Sebti Mallem « Le chaoui , c’est imedghassen et Baloul et non pas du folklore ! »
Sebti Mallem est écrivain et ancien journaliste, il est l’un des figures du militantisme culturels dans le pays chaoui.
Fondateur du journal francophone Aurès News en 1991, et la revue Wiam en arabe, il a travaillé également pour plusieurs journaux comme : Révolution Africaine, Le Temps, La République etc. Soucieux d’aider les jeunes chanteurs chaouis, il a fondé une maison d’édition pendant les années 1990 et a écrit de nombreuses chansons en thachawit.
Le premier livre de Sebti Mallem «Traits et portrais» est paru en France en 1984. Dans son second livre « Isabelle Eberhardt : L’énigme persistante » (en arabe) paru en 2012, il a retracé le destin exceptionnel de cette intrigante aventurière, de son enfance en Suisse jusqu’à ses pérégrinations algériennes. Le troisième livre de Sebti Mallem est un recueil de poème intitulé « Algérie je t’aime ».
Profitant de son expérience journalistique, nous lui avons posé une question sur l’image peu reluisante du pays chaoui dans la presse : « tout ce qui se passe chez nous est vu sous l’angle du fait-divers et du folklore ; il y a une volonté de faire du chaoui le prisonnier de cette image réductrice » nous répond-il.
Pour Sebti Mallem le problème est également l’absence de journalistes chaoui compétents « dans l’ancienne daïra d’Arris par exemple il n y a pas un seul journaliste professionnel, et c’est le cas dans les autres régions, devant une telle carence de compétence , le vide est rempli par des correspondants qui préfèrent parler de celui qui a frappé sa mère pendant le jour de l’Aïd , ou l’autre qui a volé la pension de son père plutôt que de rendre compte de la production intellectuelle et culturelle dans l’Aurès , ou du patrimoine architectural en péril comme Imadghassen ou Taqliɛet de Baloul » .
A la question de l’état de l’enseignement de Tamazight dans l’Aurès après l’officialisation de cette dernière et l’ouverture d’un département à l’université de Batna, Sebti Mallem dresse un tableau plutôt noir : « l’enseignement de Tamazight c’est du bricolage qui dure, on envoie à Batna des directeurs de l’éducation qui ne connaissent rien à l’Aurès, comment voulez-vous qu’ils promeuvent tamazight ? » Pour ce qui est du département de Tamazight « il dépend encore du département de Lettres Arabes, toutes les conditions pédagogiques sont-elles réunies pour son bon fonctionnement ? J’en doute fort » conclue-t-il.
Sebti Mallem prépare deux livres, le premier intitulé « A Wiam » (en arabe) qui paraitra dans 2 ou 3 mois, le deuxième est dédiée au roi « Jugurtha », Sebti Mallem espère le présenter à ses lecteurs avant la fin de l’année 2017.
Jugurtha Hanachi