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La Numidie, berceau potentiel de la culture amazighe

« Le propre d’un terrain culturel, c’est d’occuper une certaine aire géographique, de se trouver distribué d’une façon continue à l’intérieur d’un certain périmètre ».

Claude Lévi-Strauss

Les recherches entreprises jusqu’ici pour remonter au tréfonds de l’identité berbère révèlent une profonde unité culturelle malgré une grande diversité apparente. Cette entité peut paraître paradoxale, mais elle dénote une caractéristique majeure pour comprendre le monde amazigh [Tamazgha,  ⵜⴰⵎⴰⵣⵖⴰ].

Malgré tout, une remarque émerge de manière constante : quelles que soient les périodes considérées, la région connue dans l’Antiquité comme étant la Numidie a joué, semble-t-il, un rôle de pivot incontournable.

Tant et si bien qu’il semble légitime de se poser la question : la Numidie serait-elle  le foyer historique et culturel  de la culture amazighe ?

L’analyse développée dans le texte qui suit va donc s’efforcer d’apporter un éclairage circonstancié sur une interrogation peu débattue, du moins sous cet angle.

Après avoir défini ce qu’on entend par le terme générique de ”Numidie”, il sera évidemment utile de se focaliser sur l’essence et les foyers de ce qui apparaît être un creuset civilisateur. L’idée sous-jacente est celle de pouvoir expliquer l’émergence d’une telle hypothèse.

Or, les toutes dernières découvertes archéologiques et scientifiques semblent abonder dans ce sens.

Carte des aires historiques de l'Afrique du Nord
Carte des aires historiques de l’Afrique du Nord
  1. L’espace géographique de la Numidie.

On a d’abord pensé que le terme de ”Numidie” provenait du grec ancien, ensuite latinisé, signifiant « terre de nomades » [nomadia, Νομαδια]. En fait, il s’agit d’un terme erroné puisque la population était composée de tribus sédentaires et d’autres semi-nomades. Gabriel Camps[2] affirme : « qu’il n’y a aucun raison de croire que celui-ci vient du grec […]. Si les Romains avaient en effet acquis ce mot directement des Grecs, ils l’auraient intégré au système imparisyllabique de la 3e déclinaison. Si les Latins, ont appelé Numidae les mêmes peuples que les Grecs, à la suite d’un calembour, ont baptisés Nomades, c’est que les uns et les autres avaient un modèle nord-africain, qui semble plus berbère que punique. On connaît en effet dans l’onomastique libyque un grand nombre de noms commençant par NM. »

La Numidie a été un royaume berbère de 202 av. J.-C. à 46 av. J.-C., puis une province romaine de 46 av. J.-C. au Ve siècle de notre ère. Le terme Amazigh [ⴰⵎⴰⵣⵉⵖ ⵎⵣⵗ] désignant le peuple (berbère) de cette aire géographique est au pluriel Inumiden [ⵉⵏⵓⵎⵉⴷⴻⵏ].

La capitale de la Numidie était alors Cirta (terme latin). Il s’agit de l’actuelle ville de Constantine, en Algérie de l’Est. Cette dernière dénomination est un héritage de l’empereur romain Constantin Ier, en l’an 313 de notre ère.

Antérieurement, Cirta / Constantine, était une ville phénicienne et libyque [ⵇⵙⵏⵟⵉⵏⴰ] fort ancienne, puisqu’elle a été considérée comme la capitale de la Numidie depuis 300 av. J.-C.

En fait, la linguistique semble confirmer que le terme latinisé de ‘Cirta‘ provient lui-même d’une racine libyque. L’Encyclopédie berbère[3] précise : « Il est douteux que le nom de Cirta  soit un mot d’origine phénicienne signifiant « ville ». Sur les monnaies de Cirta,  à légendes néopuniques et datées de la fin du IIe  siècle avant notre ère, on lit, en effet, KRTN (Kirthan)  avec un kaph.  Or le terme phénicien QRT (Qart) débute par un qoph  (Mazard, Corpus,  n° 523-529). Il faut donc plutôt attribuer à ce nom une origine libyque. »

L’espace géographique numide se trouve donc bien au cœur de la légitimité du questionnement antérieur.

1.1.Étendue de la zone. La Numidie est une zone tampon couvrant dans sa partie orientale le nord-est algérien et la partie occidentale de la Tunisie. Cet espace présente une façade maritime septentrionale, bordée à l’ouest par les monts de Kabylie et à l’est par le relief tunisien. Le sud-est du territoire s’étend jusqu’au chott el-Djérid et se prolonge même jusqu’à la partie occidentale de la Libye. Elle inclut aussi les Aurès, un massif montagneux faisant office de barrière climatique entre un versant septentrional atlassien et un versant méridional de type saharien.

Dans le même chapitre consacré aux ”Numides”. G.Camps[4] précise : « Situés entre le territoire de Carthage et les Maures, les Numides occupaient d’immenses régions, celles que nous avons nommées Berbérie orientale et Berbérie centrale. Il n’est donc pas surprenant que, lorsque se formèrent les royaumes historiques, il y en eut deux chez les Numides : le royaume massyle, qui occupait les régions les plus proches du territoire carthaginois et s’étendait jusqu’à la région de Cirta (Constantine), correspondant approximativement à la Berbérie orientale, et le royaume masaesyle, beaucoup plus étendu, qui occupait le reste de la partie nord de l’Algérie actuelle, c’est-à-dire la Berbérie centrale. »

En tout état de cause, le terme de Numidie est utilisé ici par convenance topographique plus que sur un plan historique. Il inclut donc une aire méridionale plus étendue. Cette dernière zone ne correspond pas exactement au terme historique habituellement employé. L’appellation proposée s’appuie donc davantage sur une réalité physique et culturelle s’étendant jusqu’au djebel Nefoussa, en Libye, le long de la frontière algérienne.

