Quel sens donner au mot “Berbérité” ?
“L’anthropologie est une discipline dont le but premier, sinon le seul, est d’analyser et d’interpréter les différences.”
PRÉAMBULE.
Afin de pouvoir donner une réponse actualisée à la raison du titre, il faut se tourner dorénavant vers les données scientifiques dont on dispose aujourd’hui.
Le document de support initial sera le résultat de l’étude du génome nord-africain tel qu’il a été publié par National Geographic : 89% des Tunisiens ont un génome nord-africain !
Il faut donc analyser ce résultat, venant entériner les recherches entreprises dans ce domaine. Qu’entend-on par génome nord-africain?
Cette autre interrogation nécessite une approche bien antérieure à l’Histoire. Toute considération anthropologique se fait alors en corrélation avec les données actuelles consacrées à la paléontologie africaine. Il faut donc faire le récit d’une migration ou des migrations des Hommes en relation avec l’existence d’un Sahara vert, il y a 10,000 ans. L’existence Terrestre se fait selon quatre critères essentiels : la géologie, la géographie, l’Histoire et la mixité (gènes).
Ce socle anthropologique permet alors d’aborder plus clairement l’existence d’un peuple et d’une civilisation berbères.
DÉFINITION DE LA BERBÉRITÉ.
On notera tout d’abord qu’il faut faire une distinction entre deux termes. Le “berbérisme” est un concept d’engagement politique dont l’objectif est de promouvoir les origines amazighes. Cette tendance s’oppose souvent aux défenseurs d’une “arabité” potentielle.
Le terme de “berbérité” adopte une signification plus sereine s’appuyant sur des données scientifiques ou sociologiques en phase avec l’évolution de connaissances acquises, souvent grâce à une technologie évolutive.
Pour définir plus précisément le terme de “berbérité”, il faut ajouter qu’il fait référence à une appartenance à un territoire Amazigh [ⴰⵎⴰⵣⵉⵖ ], appelé le Tamazgha [ⵜⴰⵎⴰⵣⵖⴰ, ⵜⴰⵎⴰⵣⵗⴰ] et s’étendant de l’oasis de Siwa, en Égypte, à l’aire du peuple Guanche aux îles Canaries. Un vaste territoire incluant également les Touareg[1] sahariens de Mauritanie, du Niger, du Mali et du Burkina-Faso. Soit un ensemble de dix pays africains. Il est important à ce stade d’insister d’ailleurs sur la notion d’africanisme, caractérisée par une tradition d’oralité.
Ainsi, la berbérité désigne-t-elle l’essence d’un peuple africain ancestral au nord du continent en s’ouvrant largement sur la Méditerranée. Cette seconde entité géographique a une grande importance. Elle permet d’appréhender la signification du “génome nord-africain” mentionné par le graphe du National Geographic.
À ce stade, il convient d’étayer un peu plus la portée du terme de “berbérité”. Le monde Amazigh est le receptacle d’une culture méditerranéenne plusieurs fois millénaire. Sa contribution, comme ses origines, restent encore mal perçues. Tout s’est culturellement mis en place entre la Préhistoire et la fin de la période antique. L’Histoire a fait le reste. Les gênes demeurent.
La notion de berbérité s’avère aussi être une volonté de porter un regard nouveau sur une civilisation charnière (celle de l’Afrique du Nord). Celle que le regretté Gabriel Camps s’évertuait à qualifier comme étant celle “des éternels oubliés de l’Histoire”.[2]
On pourrait résumer cette perception comme étant en quelque sorte le cordon ombilical auquel se rattache la forte conscience identitaire actuelle.
LE CHAMPS DES ÉTUDES CONTEMPORAINES.
L’Histoire ne peut plus se raconter comme autrefois. Non seulement les outils se sont perfectionnés, mais de nouvelles méthodes ont vu le jour. Pour ne citer qu’un seul exemple, la datation des crânes du Jebel Irhoud, au Maroc est due à la méthode de la thermoluminescence. Ce procédé mis en place par l’institut Max Planck de Leipzig a permis à l’équipe de Jean-Jacques Hublin de dater plus précisément l’âge de l’Homo sapiens du Jebel Irhoud.
Outre la paléontologie ou l’archéologie, les méthodes historiques disposent aujourd’hui d’une panoplie d’informations regroupant des disciplines telles que l’anthropologie, la sociologie, mais aussi des méthodes plus concrètes comme la géophysique ou la géopolitique. Plus souvent encore qu’on ne l’imagine, la linguistique joue un rôle prépondérant, notamment dans le domaine de la toponymie.
En ce qui concerne le champ des études nord-africaines, un vaste répertoire de ressources écrites est consigné dans L’Encyclopédie Berbère, mise en place par G. Camps et dorénavant supervisée par le linguiste Salem Chaker. Or, comme cette ressource encyclopédique a été mise en ligne, il faut y ajouter le bénéfice d’Internet ou de la digitalisation, précieux outils des chercheurs modernes.
Par ailleurs, il existe deux nouvelles méthodes scientifiques venant étayer, voire entériner le domaine de la recherche :
- L’étude du génome mitochondrial. “À partir de l’ADN[3] d’individus vivant actuellement, on parvient à remonter dans le passé”[4]
- Parallèlement, il existe aussi une toute nouvelle science fondée sur les origines des mythes et de leur diffusion au travers des migrations de l’Homme. Il s’agit de l’étude de reconstruction des mythes par la méthode phylogénétique. Ce procédé corrobore nos origines africaines l Julien d’Huy, du laboratoire d’Anthropologie sociale du Collège de France, analyse par exemple le mythe ovidien de Pygmalion qui “trouverait l’une de ses origines dans la Berbérie préhistorique”.[5]
Une approche plus personnelle se fait aussi à travers l’étude symbolique des signes, dans le cadre d’une étude s’appuyant sur la symbolique universelle.[6]
Si l’Histoire a souvent été orientée dans le passé pour servir à louer ou à justifier les vainqueurs ou les faiseurs de nations nouvelles, les données actuelles permettent de revisiter l’Histoire d’une autre manière en y apportant les corrections qui s’imposent.
