue), et en été, ils passaient par Majjana.[98]

L’identification de cette cité n’offre pas de difficulté car elle a conservé son ancien nom, sur la rive droite de l’oued Meskyana comme le rapportaient les géographes arabes, qui précisaient qu’il s’agissait d’un bourg entouré d’un ancien rempart[99]. Occupée vraisemblablement au début du VIIIème siècle, Meskyana devint rapidement une étape nécessaire pour les voyageurs se rendant au Zab. Us y trouvaient gite et provisions dans une cité sûre, protégée par son rempart antique. Au Xème siècle, quand Ibn hawkal la visita, elle avait conservé sa prospérité agricole. Aux temps d’al-Bakri et al-Idrisi, elle était encore un gite d’étape, mais ils ne mentionnent pas son rempart.

Le site de Meskyana n’a pas été fouillé, mais simplement exploré à l’époque coloniale, et plusieurs vestiges apparemment romains et byzantins ont été signalés[100]. Certains ont disparus depuis, dont le rempart qui existait encore à l’époque.

Conclusion

Le destin de l’Aurès du VIIIème au XIIème siècle était étroitement lié à celui de l’Ifrikiya. Ses villes étaient à la fois des places fortes avancées pour défendre les frontières ouest de l’Ifrikiya, et des étapes importantes sur les routes commerciales qui reliaient Kairouan au Maghreb central et extrême. Elles ont continué à prospérer profitant de leur situation stratégique, en dépit des incessantes guerres de dynasties qu’a connu l’Ifrikiya, jusqu’au milieu du XIème siècle suite à la poussé des tribus des Banu Hillal. Assiégées et isolées, livrées à elles-mêmes, elles déclinèrent lentement et finirent par disparaitre à jamais.

D’autre part, il faut signaler l’action néfaste de l’homme, qui a contribué à la destruction des vestiges de ces cités, et en premier lieu ceux de la période musulmane. En effet, prospections et fouilles archéologiques conduites à l’époque coloniale étaient conditionnées par l’idéologie coloniale, dans le but de mettre à jour les traces de la présence romaine et byzantine, d’où la négligence des traces d’autres cultures, et d’autres périodes historiques. Pire encore, il y eut une destruction systématique des couches supérieures de ces sites pour accéder aux couches inférieures, ainsi de précieux documents archéologiques ont été perdus à jamais, qui auraient pu nous fournir de précieux témoignages sur l’occupation de ces sites durant le Moyen-âge musulman et jeter la lumière sur cette période sombre de l’histoire de cette région, et sur la présence musulmane et l’apport de la civilisation musulmane à cette région.

S’il est indéniable que l’invasion des tribus de Banu Hillal a causé le déclin et la ruine de ces villes, ceci n’explique pas la disparition de ces villes sans laisser leurs empreintes, ni sur le paysage de la région, ni sur ses habitants, qui sont resté imperméables à toute influence arabo-musulmane. En effet, ces villes n’ont pas joué leur rôle de centre de diffusion de la culture arabo-musulmane. L’Islam est une religion de citadins, et en Afrique du Nord comme ailleurs, l’islam et la civilisation musulmane se sont enracinés dans les villes : villes nouvelles comme Kairouan ou Fès, ou anciennes villes où l’on s’est empressé de construire une mosquée, et s’inscrire ainsi dans le paysage du pays.

Il est important de reprendre la prospection archéologique sur de nouvelles bases, qui prennent en considération toutes les traces de l’activité humaine, de quelque nature qu’elle soit, dans le but d’identifier cités et forteresses mentionnées dans les sources arabes. Il serait tout aussi judicieux d’entreprendre des fouilles sur un des sites où la présence musulmane est avérée. Mettre ces sites à jour pourrait être une source inépuisable d’informations non seulement sur la région, mais sur le Maghreb durant cette époque, qui reste encore très mal connue.

Mohamed Lakhdar Oulmi
Université 8 Mai 1945 – Guelma – Algérie
Département d’Histoire et d’Archéologie

Bibliographie : 

Sources arabes : 

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Notes : 