Cette dernière remarque présente un intérêt particulier. Le djebel Nefoussa est en effet un foyer berbère ibadite, héritier de l’ancienne civilisation libyque des Garamantes (originaires de Carama). Ceux-là même que l’on a qualifiés comme étant des « conducteurs de chars ». Un facteur historique qui a vraisemblablement été essentiel dans le commerce transsaharien de cette époque appartenant à la protohistoire. Pour ajouter une dimension culturelle supplémentaire, le djebel Nefoussa témoigne de l’utilisation des entrepôts communaux berbères connus sous le nom de ghorfa dans le sud tunisien, et de guelâa (arabe) / hiqliEin -ⵀⵉⵇⵍⵉⵄⵉⵏ (tamazight) dans les Aurès.

1.2. Le cadre physique et le positionnement géographique. De plus, le territoire numide se caractérise par son relief. Or, il existe de facto un lien entre les massifs montagneux et la préservation du ferment culturel amazigh.

Si l’on considère ensuite l’axe Est/Ouest, on s’aperçoit que l’on se trouve en présence d’une zone filtrant d’une part les apports orientaux, et d’autre part ceux émanant de « l’occident extrême » (Maghrib al-Aqsa, en langue arabe : المغرب الأقصى).

À l’inverse, si l’on se penche sur l’axe Nord/Sud, on voit que la zone côtière méditerranéenne au nord se prolonge en une zone aride désertique au sud.

Le territoire offre donc trois types de climats : tempéré (au nord), froid (dans les montagnes centrales) et semi-désertique (au sud).

C’est ce qui fait dire à Jean Servier[5] que « toute l’histoire du Maghreb est conditionnée par cette côte, ces chaînes de montagnes, ces cours d’eau, cette avenue fertile et ce désert. »

On se trouve ainsi en présence d’un foyer central ayant subi un véritable croisement d’influences (Est/Ouest et Nord/Sud). Ce creuset culturel s’affirme sur un plan anthropologique tout d’abord, mais également sur un impact culturel maritime à double volets. En effet, il faut  souligner l’influence fondamentale des Carthaginois, tout autant que celle, plus limitée, des peuples protohistoriques des îles italiennes du détroit de Sicile. « La Berbérie de l’Est fut, dès le Néolithique, en relation avec les pays de la Méditerranée orientale, et particulièrement avec sa voisine immédiate, la Sicile[6]. » De toute évidence, les îles méditerranéennes voisines ont joué un rôle majeur, en particulier dans la diffusion de la céramique et la conception monumentale d’édifices mortuaires.

On se trouve donc en présence d’un territoire charnière, situé au croisement de quatre zones d’influences majeures :

  • Une large façade orientale, propice à l’arrivée terrestre de migrations venues de l’Est.
  • Une bordure côtière septentrionale, allant des monts de Kabylie jusqu’au relief du Nord-Ouest tunisien, véritable extension du massif de l’Atlas. La présence d’une façade maritime va favoriser les échanges avec les îles italiennes et surtout avec le commerce phénicien. Il est bon de rappeler, à ce sujet, que le commerce carthaginois n’était pas uniquement restreint au commerce maritime, mais qu’il incluait un vaste réseau de négoce intérieur.
  • Un versant sud saharien propice au nomadisme et surtout à une ouverture vers les peuplades ”éthiopiennes” (appellation utilisée alors pour désigner les populations négroïdes du Sud).
  • Enfin, une longue façade occidentale permettant une progression vers l’occident-extrême, mais aussi en sens inverse, facilitant les échanges commerciaux et culturels avec les territoires des Maures, qui ont été eux-mêmes soumis une influence ibérique.

Il faut ajouter à ce tableau topographique une dimension proprement interne : celui d’un peuplement préhistorique existant depuis la nuit des temps. Ce premier héritage a joué un rôle préparatoire aux apports ultérieurs.

Gabriel Camps[7] avait déjà développé cette idée : « Seule la géographie paraît responsable de ce qui est généralement imputé aux hommes. »

Cette constatation géographique fait donc apparaître deux éléments clés dans le rôle joué par la Numidie. Tout d’abord, cette région est un territoire de convergences diverses. Ensuite, elle devient un réceptacle d’influences multiples, préservées grâce à la prédominance physique d’un relief la caractérisant. C’est d’ailleurs ainsi qu’elle se rattache culturellement à la Haute Kabylie.

De toute évidence, on retrouvera un ferment culturel identique dans les arts mineurs tels que la céramique, l’orfèvrerie ou le tissage. Or, ces éléments jouent un rôle artistique unificateur dans la vie journalière et culturelle du peuple amazigh.

 

  1. L’élaboration de l’héritage d’un cadre numide.

L’objet de cette étude n’est pas de faire une description historique détaillée. Il s’agit avant tout de susciter une prise de conscience sur l’ensemble des données pointant vers un creuset potentiel de la civilisation amazighe maghrébine. Cet apport génère une discussion éventuelle sur le bien-fondé du sujet évoqué.

2.1. L’anthropologie. Les découvertes et les analyses apportées par l’anthropologie sont essentielles à l’ouverture de ce débat. Plus spécifiquement encore, quand on considère les dernières découvertes, dont certaines sont toujours en cours d’étude.

2.1.1. Les fouilles d’Aïn Boucherit [2.4M]. En décembre 2018, une équipe internationale découvre sur le site d’Aïn Boucherit[8], dans la région de Sétif, les restes de ce qui semble être un charnier animal préhistorique. La datation révèle qu’il s’agit vraisemblablement d’un site d’hominidés beaucoup plus ancien qu’on aurait pu l’imaginer. Cette surprenante découverte déplace non seulement l’origine connue des premiers hominidés de l’Est africain à la côte nord-méditerranéenne du continent, mais la datation des outils de pierre de style Oldowan la place aussi en seconde position après ceux de Gona, en Éthiopie (2.6M).

2.1.2. L’Atérien [Paléolithique moyen au paléolithique supérieur]. Cette industrie lithique, qui a commencé il y a 130,000 ans et s’est éteinte il y a environ 30,000 ou 20,0000 ans, a caractérisé  toute la partie nord-ouest de l’Afrique jusqu’au Niger. Elle n’est donc pas seulement cantonnée au seul territoire numide.

C’est pourtant bien le lieu de la première découverte qui a suscité son appellation. Le site de Bir el-Ater est situé à 87km au sud de Tébessa, à quelques kilomètres seulement de la frontière tunisienne. Ce site archéologique découvert en 1922 par le préhistorien Maurice Reygasse (1881-1965)  est donc à l’origine de l’homme atérien, de type moustérien africain.