Cette digression a donc l’avantage de bien définir les champs qui s’offrent dorénavant aux chercheurs en contribuant à apporter des preuves désormais irréfutables.
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Pour comprendre le phénomène de la Berbérité, il faut tout d’abord remonter l’échelle du temps pour expliquer les causes des migrations humaines dans cette partie de l’Afrique.
LES CONSÉQUENCES DES VARIATIONS CLIMATIQUES.
Lewis Dartnell est un chercheur scientifique britannique, auteur d’un ouvrage intitulé “Origines”[7]. Ce récit porte le sous-titre suivant : “Comment la Terre a façonné l’Histoire de l’Humanité” (‘ How the Earth Shaped Human History’). L’auteur analyse comment la géologie a impacté l’histoire des hommes. “Comme toutes les espèces, nous sommes le produit de notre environnement. Nous sommes une espèce de grands singes issus du changement climatique et de la tectonique de l’Afrique de l’Est” (p.25). Et il ajoute : “Nous sommes les rejetons de la tectonique des plaques”. (p.30)
Il faut donc considérer les phénomènes climatiques et géologiques qui ont transformé le paysage au nord du continent africain à l’échelle de la Terre, c’est-à-dire il y a fort longtemps.
Le Sahara a connu plusieurs phases climatiques. Il y a 20M d’années, au Tertiaire, dans les périodes de l’Oligocène et du Miocène, un refroidissement de l’hémisphère Nord a eu pour conséquence une désertification en Afrique du Nord. Mais ce grand désert a ensuite connu une période verte entre il y a 11,000 à 5,000 ans. Il existait alors une sorte de vaste mer intérieure, celle du lac Méga-Tchad. Des équipes scientifiques ont pu récemment dater cette période à l’aide de fossiles ou de la cire végétale. Il y a donc environ 5M d’années, le désert du Sahara est redevenu tel qu’on le connaît aujourd’hui.
Les causes de ce bouleversement climatique sont connues. L’orbite de la Terre subit de légères altérations sous l’influences de planètes comme Jupiter ou Saturne, ou encore de la Lune. C’est ce qu’on appelle les cycles de Milankovic, du nom d’un astronome serbe du début du XXe s. Ces phénomènes ont des conséquences cycliques à l’échelle de l’Univers :
- Sur l’obliquité de l’axe de rotation de la Terre, en agissant sur l’intensité des saisons par période de 41,000 ans,
- Sur la précession des équinoxes, qui a pour résultat d’inverser les saisons entre l’hémisphère nord et l’hémisphère sud sur un cycle de 25,000 ans,
- Sur l’excentricité de l’orbite terrestre qui est elliptique, environ tous les 100,000 ans; plus l’excentricité est grande et plus les saisons sont marquées.
Or, le Sahara a un équilibre fragile, expliquant qu’il a pu être tantôt verdoyant et donc plein de vie, tantôt aride et inhospitalier.[8]
C’est donc ainsi qu’il y a environ 5,000 ans, cette région connaît l’un des plus abrupts changements climatiques de l’histoire de la Terre.[9]
Le Sahara a conservé des traces de cette période verte, notamment dans le répertoire pétroglyphique appartenant au domaine de la paléo-anthropologie.
ART RUPESTRE SAHARIEN.
Il existe de nombreux sites archéologiques dans le Sahara pouvant témoigner d’un peuplement animalier et humain à l’époque de l’existence d’un Sahara vert.
À la fin du XIXe, un Allemand, Heinrich Barth, puis au début du XXe siècle, le Français H. Lhote découvrent les premières fresques de l’art rupestre saharien-Néolithique, daté d’environ 9,000/10,000 ans. Des gravures ou des peintures rupestres ornent des parois du sud-Oranais, du Hoggar, du Tassili n’Ajjer, du Fezzan (Tadrart Acacus, en Libye) et révèlent l’existence d’une faune identique à celle des régions équatoriales africaines.
Une rubrique de l’Encyclopédie Berbère consacrée à l’art rupestre du Fezzan, décrit la variété des espèces existantes à cette époque : “Nulle part ailleurs non plus la grande faune africaine n’est exposée avec autant de détails et avec une telle fréquence: tout d’abord les autruches (17 %) loin devant les éléphants (6 %) et rhinocéros (5 %) communs d’un bout à l’autre du Sahara mais aussi buffles antiques (2,4 %) et buffles actuels (2,3 %) aurochs (2,3 %) de même que les espèces aquatiques avec une proportion inégalée de crocodiles et d’hippopotames (16 %) et quelques rares poissons. Les girafes, sont particulièrement nombreuses (7 %) et elles se mêlent à quantité d’autres herbivores – mouflons, antilopes, dont des oryx gazelles, ânes – qui sont traquées par des félins (lions léopards) ou par l’Homme“. [10]
Par sa richesse et par son étendue, la région du Tassili n’Ajjer (terme signifiant “le plateau de la rivière Ajjer”) met en présence deux groupes humains qui illustrent déjà la population du nord de l’Afrique.
