Ruines de Tibaalayine dans d’Ighzar Amoqran
Parmi les vestiges archéologiques qui se trouvent dans l’Aurès et qui sont aujourd’hui méconnus à cause de leur emplacement relativement loin des axes routiers, enclavés dans la montagne ou tout simplement parce que la presse n’en parle jamais : il y a les ruines de la vallée de Tibaalayine commune de Kheïrane au sud de Khenchela .
Emile Masqueray a décrit ces ruines pour la première fois en 1878 , il distingua deux mausolées , “Ahenchir n ikhataben” et “Ahenchir n Tibaâliyne” (Tibaalayine ) (Revue africaine, XXII, 1878, p. 39-40). Quant à Stéphane Gsell, il les cite dans son atlas archéologique :
Le premier mausolée, bien conservé, appelé par les indigènes Souma-n-ikhetteben. Il mesure 2m, 56 de côté et 6 mètres de hauteur. Il est divisé, dit M. Lambin, en deux parties : une partie inférieure, formant tombeau ; une partie supérieure, formant chapelle, à laquelle on accédait par un escalier de la largeur du tombeau. L’escalier a été détruit, le dallage [d’en haut] également ; tombeau et partie supérieure formant chapelle sont confondus, mais on voit encore, contre le mur, portés par de larges dés en pierre, deux [sarcophages] creusés dans des blocs de marbre grossier…Des fragments de frise, des débris de colonnes, épars çà et donnent une idée de ce que ce monument funéraire pouvait être jadis… Les débris de colonnes appartiennent tous à l’ordre dorique.
Aujourd’hui, un seul sarcophage existe encore, l’autre a sans doute été détruit par les pilleurs à la recherche de pièces d’or (voir la photo ci-dessous ) .
Ahenchir N Tibaalayine s’élève sur une butte voisine à un kilomètre du premier «Il affecte la forme d’un cube de 2 mètres environ… Une pierre au-dessus de la porte présente un cadre qui aurait dû contenir une inscription, mais l’inscription n’a jamais été gravée.» En 1947 Jeanne Alquier conservatrice du musée d’Alger a entrepris un voyage d’exploration dans la région, elle a découvert une inscription près d’Ahenchir N Tibaalayine qui indique que les trois tombeaux qui se trouve à côté appartiennent à la famille « Vitellii ». Aujourd’hui ce mausolée n’ est qu’un amas de pierres .
Par ailleurs J. Alquier a recensé pas moins de 57 ruines dans toute la vallée d’Ighazar amoqrane* , des vestiges de moulin à grains , des huileries, de nombreux ouvrages hydrauliques ainsi que 4 autres petits mausolées “Ahenchir Ouarama”, “Ahenchir n Teizirt”, “Ahenchir Tisegmat”, “Ahenchir Tabiloud”. Lors de notre visite nous n’avions pas pu les identifier, ils auraient vraisemblablement disparus , victimes des affres du temps et des trafiquants sans vergogne.
Jugurtha Hanachi
*Ighazar amoqrane : est le vrai nom de ce grand Oued du sud de l’Aurès que les bureaux arabes ont appelé Oued El Arab .