Si cette zone de plaine est aujourd’hui semi-désertique, elle était encore fertile à l’époque romaine où l’agriculture y était florissante.

2.1.3. L’homme de Mechta el-Arbi ou Ibéromaurusien [Paléolithique supérieur]. Ce type d’homme cromagnoïde a lui aussi été découvert pour la première fois sur un site proche de la petite ville de Cheghoum-Laïd, à une soixantaine de kilomètres à l’Ouest de Constantine.

Entre 23,000 et environ 10,000 ans, l’Ibéromaurusien a succédé au type moustérien sur le territoire nord-africain, en particulier le long du littoral. La rubrique de l’Encyclopédie berbère mentionne sous la plume de Gabriel Camps[9] « qu‘il ne fait plus de doute que l’Homme ibéromaurusien soit l’Homme de Mechta-el-Arbi. Les hommes du type de Mechta-el-Arbi ont constitué de véritables nécropoles ; celle d’Afalou Bou Rhumel livra les restes de quelque 50 sujets ; aujourd’hui ce chiffre est dépassé par celui de la nécropole de Taforalt (Férembach, 1962) : 180 sujets dont 45 enfants mort-nés ou âgés de moins d’un an, et par celui de la nécropole de Columnata appartenant en partie à l’Ibéromaurusien qui renfermait les ossements de plus de 120 individus (Chamla, 1970). »

2.1.4.Le Capsien [épipaléolithique]. Ce type d’Homme a « des caractères nettement distincts de ceux de l’Homme de Mechta el Arbi[10] ». Son nom a pour origine le « gisement d’El-Mekra situé en Tunisie près de Gafsa (d’où le terme de Capsien, tiré de Capsa, nom antique de cette ville.[11] »

L’anthropologie constate que : « les Capsiens appartenaient à des populations de type méditerranéen.[12]» Son aire géographique est également bien délimitée. « Au nord elle correspond à la lisière sud de l’Atlas Tellien, à l’est à un méridien situé à quelques cinquante kilomètres au-delà de Gafsa. Le Capsien est, en effet, essentiellement continental et n’atteint jamais la mer. C’est une civilisation des Hautes-Plaines., À l’ouest et au sud ses limites sont plus imprécises. Dans l’état actuel des recherches elles correspondent, en gros, d’une part à une ligne joignant Tiaret à Laghouat et, d’autre part, à la bordure pré-saharienne allant de cette dernière ville au sud de Gafsa et passant par Ouled-Djellal, Biskra et Négrine[13]»

On constate donc, une fois encore, que la Numidie se trouve en être le berceau principal. Fait d’importance quand on sait que cette civilisation est aujourd’hui pressentie comme étant à l’origine du peuple Amazigh moderne.

Ces différentes étapes dans l’échelle préhistorique dénotent avant toute chose une permanence intemporelle de la zone géographique concernée. De toute évidence, au regard de l’Histoire, elle apparaît désormais comme un foyer humain essentiel, et en tout cas inattendu jusqu’à une époque récente.

S’il s’agit d’un germe vital désormais incontournable, il faut bien faire une distinction entre les découvertes scientifiques et une origine attestée d’une civilisation amazighe. En effet, seul aujourd’hui le Capsien peut être considéré comme étant l’ancêtre potentiel des ‘Berbères’, comme le texte[14] publié récemment le définit.

Il paraît donc essentiel ici, de souligner l’importance d’un foyer humain ancestral, servant de gêne au creuset d’un développement culturel progressif.

2.2. La céramique [Néolithique]. Ce ferment vital, tel qu’il vient d’être défini à la période préhistorique, va donc se prolonger, s’étoffer, à la protohistoire. Dans un ouvrage consacré aux « Berbères », l’historien et sociologue Jean Servier[15] écrit la réflexion suivante : « Il faut tenir compte des relations existantes entre les habitants du littoral du pays berbère et les peuples qui occupaient les côtes et les îles de la mer Égée pendant le IIIe et le IIe millénaire avant notre ère. Des influences de la civilisation égéenne ont pénétré Malte, la Sicile, la Sardaigne et les Baléares, sans doute jusqu’en Espagne et au-delà. Aux derniers siècles de cette longue période, des objets fabriqués dans les pays de la rive sud, où, sans doute, ils ont pu servir de base à l’inspiration des artisans. » Cette ”inspiration” artisanale est à l’origine d’un art berbère dont le symbolisme décoratif, de style surtout géométrique, en constitue une marque de reconnaissance. Il apparaît aussi dans les motifs du tissage, de la poterie, de l’orfèvrerie, voire du tatouage.

Or, l’ethnologie atteste, par exemple, que c’est grâce à ces échanges interculturels, qu’une civilisation peut ainsi s’échapper de son isolement pour progresser. Claude Lévi-Strauss[16] mentionne explicitement la poterie dans ce domaine d’influence. « Si les peuples d’une région possèdent la céramique, c’est qu’ils l’ont empruntée au peuple voisin, qui l’avait lui-même empruntée à un autre, etc. ».

Cette acception est également confirmée par Gabriel Camps[17]. « Ce courant méditerranéen s’est manifesté dès le Néolithique. Le littoral du Maghreb connaît alors les mêmes cultures et les mêmes styles de poterie que les autres régions de la Méditerranée occidentale. »

Hormis la Kabylie, il existe deux centres principaux pour la conception de la poterie numide (appelée ideqqi en kabyle). Ce style de poterie traditionnelle, datant du IIe millénaire av. J.-C., est destiné à la cuisson et à la conservation alimentaire. Il s’agit d’abord de l’Aurès, principalement la région des gorges de Ghoufi [prononciation : Rh-], dont la couleur caractéristique est le rouge-brun. Puis celle de Sejnane, dans le massif montagneux des Mogods, au nord de la Tunisie, à proximité de la frontière algérienne. Cette dernière poterie artisanale féminine – comme celle de Kabylie ou de l’Aurès – se caractérise par un engobe d’argile blanc ou d’ocre rouge. Elle a la particularité d’inclure des figurines animales ou humaines. En décembre 2018, l’Unesco[18] l’a inscrite au patrimoine mondial immatériel de l’humanité. On note également que la poterie de Sejnane favorise le dessin des signes symboliques berbères et que ses couleurs la rapprochent de celui traditionnellement utilisé en ”Petite Kabylie”. À l’opposé, la sobriété de la poterie aurasienne, reflète une authenticité plus proche de sa conception originelle, due en partie à l’éloignement du littoral, facteur vraisemblable  d’un isolement culturel plus tenace. Gabriel Camps[19] note cependant « qu’on devine en effet une pénétration de types de céramiques de l’âge du bronze dont les formes caractéristiques subsistent encore, à l’état de reliques, dans la vaisselle aurasienne. »