- Tout d’abord, le style bovidien, celui des “Têtes Rondes” répertorie une population à peau foncée. Il n’est pas impossible que les Haratins – une ethnie Noire qui vit dans l’Ouest saharien et au Maghreb – soient alors les plus vieux descendants des habitants du Maghreb (réf. Gabriel Camps, 1927-2002). Les Zénètes du Gourara, ou même les Touareg. ont un terme pour les identifier. D’ailleurs, la génétique les distingue clairement des Touareg ou des Walofs de l’Afrique de l’Ouest. Récemment, une mission franco-algérienne conduite, côté français par J-L. Le Quellec, a pu dater cette période par la méthode de l’OSL (Luminescence Optiquement Stimulée). “Les résultats indiquent que le sol qu’arpentaient les peintres remonte tout au plus à 9 000 – 10 000 avant nos jours et que les peintures ne peuvent donc qu’être postérieures à cette date.”[11]
- La période caballine atteste d’une présence plus importante que celle des pasteurs de bœufs. Les populations de cette époque, arrivées au Sahara avec le char, utilisaient le bronze. Cette période se divise en deux sous-périodes :
- l’une analphabétique, caractérisée par les chars,
- la seconde alphabétique, avec l’apparition des caractères libyco-berbères.
On évoque alors ici les Garamantes, qui appartiennent déjà au groupe des Berbères. Originaires de l’oasis de Garama, dans le Fezzan (Libye actuelle), les Garamantes vont progressivement chasser les “Éthiopiens” (nom antique des populations africaines noires). Or, selon les dernières études faites au sujet du style rupestre de la première génération, voici ce que Julien d’Huy et Jean-Loïc Le Quellec nous révèlent : “De nombreux auteurs ont proposé une influence de l’art rupestre saharien sur l’art égyptien. Cette hypothèse semble très vraisemblable. En effet, suite à l’assèchement progressif du désert vers le milieu de l’Holocène, des migrations humaines provenant du Sahara ont contribué au peuplement et à la culture de la vallée du Nil. […] Toute la période de l’Égypte prédynastique montre ainsi d’évidentes affinités avec le Sahara. […] L’art du Sahara oriental est surprenant en bien des points, notamment par l’absence apparente de représentations d’animaux dangereux pour l’homme ou pour le bétail. Nous pensons que cette crainte doit être mise en relation avec une attitude similaire des Égyptiens devant les images.“[12]
Bien que ce cadre dépasse le thème du sujet proposé, il illustre néanmoins le lien existant entre les migrations et les changements climatiques. Mais il permet aussi d’étayer la place de l’Afrique du Nord dans l’Histoire, comme du rôle historique des populations de cette région.
Avant d’aborder le processus du peuplement de l’Afrique du Nord au Néolithique, on se doit d’évoquer DEUX découvertes majeures qui ont bouleversé l’histoire de l’Homme en Afrique du Nord : l’une en 2017 et l’autre en 2018.
- 2017 : l’Homo sapiens du Jebel Irhoud, au Maroc, (J-J Hublin),
- 2018 : le site d’Aïn Boucherit, en Algérie, wilaya de Sétif (équipe algérienne internationale)
À l’aide de toutes les données aujourd’hui disponibles, on peut aborder la question de la “berbérité” de manière plus concrète, grâce à un cadre scientifique plus précis.
Toutefois, l’élément majeur du moment reste que les foyers d’Homo sapiens ne sont plus cantonnés à l’Afrique de l’Est, mais qu’ils s’étendent à tout le continent, en particulier avec l’Afrique du Sud et l’Afrique du Nord.
Dans une rubrique de l’Encyclopédie Berbère écrite par G. Camps, il est fait mention des deux cultures qui se sont cotoyées au nord du Maghreb actuel : ”En Afrique du Nord et dans les abords sahariens immédiats (piémont de l’Atlas saharien, Bas Sahara, Tripolitaine), deux grands ensembles culturels se sont succédés sans toutefois recouvrir les mêmes zones. Le premier fut l’Ibéromaurusien, essentiellement tellien et littoral, le second fut le Capsien occupant les régions actuellement steppiques et ne pénétrant que faiblement dans le Tell.”
L’IBÉROMAURUSIEN.[13]
La présence de l’Homme est très ancienne en Afrique du Nord. Au Paléolithique supérieur, environ entre 18,000 ans av. notre ère, jusqu’à environ 8,000 ans av. notre ère, il existait une culture appelée ibéromaurusienne.
Il s’agit d’une culture à l’industrie microlithique, essentiellement tellienne et littorale, couvrant un territoire allant du nord de la Tunisie au sud du Maroc. Pour G. Camps, “il ne fait plus de doute que l’Homme ibéromaurusien soit l’Homme de Mechta-el-Arbi. Les hommes du type de Mechta-el-Arbi ont constitué de véritables nécropoles”. Le site de Mechta-el-Arbi se situe dans la région de Constantine. Ce lieu a son importance en fonction des fondements qui s’appliquent au berceau numide. G.Camps ajoute que :”c’est un homme à musculature puissante et de grande taille (1,72 m de moyenne à Afalou Bou Rhumel, 1,73 m à Taforalt) qui taillait les minuscules lamelles à bord abattu dont est constitué l’essentiel de l’industrie ibéromaurusienne.”