[1]P. Morisot, 1990, p. 1113.
[2] J. L. B allais, 1985, p. 106.
[3] A. Zouzou, 1986, p. 18.
[4] Sur cette période de l’histoire du Maghreb voir : Ibn Abd al-Hakam, Futuh Ifrikiya wa-al-Andalus.
[5] al-Nuwayri, Nihayt al-adeb fi founoun al-adeb, vol. 24, p. 343.
[6] A. Fillali, 1991, pp. 67-82.
[7] Ibn Idhari, Al-Bayan al-Mughrib fi akhbar al-Andalus wa al-Mughrib, vol. I, pp. 70-71.
[8] Ch. Diehl, 1896, pp. 167-172, 226-291.
[9] Ibn al-Athir, Al-Kamilfi al-Tarikh, vol.VI, pp.451-459.
[10] Ibn al-Athir, Al-Kamilfi al-Tarikh, vol. VII, p. 36.
[11] L. Golvin, 1966, p.54.
[12] En 316/ 929 Abd al-Rahman III, émir de l’Andalousie, prit le titre de Calife, occupa Ceuta et Melila et s’allia avec les tribus zénètes des Maghraoua et Bani Yaffen pour faire face à l’expansion des Fatimides au Maghreb extrême, cf Ibn Khaldun, Kitab al-Ibar wa diwan al-mubtada w-al-khabar fi ayyam al-Arab w-al-Barbar, vol. IV, pp. 167-168.
[13] Ibn Khaldun, Kitab al-Ibar wa diwan al-mubtada w-al-khabar fi ayyam al-Arab w-al-Barbar, vol. VI, p. 206.
[14] Ibn Khaldun, Kitab al-Ibar wa diwan al-mubtada w-al-khabar fi ayyam al-Arab w-al-Barbar, vol. VI, p. 210.
[15] Sur les circonstances et la date de cette rupture politique et idéologique, cf. H. R. Idris, 1962, pp. 172-202.
[16] Ibn Khaldun, op.cit., vol. VI, pp. 20-21.
[17] al-Nuwayri, op.cit., vol, 24, p. 121-122.
[18] al-Nuwayri, op.cit., p. 124.
[19] Ibn Khaldun, op.cit., vol. VI, p. 232.
[20] al-Idrisi, Kitab nouzhat al-mushtakfi ikhtirak al-Afak, p. 263.
[21] A. Khelifa, 2006, p. 207.
[22] Ibn Hawkal, Kitab al-Massalik wa al-Mamalik.
[23] al-Bakri, Kitab al-Maslik wa al-Mamalik.
[24] al-Idrisi, Kitab nouzhat al-mushtakfi ikhtirak al-Afak,
[25] J. Barades, 1949, p. 281.
[26] al-Nuwayri, Nihayt al-adeb fi founoun al-adeb, vol. 24, p. 15.
[27] al-Bakri, Kitab al-Maslik wa al-Mamalik, p. 74.
[28] al-Idrisi, Kitab nouzhat al-mushtakfi ikhtirak al-Afak, p. 264.
[29] Ibn Khaldun, Kitab al-Ibar wa diwan al-mubtada w-al-khabarfi ayyam al-Arab w-al-Barbar, vol. IV, p. 85.
[30] St. Gsell, 1911, f° 49, n°51.
[31]St. Gsell, 1911, P 28, n° 66. Ibn Hawkal, Kitab al-Massalik wa al-Mamalik, p. 84. al-Bakri, Kitab al-Maslik wa al-Mamalik, p. 50. al-Idrisi, Kitab nouzhat al-mushtakfi ikhtirak al-Afak, p. 276. St. Gsell, 1901, t. II, p. 357. Ch. Dhiel, 1896, p. 217.
[37] St. Gsell, 1911, f° 48, n°9.
[38] al-Bakri, Kitab al-Maslik wa al-Mamalik, p. 52.
[39] al-Idrisi, Kitab nouzhat al-mushtakfi ikhtirak al-Afak, p. 264.
[40] S. Gsell, 1901, t. II, p. 359.
[41] al-Bakri, Kitab al-Maslik wa al-Mamalik, p. 50.
[42] Commandant Lambert, 1922-1923, pp. 243-251.
[43] Ch. Dhiel, 1896, p. 252.
[44] « Belezma est peuplée de Banu Tamim et de clients de cette tribu, pour l’instant hostile au prince aghlabide », cf. al-Ya’kubi, Kitab al-Buldan, p. 130.
[45] Med. Talbi, 1968, p. 291.
[46] Ibn Idhari, Al-Bayan al-Mughrib fi akhbar al-Andalus wa al-Mughrib, p. 123.
[47] Ibn Hawkal, Kitab al-Massalik wa al-Mamalik, p. 93.
[48] al-Idrisi, Kitab nouzhat al-mushtakfi ikhtirak al-Afak, p. 270.
[49] St. GseU,1911,f°27n°89.
[50] al-Ya’kubi, Kitab al-Buldan, p. 130.
[51] Ibn Hawkal, Kitab al-Massalik wa al-Mamalik, p. 92.
[52] Jean Léon l’Africain, Description de l’Afrique, tierce partie du monde, vol. III, p. 91.