À ce stade, on constate également que les fouilles entreprises dans le Constantinois, plus précisément sur le site de Tiddis, ont permis d’établir une source probable sur l’origine de la poterie berbère telle qu’elle subsiste encore aujourd’hui. Voici ce que dit l’archéologue et historien Serge Lancel[20] (1928-2005) à propos de la céramique de Tiddis : « Un grand nombre de poteries modelées dont les décors peints figurés ou géométriques sont sans doute à l’origine des motifs qui se perpétuent aujourd’hui encore sur les vases kabyles. » Ce style a reçu le nom de « poterie cirtéenne » et révèle donc comment un apport extérieur a pu être modifié par l’ajout d’un décor inspiré par la créativité d’une intégration locale.

Et puisque ces exemples de céramique antique ont été exhumés à l’intérieur de tombes funéraires, ceci nous conduit tout naturellement à évoquer le volet d’une seconde influence méditerranéenne relative à l’inhumation.

Ce double héritage est clairement établi par Gabriel Camps[21]. « Des îles italiennes et du sud de la péninsule passèrent en Afrique deux types de sépultures caractéristiques, les haouanet et les dolmens, certaines formes de céramiques et de poterie peinte, modelée encore aujourd’hui par de nombreuses populations rurales. »

2.3. Les édifices mortuaires [Néolithique]. Si les rites mortuaires d’inhumation demeurent une pratique habituelle, l’archéologie considère que l’édification des monuments commémorant les défunts est un usage hérité des îles méditerranéennes proches du littoral nord-africain. « La Berbérie de l’Est fut, dès le Néolithique, en relation avec les pays de la Méditerranée orientale, et particulièrement avec sa voisine immédiate, la Sicile. » [Gabriel Camps[22]]

Ces édifices commémoratifs sont une caractéristique de la Numidie. Ils sont d’ailleurs particulièrement nombreux à proximité des côtes, comme par exemple dans la région historiquement berbère du cap Bon ou dans le massif des Mogods en Tunisie.

Il existe plusieurs formes de monuments funéraires. Ce sont soit des tumulus, des dolmens, ou des hypogées de forme cubique. Les tombeaux circulaires comme celui du Médracen sont postérieurs et datent de la période carthaginoise.

Les deux types d’inhumation, présentant un lien étroit avec la Numidie de cette époque, sont donc les dolmens et les hypogées.

2.3.1.Les dolmens. On remarque tout d’abord que cette tradition néolithique se trouve exclusivement dans la partie nord de la Numidie, et surtout à proximité des côtes. Elle perpétue une tradition existante dans les îles du détroit de Sicile. « Comme les haouanet [voir le chapitre suivant 2.3.2], les dolmens ont pénétré à l’intérieur des terres, mais c’est le long du littoral qu’ils atteignent les points les plus éloignés de leur région d’introduction, qui semble bien devoir être située sur les côtes d’Algérie orientale et de Tunisie  septentrionale[23]»

Gabriel Camps[24] ajoute également que l’on peut distinguer trois zones dans ce qu’il définit comme étant le ”pays des dolmens” :

  • « La première région est celle de l’Enfida en Tunisie orientale, dont les dolmens sont de petite taille, toujours précédés d’un couloir et souvent juxtaposés. »
  • « Sur le littoral septentrional, les dolmens couvrent d’une manière discontinue une bande qui va de Tabarka à Djidjelli et s’arrête brusquement à l’ouest de cette ville. Ces dolmens sont plus grands et groupés en de petites nécropoles. »
  • « Il faut pénétrer dans la troisième région, qui double la précédente dans l’intérieur, pour trouver d’immenses nécropoles comptant plusieurs milliers de dolmens (Roknia, Bou Noura). Cette même région s’étend à la Tunisie centrale, caractérisée par les grands monuments mégalithiques à chambres multiples et portiques. »

Force est donc de constater, une nouvelle fois, que le théâtre de ces influences extérieures proches, a pour cadre la région de la Numidie telle qu’elle a été décrite au tout début de cette analyse.

Par ailleurs, il semble utile de faire une description plus précise de ce type de sépulture de caractère indigène. Un article de G. Camps dans l’Encyclopédie berbère[25] explique que « le plan des dolmens nord-africains est généralement rectangulaire ou du moins quadrangulaire » (p.2491) et que de plus « ces monuments sont presque tous entourés d’un cercle de pierres», ce qui leur donne « un caractère méditerranéen essentiel. » Comme on l’a vu précédemment au sujet de la céramique [réf.2.2], il s’agit là d’une influence de proximité émanant des îles du détroit de Sicile. « Par leur architecture et leur localisation les dolmens littoraux, plus anciens que ceux de l’intérieur, sont les témoins de la faible pénétration des cultures de la Méditerranée dans la partie orientale du Maghreb. La Corse, l’Italie péninsulaire, la Sardaigne possèdent à côté de monuments plus importants, des dolmens identiques à ceux d l’Afrique du Nord.[26] » (p.2508)

2.3.2. Les hypogées. Les sites funéraires, existant en Algérie orientale et en Tunisie (surtout sur la côte nord et dans la bordure occidentale) sont particulièrement révélateurs et viennent corroborer le cadre des recherches en cours d’élaboration. «  Les haouanet sont confinés dans le triangle au nord-est de la Berbérie, à l’est d’une ligne passant par Bejaïa (ex Bougie) et l’île de Djerba.[27] »