Pour corroborer la connexion qui a été faite avec les variations climatiques, il peut paraître intéressant de lire ce que G. Camps nous précise : “ L’Homme ibéromaurusien connaissait donc un climat plus frais et plus humide que celui qui règne aujourd’hui sur le Tell. Les montagnes étaient couvertes de neige pendant de longs mois, l’étage forestier montagnard commençait plus bas, la forêt couvrait non seulement les versants de l’Atlas mais toutes les collines du littoral, une prairie plus riche nourrissait rhinocéros, grandes antilopes, équidés et bovinés. Ces conditions climatiques ont incité les hommes à occuper de préférence les grottes et abris profonds, mais tous les gisements ibéromaurusiens ne sont pas abrités”.
L’ancienneté de l’Ibéromaurusien tout autant que la durée de son existence ont vraisemblablement impacté l’histoire du génome nord-africain, d’autant plus qu’il se situait en bordure du littoral méditerranéen. Malgré tout, son origine est encore mal définie.“L’Homme de Mechta-Afalou s’est largement répandu au Maghreb depuis 20 000 ans, venant d’on ne sait où, pour le moment. Il fut le premier Homo sapiens sapiens d’Afrique du Nord à avoir manifesté une sensibilité et une compassion particulières pour l’être humain, inhumé parfois au sein de grottes-sanctuaires-nécropoles.”[14]
En d’autres termes, les Ibéromaurusiens ne sont pas considérés comme étant les ancêtres directs des Berbères. Mais sur un plan strictement lié au passé du génome nord-africain, il est vraisemblable qu’ils ont contribué à son élaboration, d’autant plus qu’il a pu y avoir des contacts de mixité, tout au moins à une certaine époque charnière. Cette remarque reste malgré tout une hypothèse.
À QUEL MOMENT APPARAISSENT LES PREMIERS “BERBÈRES” ?
À ce stade, une telle question s’impose !
Vers 8,000 ans av. notre ère, soit il y a environ 10,000 ans, les données archéologiques attestent de l’existence de la civilisation capsienne.
Cette époque appartient donc au Quaternaire et correspond à la période climatique de l’Holocène.
LES CAPSIENS.
Le Capsien a été nommé et défini en 1909 par Jacques de Morgan et Louis Capitan, d’après le gisement préhistorique d’El Mekta, situé en Tunisie, près de Gafsa. Il s’agit de l’ancienne Capsa du sud tunisien, appelée aujourd’hui Gafsa.
Cette civilisation néolithique n’est pas seulement cantonnée à la région de Gafsa. Elle s’étend tout d’abord jusqu’à Tebessa, dans l’est algérien, puis elle va s’élargir jusqu’à Djelfa et même au-delà. Sur un plan strict de localisation géographique, cette aire sera plus tard appelée la Numidie, considérée comme étant le creuset de la civilisation berbère.
La civilisation néolithique des Capsiens va donc fleurir entre le milieu du VIIIe et la fin du Ve millénaire avant notre ère.
Elle se caractérise par trois éléments paléontologiques importants : l’utilisation du silex, un goût prononcé pour l’ocre rouge et l’usage de sépultures. L’archéologie distingue deux périodes évolutives :
- Le Capsien typique
- Et le Capsien supérieur
Un texte de D. Grebenard, dans l’Éncyclopédie Berbère[15], fait les deux remarques suivantes :
(1)“Les Capsiens appartenaient à des populations de type méditerranéen dont l’originalité anthropologique n’a été reconnue qu’en 1949.”
(2) “Le Capsien est, en effet, essentiellement continental et n’atteint jamais la mer. C’est une civilisation des Hautes-Plaines.”
La notion de “type méditerranéen” correspond bien, on le voit, au profil du génome tunisien identifié par National Geographic.
Il est à noter qu’il s’agit d’une confirmation, puisque Gabriel Camps[16] avait déjà établi que : “Nous tenons avec les Proto–méditerranéens capsiens, les premiers Maghrébins que l’on peut, sans imprudence, placer en tête de la lignée berbère”. Et toujours au sujet des Capsiens, il précise que leurs :”œuvres d’art sont les plus anciennes en Afrique et on peut affirmer qu’elles sont à l’origine des merveilles artistiques du Néolithique. […] à l’origine de l’art berbère”. On a en effet retrouvé les premiers signes géométriques gravés sur des coquilles d’autruche.
D’OÙ VIENNENT LES CAPSIENS ?
C’est évidemment la question émergeante, surtout si l’on veut approfondir notre connaissance sur l’origine des Berbères.
L’Encyclopédie Berbère fait les deux commentaires suivants :
(1) “Le problème de l’origine des Capsiens, posé depuis de nombreuses années, n’a pas trouvé encore de solution satisfaisante.”
(2) “On pencherait plutôt pour une ascendance africaine et proche-orientale en raison des données anthropologiques. Le type humain méditerranéen auquel appartiennent les Capsiens, existe au Proche-Orient et apparaît d’abord dans le Maghreb oriental.”
S’il est donc encore difficile de répondre de manière catégorique à cette question, on peut malgré tout avancer quelques hypothèses. Une partie de la réponse se trouve sans doute dans l’étude du champ des familles chamito-sémitiques. En fonction du changement climatique qui s’est opéré à cette période, la migration a pu se faire progressivement en provenance de l’Est du continent.
Mais quoi qu’il en soit, nous évoquons une période vieille de dix-mille ans qui a eu lieu sur le sol africain et qui de toute manière en est issue, et cela même après un court passage éventuel au Proche-Orient! Rappelons que les invasions arabes ont eu lieu au VIIe siècle de notre ère…
On peut donc admettre que le socle de la culture berbère reste stricto sensu africain d’essence. L’Histoire montre par exemple que les Phéniciens établis à Carthage ont convergé dans une civilisation connue sous le terme de punique, puisqu’il y a eu mixité avec les peuples “libyens” locaux. Les Cananéens et les Hébreux venus avec les Phéniciens se sont fondus dans la population berbère locale au Maghreb depuis des millénaires. Dans un petit essai romanesque intitulé “Petit Éloge de la Mémoire”, l’écrivain algérien Boualem Sansal[17], fait la remarque suivante : “L’histoire donne peut-être la direction, mais la géographie a le dernier mot”.