[53] al-Nuwayri, Nihayt al-adeb fi founoun al-adeb, vol. 24, pp. 16-17.
[54] al-Bakri, Kitab al-Maslik wa al-Mamalik, pp. 72-73.
[55] G. Marçais, 1957,1.1, p. 159.
[56] Y-R. Hadji, 2006, p. 329.
[57] Y-R. Hadji, 2006, p. 330.
[58] Capitaine J-L, Touchard, 1901, p. 154.
[59] al-Mukkadisi, Ahsan al-takasimfi ma’rifat al-akalim, p .227.
[60] Ibn Khaldun, Kitab al-Ibar wa diwan al-mubtada w-al-khabar fi ayyam al-Arab w-al-Barbar, vol. III, p. 203.
[61] al-Bakri, Kitab al-Maslik wa al-Mamalik, p. 145.
[62] Auteur anonyme, Kitab-al-Istibsarfi adjjai’b al-amsar, pp. 161-163.
[63] Ch. Diehl, 1896, p. 250.
[64] Ibn Idhari, Al-Bayan al-Mughrib fi akhbar al-Andalus wa al-Mughrib, p. 89.
[65] al-Ya’kubi, Kitab al-Buldan, p. 120.
[66] Pour le récit du siège, cf. Med. Talbi, 1968, pp. 659-661.
[67] L. Golvin, 1966, p.54.
[68] al-Bakri, Kitab al-Maslik wa al-Mamalik, p. 50.
[69] Ibn khaldun, Kitab al-Ibar wa diwan al-mubtada w-al-khabar fi ayyam al-Arab w-al-Barbar, vol. VI, pp. 217- 220.
[70] al-Idrisi, Kitab nouzhat al-mushtakfi ikhtirak al-Afak, p. 263.
[71] R. Grange, 1901, pp. 9-96.
[72] R. Grange, 1901, p. 47.
[73] R. Grange, 1901, p. 84.
[74] al-Mukkadisi, Ahsan al-takasimfi ma’rifat al-akalim, p. 7.
[75] Med. Talbi, 1968, p. 663.
[76] Ibn Hawkal, Kitab al-Massalik wa al-Mamalik, p. 85.
[77] al-Idrisi, Kitab nouzhat al-mushtakfi ikhtirak al-Afak, p. 263.
[78] St. Gsell, 1911, f° 27, n° 113 à 117.
[79] al-Mukkadisi, Ahsan al-takasimfi ma’rifat al-akalim, p. 317.
[80] Ibn-Hawkal, Kitab al-Massalik wa al-Mamalik, p. 85.
[81] henchir Touffana, ruines d’un hameau sur les pentes d’une colline de l’oued Bou Ateb, cf. St. Gsell, 1911, f5 27, n° 370.
[82] P.-L. Cambuzat, 1986, p. 94.
[83] al-Bakri, Kitab al-Maslik wa al-Mamalik, p. 60.
[84] St. Gsell, 1911, f° 27, n° 169.
[85] Ch. Dhiel, 1896, p. 250.
[86] St. Gsell, 1911, P 27, n° 120.
[87] al-Bakri, Kitab al-Maslik wa al-Mamalik, pp. 49 et 145.
[88] al-Ya’kubi, Kitab al-Buldan, p. 138.
[89] St. Gsel, 1911, P 29, n°64.
[90] Ruines d’un gros bourg : 27 ha 10 ares, la ruine a servi de carrière pour la construction du bordj. Le nom de Henchir al-Hadid (la ruine du fer) rappelle les gisements du Djebel Bou Djabeur, où l’on a constaté des traces d’exploitations antiques (galeries et puits), cf. St. Gsell, 1911, P 29, n° 30.
[91] J.-P. Cambuzat, 1986, p. 139.
[92] A. Djerrab & P. Guichard, 2006, pp. 255-264.
[93] al-Nuwayri, Nihayt al-adeb fi founoun al-adeb, vol. 24, p. 21.
[94] al-Bakri, Kitab al-Maslik wa al-Mamalik, p. 145, al-Idrisi, Kitab nouzhat al-mushtak fi ikhtirak al-Afak, p. 270.
[95] G. Marçais et E . Levi-Provençal, 1937, t. III, pp. 6-18.
[96] Ibn Idhari, Al-Bayan al-Mughrib fi akhbar al-Andalus wa al-Mughrib, p. 86.
[97] al-Idrisi, Kitab nouzhat al-mushtakfi ikhtirak al-Afak, pp. 270, 293
[98] al-Bakri, Kitab al-Maslik wa al-Mamalik, p. 145.
[99] Ibn Hawkal, Kitab al-Massalik wa al-Mamalik, p. 84.
[100] St. Gsell, 1911, P 28, n° 190.

Bassem ABDI

Passionné d'histoire, j'ai lancé en 2013 Asadlis Amazigh, une bibliothèque numérique dédiée à l'histoire et à la culture amazighe ( www.asadlis-amazigh.com). En 2015, j'ai co-fondé le portail culturel Chaoui, Inumiden.

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