Le terme utilisé pour désigner ce type de sépulture est un mot d’origine arabe hanout [حانوت], au singulier) / haouanet (au pluriel) signifiant « boutique ». Il s’agit, en fait, de chambres funéraires antiques, creusées à flanc de rocher. Comme pour la localisation des dolmens, on parle donc d’une concentration justifiant l’appellation de « pays des haouanet. »

« Par leurs dimensions exiguës, leur forme cubique, l’absence de dromos (ou la très faible longueur du couloir qui en tient lieu), les haouanet d’Algérie et de Tunisie rappellent surtout les tombes sicules du Bronze terminal (Pantalica, Cassibile). Elles révèlent donc les relations préphéniciennes les plus récentes avec la Sicile[28]. »

Deux remarques initiales apparaissent alors. Tout d’abord, le périmètre spécifique des haouanet cadre avec celui de la Numidie, tel qu’il a été défini au tout début de la présente étude. Ensuite, on s’aperçoit que ce type de sépulture est toujours creusé dans une paroi rocheuse, que l’on pourrait assimiler à une caverne artificielle. « Les haouanet sont de petites grottes artificielles de forme régulière, cubique ou parallélépipédique qui ouvrent sur l’extérieur par une baie verticale de petites dimensions (de 0,80 m à 0,50 m de côté).[29] » Il semble donc pertinent d’approfondir ces données en relation avec ce que l’on sait de la culture amazighe.

Image en coupe d'haouanet © JC.Golvin
Image en coupe d’haouanet © JC.Golvin

Mais avant tout, il est utile de définir précisément l’aire archéologique des haouanet. On peut encore citer ce que Gabriel Camps[30] a écrit à ce sujet : « Les tombes creusées en hypogées caractérisent la Berbérie orientale, et plus particulièrement le Cap Bon, le pays au nord de la Medjerda et la partie de l’Algérie située entre la frontière et la Seybouse. En Sicile et en Sardaigne, ces sépultures apparaissent dès le Chalcolithique mais on creusait encore à l’âge du fer. » L’article de l’Encyclopédie berbère qui leur est consacré précise que: «  les petits hypogées du Maghreb, localisés en face de la Sardaigne et de la Sicile, d’où ils semblent venir, appartiennent, comme bien d’autres éléments de la culture berbère, à un courant méditerranéen archaïque, antérieur à la culture punique.[31] » Il semble malgré tout que leur datation demeure hypothétique : « On la place en effet entre la fin du deuxième millénaire avant J.-C. et le deuxième siècle de notre ère.[32] »

Toutefois, en ce qui concerne ces hypogées, tombes creusées le plus souvent dans des parois rocheuses, un lien apparaît entre leur origine régionale méditerranéenne et leur adoption, adaptée au concept amazigh local.

Une dimension sociologique viendra donc compléter les données archéologiques.

2.3.3. La montagne et l’abri rocheux. On a souvent fait état de la propension du peuple amazigh pour la caverne ou le rocher, éléments naturels ayant une valeur ethno-symbolique. En Tamazight, le terme ifri [ⵉⴼⵔⵉ] signifie ”caverne”.

Topographiquement, on retrouve la racine de ce mot dans le nom de plusieurs localités de l’Afrique du Nord. Le site montagneux d’Ifrane au Maroc en est un. Ifran [ⵉⴼⵔⴰⵏ] est d’ailleurs la forme pluriel du singulier ifri. Ifri est aussi le nom d’un village de Kabylie, à proximité de Béjaïa, sur la côte algérienne.

Un site consacré à la toponymie amazighe de la Tunisie[33] mentionne « qu’il semble probable que du terme amazigh libyque « IFRI » (la grotte) se soit formé le nom de la tribu des FRINI IFREN dans le bassin de Carthage. »

Le terme arabe de la province d’Ifriqiya [إفريقية ] utilisé au Moyen Âge correspond au territoire allant du Constantinois à la Tripolitaine, englobant aussi la Tunisie actuelle. Il fait appel à la racine ifri désignant en Tamazight [ⵉⴼⵔⵉⵇⵢⴰ] ce vaste territoire. Le nom « Afrique » pourrait trouver son origine dans la tribu des ”Afridi” près de Carthage. Or, le terme latin est lui-même calqué sur le nom Afer ou Ifren formé à partir du radical ifri. Avant donc d’être étendu à tout un continent, le terme latin Africus désignait le territoire de la tribu libyque des Afri.

Il semble par ailleurs que le mot Ifri ait également été le nom d’un ancêtre Amazigh.

Pour aller plus loin encore, dans le domaine de la sociologie amazighe/berbère, il y a là une sorte de permanence socio-historique. L’image de la montagne est d’abord celui d’un lieu défensif naturel. Le mot Tamazight est ”adrar” [ⴰⴷⵔⴰⵔ], terme féminin utilisé dans la topographie saharienne (par exemple, la province algérienne d’Adrar, ou encore  l’Adrar Afao (2158m), point culminant du Tassili n’Ajjer). L’environnement montagneux n’a pas seulement une valeur de protection. Il évoque la fraîcheur environnementale, les sources d’eau à caractère vital, les pâturages destinés à l’élevage. Sur un plan plus sacralisé, c’est aussi le lieu propice de la pensée spirituelle. Quant à « l’abri rocheux [ifrî] » préférable au mot « caverne », il est perçu tout naturellement comme un lieu d’habitat privilégié. La raison pourrait être tout simplement d’ordre pratique en fonction des variations climatiques inhérentes au relief atlassien (il peut neiger et faire très froid l’hiver) ou très chaud et sec à la belle saison. Pour illustrer ce phénomène bien connu, les Matmata du sud tunisien perpétuent cette tradition dont l’avantage est de procurer une douceur intérieure agréable en toute saison. On retrouve ces traces d’abris dans les gorges de Ghoufi, parmi les Chaouis de l’Aurès.

Ceci peut aussi expliquer pourquoi le site des gorges de Constantine, ville-forteresse, au relief aussi dramatique,  a été choisi pour devenir la capitale de la Numidie.

On peut donc sociologiquement penser que le type d’hypogée, appelé hanout / haouanet [réf.2.3.2] ne serait, en quelque sorte, qu’une continuité mortuaire d’une propension appartenant au monde des vivants.