RETOUR À LA NOTION DE BERBÉRITÉ.
Si le chemin de la “Berbérité” a été aussi long, c’est qu’il fallait bien jalonner la mémoire de quelques points d’assises permettant de le définir de manière plus pérenne.
- On a vu comment les variations climatiques ont joué un rôle important dans les migrations africaines en générant ou en favorisant les mouvements migratoires liés à la présence de l’eau, des ressources animales ou végétales.
- Il s’agit aussi d’un phénomème social lié à l’existence de l’Homme : “ Nous sommes une espèce migratrice – cette caractéristique est littéralement écrite dans nos gènes”, écrit Heyer[18] du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris.
- Or, à partir du moment où un groupe nomade se sédentarise, d’autres phénomènes interviennent dans l’élaboration progressive d’une culture donnée.
C’est bien ce qu’affirmait déjà Claude Lévi-Strauss “Toute culture peut être considérée comme un ensemble de systèmes symboliques au premier rang desquels se placent le langage, les règles matrimoniales, les rapports économiques, l’art, la science, la religion.”
Il semble donc utile de faire une analyse des éléments potentiels qui vont contribuer à l’épanouissement de la culture capsienne originelle.
(1) Il existe d’abord un phénomène de mixité, de voisinage, et surtout la création d’échanges éventuels avec d’autres cultures. Cela implique un certain nombre de facteurs favorables qui appartiennent à cette région nord-africaine.
(2) Un CLIMAT et une TERRE propices à l’élevage et à l’agriculture.
(3) La GÉOGRAPHIE : Si l’archéologie et l’Histoire assurent la légitimité d’un peuple ou d’une culture, la situation géographique contribue à asseoir son importance en fonction de son environnement physique. Il s’agit ici probablement du facteur le plus important. Ainsi, la proximité des îles italiennes, en particulier la Sicile et la Sardaigne, a été un facteur favorable aux techniques de la poterie et à l’élaboration des dessins géométriques du décor. Le nord tunisien occupe une place centrale entre l’Est et l’Ouest. Le détroit de Sicile (140km) a joué un rôle majeur en faveur des échanges et cela depuis la Préhistoire. La proximité de l’île de Malte (90km) a également été un facteur favorable pour l’arrivée des premiers grands navigateurs phéniciens et grecs. La Méditerranée reste un formidable trait d’union géographique entre l’est et l’ouest, tou autant qu’entre le sud et le nord.
(4) Les GÈNES et la LANGUE : “Aux côtés des données génétiques, les langues sont un autre indice qui aide à reconstituer les mouvements migratoires”[19]
Les langues de la famille chamito-sémitique ont un socle appartenant à l’Est africain. L’ancien libyque et les différents parlers berbères occupent un ensemble qui se distingue des langues sémitiques telles que l’akkadien, l’araméen (langue biblique), l’hébreu, le phénicien, l’arabe ou le maltais. Mais comme toutes ces langues consonantiques partagent des liens sémantiques, on comprend alors comment il a été possible aux langues berbères de pouvoir communiquer plus aisément avec les Phéniciens, les Hébreux, puis les Arabes, voire aussi les Maltais. La linguistique explique le cheminement migratoire, mais aussi le métissage inter-culturel, comme par exemple ce qui est devenu l’arabe dialectal, produit d’une adaptation de mixité avec l’arabe proche-oriental.
La famille afro-asiatique
(ou chamito-sémitique)
N | Groupe | Nombre des langues |
Langues |
1 | chamite | 3 | égyptien ancien*, moyen égyptien*, nouvel égyptien*, démotique*, copte (religieuse) |
2 | sémitique | 73 | akkadien*, éblaïte*
babylonien*, ougaritique*, cananéen*, moabite*, phénicien*, samaritain*, araméen, assyrien, chaldéen, hébreu, etc. arabe classique, arabe dialectal (variétés nombreuses), maltais amharique, tigrinia, tigréen (tigré), argobba, etc. |
3 | berbère | 29 | tamazight, kabyle, tachelhit, tamasheq, tamajaq, siwi, jerba, chaouïa, judéo-berbère, etc. |
4 | tchadique | 192 | haoussa, bouduma, mandara, ngala, bana, angas, etc. |
5 | couchitique | 47 | somali, sidamo, galla, afar, gedeo, bedja, bedawi, oromo, etc. |
6 | omotique | 28 | wolaytta, gamo, melo, basketto, seze, yemsa, etc. |
* = langue éteinte
L’INALCO[20] considère ainsi que :“Le berbère (Tamazight[21] en berbère) couvre une aire géographique immense : Afrique du Nord, Sahara-Sahel ; On peut le considérer comme la langue autochtone du Nord de l’Afrique.”
(5) L’ÉCRITURE : La question des origines de l’écriture fait encore l’objet d’un débat. L’alphabet conservé par les Touareg (le Tifinagh) a donné les néo-tifinagh en usage aujourd’hui. Les fondements de cette écriture sont aussi anciens que ceux de l’alphabet phénicien, ancêtre des langues alphabétiques.
