Oum El Bouaghi ou l’absurdité d’un toponyme

Les noms de lieux évoquent les particularités du relief, renseignent sur les veilles coutumes, racontent les anciennes légendes : la toponymie parle. S’attaquer à la toponymie d’un peuple équivaudrait à l’imputer d’une partie de son identité. L’arabisation sauvage de la toponymie chaouie après l’indépendance s’inscrit dans cette démarche.

Nous allons parler aujourd’hui du toponyme Oum El Bouaghi. Anciennement Macomades qui signifie « saline », les français l’ont rebaptisé du nom d’un général de triste mémoire : François Certain de Canrobert.

Ce dernier qui commanda le siège de Zaatcha, s’est rendu coupable de nombreux crimes ( massacre des habitants de l’oasis de Zaâtcha , du village Nara ), au lendemain de l’indépendance il fallait donc trouver un autre nom pour cette ville .

Mais, au lieu de rétablir tout simplement l’ancien toponyme « Macomades » , les ronds-de-cuir du parti unique , ont décidé à partir d’un bureau algérois que la ville sera désormais Oum El Bouaghi .

Que signifie « Oum El Bouaghi » ?
Personne ne le sait, mais le nom sonne bien arabe, cela devait largement suffire aux scribouillards du Parti Unique. Cependant, la transcription en arabe et en français ne donne pas le même sens au mot.

En arabe أم البواقي : signifie littéralement : « la mère des restants, des résidus ». Le mot est sans doute une arabisation maladroite d’un toponyme berbère. Dans la transcription latine du nom, au lieu d’écrire Oum El Bouaki ou El Bouagui, on retrouve curieusement sur les panneaux de signalisation  « Oum El Bouaghi » avec un « gh ». On devrait donc prononcer أم البواغي , altération de باغيات   ( pluriel de باغية “prostituée “), pas très flatteurs pour les habitants de la ville .

Les décideurs auraient pu nous  épargner cette scandaleuse aberration, il aurait fallut tout simplement rendre à la ville son véritable nom : Macomades .

Jugurtha Hanachi

Lire l’article : L’étymologie du mot « Macomades », ancien nom de la ville d’Oum El Bouagui