Symboliquement parlant, les hypogées (haouanet) sont de forme cubique. Or, en ethnologie la figure géométrique du carré est associée à la vie terrestre. On peut donc percevoir que ces sépultures creusées dans le rocher/montagne – et non pas mises en terre – sont le reflet post mortem de la vie terrestre du défunt numide.

On peut élargir cette conception à celle de la construction plus tardive du ”marabout” ponctuant le visage de la ”Berbérie” après l’islamisation. Le ”marabout” est le tombeau d’un saint-homme. Il s’agit d’un édifice appartenant à l’espace maghrébin et qui est toléré par l’islam. Or la caractéristique du ”marabout” est d’être parfaitement cubique ; la seule différence étant que cette sépulture, au lieu d’être souterraine, est visible à la surface de la terre.

À ce sujet, parlant de la période chrétienne, Jean Servier[34] cite : « Saint Augustin s’exclamant : ”Notre Afrique n’est-elle pas toute semée des corps des saints martyrs” (réf. Epist. LXXVIII, 269), reconnaissait l’existence de ces tombeaux blancs, immuables gardiens des cols et des montagnes, qui plus tard devaient devenir, pour la même raison, les saints reconnus de l’islam maghrébin. »

L’évangélisation musulmane a fait que cette fois la sépulture/montagne apparaisse dorénavant comme un lien entre le monde d’en bas et celui d’en-haut. Autrement dit, la conception d’appartenance autochtone a tout simplement été adaptée et a changé de position.

Selon un concept autochtone bien ancré, en accord avec le cycle agraire méditerranéen de régénérescence, le défunt tient une place importante. L’ethnologue algérien Malek Chebel[35] ajoute que : « le mort est donc un intermédiaire entre le monde sensible des gens « périssables » et celui des êtres « éternels » de l’au-delà. » (p.120)

2.4.Le signe de Tanit et l’influence carthaginoise. On sait que le signe dit de Tanit[36] s’est largement répandu dans tout le Maghreb, en fonction de l’influence culturo-religieuse carthaginoise. Cet impact a été plus important dans la partie occidentale de la Tunisie et dans la façade orientale de l’Algérie, dû à la proximité de Carthage.
Signe de Tanit

Toutefois, il paraît utile d’y ajouter une remarque pouvant justifier sa propagation en milieu berbère.

Signe de Tanit
Signe de Tanit

Il existe par exemple une image symbolique fréquente dans les Aurès. Il s’agit d’une croix en X à laquelle une barre horizontale transversale est ajoutée  X. Cette image a une double valeur symbolique. Elle représente soit une sorte de croix, rappelant une roue solaire (qui, dans ce cas, a une barre verticale supplémentaire : X et +), soit s’apparente au Z berbère [ⵣ, yaz] racine du terme amaZigh [ⴰⵎⴰⵣⵉⵖ] au singulier, ou imaZighen [ⵉⵎⴰⵣⵉⵖⵏ] au pluriel. Ce mot est en effet la véritable appellation du peuple berbère. Il s’agit d’une racine sémitique : M-Z-Gh. Précisons que le son phonétique gh [ɣ] se transcrit [ⵖ] en Tifinagh

Il est bon de rappeler aussi que l’alphabet libyque date du IIe millénaire av. J.-C. L’alphabet Tifinagh [ⵜⵉⴼⵉⵏⴰⵖ] a été préservé par les Touareg [sg. Targui], puis modernisé au XXe siècle sous la forme des néo-tifinagh. La racine sémitique mentionnée auparavant pourrait donc se transcrire ainsi : [ⵎ-ⵣ-ⵗ]. Malgré tout, le Tamazight [ⵜⴰⵎⴰⵣⵉⵖⵜ], la langue amazighe, appartient à la branche linguistique chamito-sémitique, certes apparentée, mais différente du groupe sémitique auquel le phénicien, l’hébreu, le maltais ou l’arabe appartiennent.

Cette digression linguistique a l’avantage de confirmer l’ancienneté établie du Tamazight. En fait le signe [+ yat] existe en tant que lettre dans l’alphabet Tifinagh : il correspond au T latin. Il en va de même du signe [X], qui est la consonne fricative du (T). Le mot Tamazight pour ”soleil” est : [ⵜⴰⴼⵓⵢⵜ].

Malgré tout, si on se réfère à la conception des rites agraires amazighes, comme par exemple dans l’Aurès, l’image d’une roue solaire prévaut sur une conception à caractère nettement littéraire. Ce sera l’objet d’une prochaine étude consacrée à la poterie chaouie.

En fait, l’image symbolique aurasienne, prise à titre d’exemple, s’apparente à un signe de Tanit simplifié. ou tout au moins à une propension géométrique caractérisant l’art amazigh. Il n’est donc pas invraisemblable de penser que c’est de cette manière qu’a pu s’effectuer la fusion au sein des peuples libyques d’alors. Une image symbolique punique viendrait ainsi se fondre culturellement dans l’imagerie géométrique amazighe.

On le voit, la Numidie s’est trouvée, une fois encore, à la croisée des chemins du monde amazigh.

2.5.L’arbre et le rocher. Il faut aussi mentionner ce que le sociologue Jean Servier[37] évoque à ce propos, en parlant de la Kabylie, au sujet du « couple arbre-rocher » : « L’un représente le principe femelle, l’autre le principe mâle. » (p.15). Le signe culturel amazigh [ⵣ] est d’abord l’image d’un arbre stylisé, avec un tronc vertical, des racines tournées vers la terre nourricière, et des branches tendues vers le ciel. Jean Servier insiste sur : « la place de l’arbre dans la pensée des paysans de l’Afrique du Nord », jouant le rôle d’ « axis mundi ». (Ibid. p.17)

L’arbre est universellement associé à l’homme, dont il devient l’image.

On voit donc comment ce couple d’éléments naturels forme un nœud intangible identitaire. « Comme l’arbre, la pierre sacrée a été adoptée, tolérée par les religions révélées. » (Ibid. p.20)

Ceci peut d’ailleurs être lié à la conception des hypogées (”haouanet”, réf.2.3.2.). « Si la pierre est une Maison-Dieu, la montagne sera considérée dans certains cas, comme un lieu tout particulièrement favorisé par la présence des Invisibles. » (Ibid. p.21) Et Jean Servier ajoute : « L’arbre et le rocher sont donc des substituts du corps humain et peuvent fixer les âmes errantes, ils constituent comme le tombeau un lieu où l’on pourra les évoquer. » (Ibid. p.21)

 

3.L’Amazighité numide régionale.