(6) L’HISTOIRE : prolonge les échanges établis durant la Préhistoire.Mais il faut bien comprendre qu’il s’agit d’échanges bilatéraux, et non pas unilatéraux, comme l’histoire (celle des vainqueurs) l’a souvent présentés. Ces échanges se sont faits de deux manières :
- La Relation Est-Ouest : Les Phéniciens sont accompagnés des Cananéens, qui sont leurs voisins géographiques, et qui partagent aussi une parenté linguistique. Leur legs culturel va être à l’origine des images telles que le poisson, l’œil, la main “khamsa”[22], le signe de Tanit[23] ; ou encore dei la pourpre, de la poterie (celle de Guellala à Djerba).
- La Relation Nord-Sud : Les Grecs[24] font entrer des entités libyques (c’est-à-dire nord-africaines) dans leur mythologie : Triton, Athéna, Pallas (nymphe du Lac Triton), des étapes du voyage d’Ulysse, des travaux d’Hercule et même un détroit emblématique, Atlas et les Hespérides, l’Océan Atlantique, voire les Gorgones quelque part en Cyrénaïque. Il faut bien comprendre que cette relation était bilatérale et qu’elle se faisait aussi dans un sens Sud-Nord.
On obtient donc un substrat culturel qui va jouer un rôle essentiel dans l’histoire de l’Afrique du Nord. Les populations berbères de cette aire géographique vont générer les fondements et les valeurs de ce qu’il est convenu d’appeler ici la berbérité.
(7) Retour à l’ADN : c’est donc repenser l’interprétation de ce que représente le “génome d’Afrique du Nord”. “Les Tunisiens n’étaient pas ce que vous pensiez. S’appuyant sur le résultat d’une étude génétique récente, faite par le National Geographic, seuls 4% des Tunisiens sont effectivement d’origine arabe.”[25] Le projet de National Geographic conclut: “Le Maghreb et l’Afrique du Nord sont souvent désignés comme faisant partie du “monde arabe”. Pourtant, les résultats montrent que le génome arabe est minoritaire en Tunisie, qui a une population similaire au reste du Maghreb. Seulement 4% du génome des Tunisiens est arabe, contre 88% de génome d’Afrique du Nord.”
(8) L’ÉTUDE DES MYTHES : méthode phylogénétique
L’étude de reconstruction des mythes par la méthode phylogénétique corrobore ces origines lointaines africaines. Julien d’Huy analyse le mythe ovidien de Pygmalion[26] qui trouverait l’une de ses origines dans la Berbérie préhistorique. On pourrait également mentionner le récit kabyle du chasseur adroit[27], toujours du même auteur. L’étude des mythes devient donc un moyen de remonter dans le temps des migrations humaines. Claude Lévi-Strauss avait déjà pressenti cet élément :”À proprement parler, il n’existe pas de texte original; tout mythe est, par nature, une traduction, il a son origine dans un autre mythe provenant d’une population voisine”[28].
CONCLUSION
Il ne fait aucun doute que la population nord-africaine partage l’héritage commun de la Méditerranée servant de trait d’union entre la rive nord et la rive sud, malgré le poids des croyances populaires persistent à nier ce qui est devenu une évidence scientifique.[29] C.S. L’Héritage méditerranéen des Berbères, 2022
La berbérité est un socle ancestral qui caractérise le particularisme nord-africain. Il en est sa force vive lui forgeant une caractéristique originale. On pourrait résumer ce processus en 3 mots-clés : acquérir, assimiler, restituer autrement
La berbérité est l’aboutissement d’une identité régionale dont la force peut devenir un atout majeur au XXIe siècle : une plateforme entre le sud et le nord. Une société qui dispose d’une richesse linguistique considérable, celle d’un trilinguisme original : le tamazight, l’arabe, le français et même de plus en plus l’anglais. Peu de pays possèdent un tel atout.
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En fin de compte, la BERBÉRITÉ désigne une identité retrouvée, mais surtout la révélation d’une ENTITÉ propre à l’Afrique du Nord en tant que civilisation à part entière. On note donc un ancrage africain spécifique révélé à la fois par le phénomène migratoire originel, par une ancienneté préhistorique, et par l’appartenance d’une langue au groupe afro-asiatique. Ce n’est peut-être pas un hasard non plus si le continent africain doit son nom au terme Tamazight “ifri” (ⵉⴼⵔⵉ, abri rocheux), d’abord latinisé en “Afri” (Africa par les Romains), mais préservé par la langue arabe en “Ifriqiya” [المغرب الأدنى].
La berbérité est donc avant tout africaine, mais l’Histoire et la géographie lui ont apporté une spécificité supplémentaire, celle d’un creuset méditerranéen. C’est donc de cette manière que l’on peut interpréter les 89% des gènes nord-africaines dans le graphique de “National Geographic”.
Ce processus sert de socle inaliénable à l’identité nord-africaine qui n’a nul besoin d’aller chercher ailleurs ses racines. Elle a simplement besoin de reconnaître et d’admettre sa véritable identité pour afficher son authenticité, son enracinement et la fierté d’être tout simplement ce qu’elle est ! Cette prise de conscience ne s’acquiert qu’au travers d’une maturité sociale que seul le Temps apporte à l’Homme. Alors, on peut penser que les “Berbères” ne seront plus “ces éternels oubliés de l’Histoire” comme G.Camps l’a regretté si souvent.
On peut donc redéfinir la “berbérité” comme étant une prise de conscience de l’attachement au sol africain ancestral. Un socle qui s’est enrichi au contact d’autres peuples, le plus souvent méditerranéens, sans jamais pourtant perdre tout à fait sa nature véritable, liée à un environnement nord-africain et donc méditerranéen. C’est en quelque sorte une histoire humaine de gènes qui ont permis la sédentarisation depuis des milliers d’années. Et c’est peut-être aussi l’histoire d’un peuple humain, qui demeure l’un des plus anciens parmi ceux qui subsistent encore.