L’analyse développée précédemment a tenté de révéler l’importance de la Numidie dans le rôle qu’elle a pu jouer  dans la diffusion d’une culture identitaire amazighe.

Elle a été un point de choc et de rencontres, au centre d’un axe horizontal (Est/Ouest) et vertical (Nord/Sud). On retrouve dans ce schéma le symbole identitaire de la croix [+].

Dans une phase initiale, la proximité des côtes maritimes souligne une première influence méditerranéenne pré-punique. « Des contacts préhistoriques avec la Sicile, Malte, l’Italie et la Sardaigne avaient introduit les premiers éléments d’une civilisation méditerranéenne.[38] »

Ensuite, l’arrivée des Phéniciens est venue se greffer sur ce socle initial en favorisant une nouvelle mutation socio-culturelle connue comme étant la civilisation punique. La branche berbère initiale s’est progressivement amalgamée aux nouveaux arrivants. Pour l’illustrer par l’image du verre à moitié plein, on peut considérer soit la partie vide, soit la partie pleine. L’Histoire a trop souvent parlé de la moitié pleine, en oubliant le contenant puisqu’il serait ”vide” ! Or si l’Ifrîqyia orientale est avant tout un domaine appartenant à la civilisation punique carthaginoise, il faut admettre au préalable qu’elle n’a pu se développer que parce qu’elle y avait trouvé un terrain de prédilection favorable. « Si Carthage a si profondément marqué de son empreinte la région la plus orientale de cet ensemble, c’est qu’elle y a trouvé un terrain déjà préparé.[39] »

Enfin, sur un troisième plan, physique celui-là, le relief a vraisemblablement joué un rôle complémentaire en préservant les acquis précédents. La montagne a servi de cadre protecteur, ayant pu éventuellement être altéré par des critères identitaires locaux. Cela explique alors les différences entre, par exemple, l’artisanat des Kabyles et celui des Chaouis. Ainsi, comme le massif des Aurès est géographiquement plus isolé, il est probablement resté encore plus proche de ses racines ancestrales, comme la poterie ou l’orfèvrerie chaouie semblent le révéler.

En tout état de cause, l’élaboration et la mixité de ces apports forment ce qu’il serait convenu d’appeler les signes tangibles d’un fond culturel commun des Imazighen (pl. Amazigh).

Par voie de conséquence, ce processus a alors fusionné dans la création, somme toute logique, d’une culture amazighe s’étendant à toute l’Afrique du Nord maghrébine. Ce serait donc ainsi qu’on pourrait considérer la Numidie comme étant le berceau de l’Amazighité.

4.Les éléments intangibles du creuset culturel. Arrivé à ce stade de notre analyse, on peut donc résumer les principaux éléments intangibles de la culture amazighe.

4.1.La poterie et la céramique. Parmi les arts mineurs, on a déjà évoqué l’influence méditerranéenne de la céramique révélant que : « d’autres échanges avec la Sicile, la Sardaigne et l’Italie méridionale sont décelables. On devine en effet une pénétration de types de céramique de l’âge du bronze dont les formes caractéristiques subsistent encore, à l’état de reliques, dans la vaisselle aurasienne.[40] »

Que ce soit dans l’Aurès ou dans les monts de Kabylie, cette poterie est une prérogative féminine. Elle est principalement utilitaire, composée de jarres, de cruches, de plats, d’assiettes, d’aiguières, de pots et de bols.

Elle se caractérise par un décor géométrique symbolique qui a été parfaitement codé et déchiffré, tout particulièrement en Kabylie. Il est vraisemblable qu’il s’agit là d’un apport culturel appartenant en propre aux sociétés amazighes. Ce symbolisme, profondément dualiste, est ancré dans le cycle agraire des saisons, comme le fait remarquer Jean Servier, mais aussi dans celui de la procréation à tous les niveaux. La sobriété de la poterie chaouie représente cet ”état de reliques” évoqué par G.Camps qui semble bien être la plus proche par ses formes épurées de ses lointaines sources protohistoriques.
Poterie cirtéenne

Poterie cirtéenne
Poterie cirtéenne

En 1945, un Père blanc de Kabylie, M. Devulder[41], note déjà que « les poteries modelées, dont la décoration surgie du fond des âges, dont la technique, la forme, le décor sont identiques à ceux extraits des dolmens, sont les reliques vivantes des premières civilisations. »

© photographies deThérèse Rivière & Germaine Tillion
© photographies deThérèse Rivière & Germaine Tillion 45

4.2.Le tissage. Cette autre activité réservée aux femmes tient une grand place dans la vie villageoise berbère. Elle possède avant tout une fonction utilitaire primordiale à cause du climat saisonnier ou bien à cause du relief, nécessitant la confection de couvertures de laine pour se protéger de l’humidité ou du froid. Par ses couleurs vives et sa décoration géométrique, il caractérise l’art amazigh tout autant que la poterie. Le céramiste J.B Moreau[43] affirme d’ailleurs que : « Le tissage ayant une valeur quasi religieuse, on ne s’étonnera pas de ce qu’il ait été le premier réceptacle de toute la symbolique des civilisations agraires du monde méditerranéen. ». D’ailleurs, sur certaines poteries kabyles des Maatkas, on retrouve la figuration stylisée du peigne à tisser en tant que symbole de fertilité.

4.3.L’orfèvrerie. Les premiers travaux de recherche entrepris sur les formes et les symboles de l’orfèvrerie conduisent aux mêmes interprétations. L’orfèvrerie berbère est plus tardive, car elle implique le travail de l’argent, caractéristique des sociétés amazighes. Il s’agit cette fois d’un travail d’homme, très souvent d’artisans juifs, dédié à la femme amazighe. Consécutif à l’âge des métaux,  il s’agit d’une industrie plus récente, ayant vraisemblablement été influencée par d’autres inspirations méditerranéennes plus tardives. C’est par exemple le cas des émaux kabyles.