Christian Sorand
Sidi Bou Saïd, février 2023
BERBÉRITÉ
Chronologie de l’Afrique du Nord avant les invasions arabes
2,4M d’années : outils lithiques oldowayens d’Aïn Boucherit (région de Sétif, Algérie). Les plus vieilles traces d’occupation humaine en Afrique du Nord. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S163106830500117X
1,8M d’années : 1ère sortie d’Afrique de l’Homme , Homo erectus ou Homo Habilis (Dmanissi, Géorgie, 1991)
300,000 ans : classification de l’Homo Sapiens primitif[30] de Jebel Irhoud (région de Safi) au Maroc par des chercheurs du Max Planck Institute en 2017. https://www.hominides.com/des-homo-sapiens-il-y-a-300-000-ans-au-maroc/
Vers -100,000 à -70,000 ans : sortie de l’Homme moderne hors d’Afrique.[31]
Vers -8,500 (début de l’Holocène inférieur) : après une période de 70,000 ans de sécheresse, début d’une période d’humidité, connue sous l’appellation de “Sahara vert”.
Vers -7,000 -8,000 : peintures rupestres anciennes du Tassili n’Ajjer (période style des “Têtes Rondes”), Jean-Loïc Le Quellec, CNRS.
Vers -8000 : Civilisation capsienne de Capsa (Gafsa) à Tebessa et au-delà (Djelfa). EB[32] : https://journals.openedition.org/encyclopedieberbere/2057?lang=en
Vers -3,000 (Holocène supérieur, fin du Néolithique) : nouveau processus de désertification du Sahara. “Une variation de température aux hautes latitudes de l’hémisphère Nord pourrait avoir déclencher un effet en cascade avec des rétroactions qui ont finalement conduit à la disparition du Sahara vert.” Comment le Sahara vert a disparu : https://www.pourlascience.fr/sd/climatologie/comment-le-sahara-vert-a-disparu-12749.php
XIIe siècle av. J.-C. : fondation de Lixus (près de Larache, côte atlantique du Maroc). http://www.babmagazine.ma/lixus-lhistoire-et-les-mythes
Vers -1,110 : fondation de Gadès (Cadix) par les Phéniciens. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-14674/colonisation-phenicienne/
-1,101 : fondation d’Utique par les Phéniciens. https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-10864/utique/
Vers -1,000 à env. 600 apr. J.-C. : Les Garamantes, oasis de Garama (aujourd’hui Germa, Fezzan (Libye actuelle). “Les résultats obtenus permettent de déterminer l’échelle et le degré de sophistication de la civilisation des Garamantes, qui, ajoute le professeur Mattingly[33], est née aux environs de 1000 avant J.-C.” Dans la période allant de 1 à 600 après J.-C, elle constituait ce que l’on peut convenir d’appeler le premier État pré-islamique du Sahara central. https://cordis.europa.eu/article/id/229917-new-radiocarbon-dating-techniques-reveal-secrets-of-early-saharan-civilisation/fr
VIIIe (?) av. J.-C. : Homère [Ὅμηρος], aède (poète) grec aveugle, originaire de Ionie, auteur de l’Iliade et de l’Odyssée. https://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Homère/124178
-814 : fondation de Carthage par Elissa (“Didon”). https://www.universalis.fr/encyclopedie/fondation-de-carthage/
-735 : fondation de la 1ère colonie grecque de Sicile à Naxos, sur la côte Est de la Sicile entre Catane et Messine.
VIe(?) av. J.-C.: fondation d’Hadrumète (Sousse) par les Phéniciens. EB: https://journals.openedition.org/encyclopedieberbere/1635.
-631 : fondation de Cyrène [Κυρήνη] par des Grecs venus de Théra (Santorin), venus de Crète. Les Libyens ou Libyques (première appellation donnée par les Grecs) peuplaient déjà cette région de Cyrénaïque, proche de l’Égypte. https://mconfais.weebly.com/activiteacute–la-fondation-de-cyregravene.html
Vers -500 av.J.-C. : Les Guanches. Bien que les archéologues n’aient pas encore pu en préciser la date exacte, les sept îles de l’archipel canarien ont été peuplées par leurs premiers habitants à un moment qui se situe vraisemblablement dans la seconde moitié du premier millénaire avant l’ère chrétienne. https://journals.openedition.org/anneemaghreb/2056
-331 : fondation d’Alexandrie par Alexandre le Grand (Pella, Macédoine 356 av. J.-C. – Babylone 323 av. J.-C.) >>> oracle d’Ammon, oasis de Siwa (Égypte occidentale).
-250 : style des poteries de Tiddis (Cirta/Constantine). Cette “céramique modelée et peinte ne doit rien à l’esthétique punique mais se trouve en revanche à l’origine de la céramique “kabyle” actuelle tout en reproduisant les motifs et l’ordonnancement du décor des poteries de style géométrique d’Italie du sud, voire du Géométrique grec. “[34]
–146 : destruction de Carthage par les troupes romaines de Scipion Émilien (Rome,185-129 av.J.-C.), après un millénaire d’occupation phénicienne.
146 av. J.-C. – 430 apr. J.-C. : période d’occupation romaine. https://www.universalis.fr/encyclopedie/afrique-romaine/
430 – 534 : période d’occupation vandale, royaume de Carthage. https://www.universalis.fr/encyclopedie/vandales/2-l-ephemere-royaume-africain-429-534/
533 – 698 : période byzantine. https://www.axl.cefan.ulaval.ca/europe/empire-byzantin.htm
VIIe : Conquête arabe en deux vagues :
- 647-648 (1ère invasion) : estimation armée 20,000 de Médine + 20,000 en Égypte (Memphis),
- 665-689 (2e invasion) : estimation 40,000 soldats.
Christian Sorand,
Tunis, février 2023
BIBLIOGRAPHIE
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- Le Signe de Tanit, https://www.academia.edu/35851797/Le_Signe_de_Tanit
- L’influence grecque au nord de l’Afrique, https://www.academia.edu/33888484/Influence_grecque_au_nord_de_lAfrique_doc
- L’Héritage méditerranéen des Berbères, 2022, https://www.academia.edu/82681028/Héritage_méditerranéen_Berbères_French_
[1] Touareg , étant le pluriel de Targui.
[2] G. Camps, Les Berbères, Mémoire et Identité, Babel Essai, Actes Sud, 2016, ISBN 978-2-7427-6922-3[3] ADN (anglais : DNA – Deoxyribonucleic acid )
[4] Evelyne Heyer, L’Odyssée des gènes, Champs sciences, 2022, ISBN : 978-2-0802-8965-0, p.11
[5] réf. cadre d’une étude menée par J.d’Huy
[6] C. Sorand, Signes de Berbéritude, Academia.edu.: https://www.academia.edu/82517195/Signes_de_Berbéritude / La boucle d’oreille de l’Aurès : https://www.academia.edu/45127657/La_boucle_doreille_de_lAurès
[7] Lewis Dartnell, Origins, Vintage, Penguin Random House, London, 2020, ISBN: 978-1-784-70543-5
[8] https://odysseedelaterre.fr/sahara-vert/
[9] https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/climatologie-voila-4900-ans-sahara-abruptement-passe-vert-jaune-45757/
[10] Encyclopédie Berbère, Préhistoire et Art rupestre du Fezzân, p.2791
[11] Hominidés – https://www.hominides.com/datation-des-plus-anciennes-peintures-du-tassili-n-ajjer/
[12] Du Sahara au Nil: la faible représentation d’animaux dangereux dans l’art rupestre du désert Libyque pourrait être liée à la crainte de leur animation, Cahiers de l’AARS-Nº 13, 2009
[13] G. Camps, « Ibéromaurusien », Encyclopédie berbère [En ligne], 23 | 2000, document I08, mis en ligne le 01 juin 2011, consulté le 25 septembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/ encyclopedieberbere/1626 ; DOI : https://doi.org/10.4000/encyclopedieberbere.1626
[14] EB – C. Roubet et S. Hachi, « Mechta el-Arbi (Préhistoire) », Encyclopédie berbère [En ligne], 31 | 2010, document M79, mis en ligne le 08 octobre 2020, consulté le 19 octobre 2020. URL : http:// journals.openedition.org/encyclopedieberbere/542 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ encyclopedieberbere.542
[15] EB-Capsien, https://journals.openedition.org/encyclopedieberbere/2057
[16] Gabriel Camps, Les Berbères, Mémoire et Identité, Babel, Actes Sud, 2016, ISBN 978-2-7427-6922-3
[17] Boualem Sansal, Petit Éloge de la Mémoire, Éditions Gallimard, collection Folio, janvier 2017, ISBN: 978-2-07-034126-9
[18] E.Heyer, L’Odyssée des gènes, Champs sciences, Flammarion, p.343
[19] E. Heyer, Ibidem, p.210
[20] INALCO (Institut national des langues et civilisations orientales). http://www.inalco.fr/langue/berbere-langues-berberes
[21] Tamazight [ⵜⴰⵎⴰⵣⵉⵖⵜ ;]
[22] C.Sorand, The Fish & Hamsa hand Symbols, https://www.academia.edu/40782475/The_Fish_and_Hamsa_hand_Symbols
[23] C.Sorand, Le Signe de Tanit, https://www.academia.edu/35851797/Le_Signe_de_Tanit
[24] C.Sorand, L’influence grecque au nord de l’Afrique, https://www.academia.edu/33888484/Influence_grecque_au_nord_de_lAfrique_doc
[25] “Tunisians weren’t who you might think. Based on a recent genetic studies report conducted by National Geographic, only 4% of Tunisians are actually of Arab origin.”
[26] Julien d’Huy, Le mythe ovidien de Pygmalion, https://www.academia.edu/1468778/2011._Le_mythe_ovidien_de_Pygmalion_trouverait_l_une_de_ses_origines_dans_la_Berbérie_préhistorique._-_Les_Cahiers_de_lAARS_15_19-25
[27] Julien d’Huy, Le Récit du chasseur adroit : un Mythe kabyle à remonter le Temps, https://shs.hal.science/halshs-01099415
[28] C.Lévi-Strauss, Mythologiques IV – L’Homme nu (1971)
[29] C.Sorand, L’Héritage méditerranéen des Berbères, 2022, https://www.academia.edu/82681028/Héritage_méditerranéen_Berbères_French_
[30] Ce crâne a une face de type “sapiens”, mais une forme de crâne plus archaïque. E.Heyer, p.44
[31] Evelyne Heyer, L’Odyssée des gènes, Champs sciences, Flammarion, ISBN : 978-2-0802-8965-0
[32] EB : Encyclopédie Berbère, fondée par G. Camps et dirigée aujourd’hui par le linguiste Salem Chaker.
[33] Harold Mattingly (1884-1964) est un historien britannique.
[34] EB- Encyclopédie berbère, Tiddis, 1997