L’existence d’une tradition d’orfèvres juifs illustre cette dernière remarque. D’Ibn Khaldun à Marek Halter, en passant par Roger Ikor ou Gisèle Halimi, les références aux juifs berbères de l’Aurès sont nombreuses. La légendaire ”Kahina”, reine berbère de la tribu juive des Djeraoua de l’Aurès demeure une figure emblématique légendaire.

On note, par exemple que l’orfèvrerie djerbienne demeure encore aujourd’hui le domaine d’artisans juifs sur cette île aux racines amzighes.

4.4.Le tatouage. Il s’agit ici d’un trait identitaire concernant surtout le corps féminin. La femme berbère joue un rôle essentiel dans la société. Elle est à la fois la procréatrice et la gardienne de la tradition. Le tissage et la poterie appartiennent à son champs de prérogatives. Les parures d’argent qui lui sont destinées – œuvres d’orfèvres masculins – portent les stigmates d’un symbolisme illustrant sa place sociétale.

En fait, les croyances magiques jouent un grand rôle, plus encore dans les campagnes qu’en ville. Il faut s’assurer de se protéger contre le ”mauvais œil”.

Une première forme de protection consiste donc à conjurer le sort en utilisant des images symboliques traditionnelles, comme par exemple la « main de Fatma », héritée des Phéniciens. « Une protection magique consiste à peindre sur les portes, poteaux, arbres et autres lieux visibles des représentations de l’œil humain.[44] » (p.47)

La seconde forme est celle du tatouage par une technique d’imprégnation épidermique où le visage n’est jamais scarifié. Ce procédé calligraphique de formes géométriques est appelé oûchem. « L’oûchem, en tant que tatouage facier, constitue l’ornement du visage. Il a une portée esthétique et quelques prétentions prophylactiques.[45] »

Tatouage du visage d'une femme chaouie © photographies deThérèse Rivière & Germaine Tillion
Tatouage du visage d’une femme chaouie © photographies deThérèse Rivière & Germaine Tillion 46

On voit donc comment, selon Malek Chebel, « le corps explique la société ».

Un phénomène identique existe au sein de la société bouddhiste de rite Theravada, où les hommes portent souvent à la base du cou le tatouage de la crête du temple thaï, en signe de protection magico-religieuse.

4.5.L’art géométrique. La propension de l’Amazigh pour une figuration géométrique a permis l’assimilation du hamsa ou du signe de Tanit, mais également ultérieurement celle de l’art musulman qui rejetait toute forme de figuration humaine. Ceci n’empêchant nullement une figuration animale ou humaine en Kabylie comme à Sedjane, dans les Mogods.

La caractéristique de l’art berbère est de s’approprier et d’assimiler, tout en conservant une touche identitaire immuable.

Les figures géométriques sont une constante de l’art amazigh. Parmi ces représentations, on note une préférence pour le carré ou le rectangle (ou carré long), le cercle, la croix, le triangle équilatéral, le losange. Chacune de ces représentations conserve une valeur symbolique remontant aux lointaines origines préhistoriques, dont la signification appartient au domaine ethnologique universel.

La forme carrée des sépultures, souvent entourées d’un cercle de pierre en est une illustration symbolique à travers laquelle on peut y voir une origine ethnico-ésotérique car l’ultime demeure du défunt (la chambre funéraire) est parfois entourée d’un cercle cosmique évoquant une vie dans un au-delà potentiel. Le quadrilatère symbolise la Terre-Mère, alors que le cercle figure l’univers cosmique. Dans certaines sociétés, dites ”primitives” – mais que Claude Lévi-Strauss préfère appeler ”peuples sans écriture” – toute cérémonie initiatique commence par le traçage d’un cercle à l’intérieur duquel se perpétue le rituel sacré. La Franc-Maçonnerie adopte un rituel similaire pour sacraliser la Loge autour du ”tableau de sol” de forme rectangulaire, en effectuant des circumnavigations symboliques destinées à transformer l’espace profane du temple en un lieu sacré.

L’art géométrique amazigh semble être né avec la civilisation épipaléolithique des Capsiens[47] [réf.2.1.4] dont : « les œuvres d’art se manifestent principalement par des gravures géométriques sur les coquilles d’œuf d’autruche surtout abondantes dans les régions présahériennes. » Rappelons à ce propos que les Capsiens sont « les lointains ancêtres des populations berbères actuelles.[48] »

Linguistiquement parlant, les caractères alphabétiques des Tifinagh, adaptés de l’ancienne écriture libyque, ont une troublante apparence géométrique.

Cette caractéristique figurative, émanant de la nuit des temps, demeure le facteur commun de  toutes les formes des arts mineurs amazighs (tissage, poterie, orfèvrerie). L’art du tatouage l’illustre également. Ce phénomène s’étend bien entendu aux formes architecturales, ainsi qu’à la décoration intérieure des peintures murales, notamment en Kabylie.

Ce voyage exploratoire dans l’aire numide, telle qu’elle a été antérieurement définie avec ses deux extensions (les monts de Kabylie, au nord-ouest et le djebel Nefoussa libyen, au sud-est), a été un ferment culturel incontournable, ayant la vocation d’être à l’origine d’un foyer civilisateur amazigh.

Jusqu’à l’arrivée des Capsiens venus de l’Est (Afrique orientale et Proche-Orient), le terrain préhistorique était favorable à la sédentarisation de ces peuplades venues par vagues successives. Dès le Néolithique, puis plus largement à l’âge des métaux, l’ensemble insulaire du détroit de Sicile, de la Sardaigne à Malte, a largement influencé les bases historico-culturelles de la Numidie. Cette assimilation a ensuite généré une marque identitaire propre, qui s’est étrangement perpétuée jusqu’à nos jours. Ce phénomène est d’autant plus intéressant qu’il permet de témoigner presqu’à l’état brut d’un héritage ancestral intemporel.

On sait également que le peuple numido-libyque des Garamantes, originaires du sud-ouest de la Libye actuelle, a chassé progressivement les ”Éthiopiens” du Tassili n’Ajjer, et qu’ils sont peut-être les ancêtres des Touareg [sg. Targui]. Or, il est intéressant de savoir que l’écriture tifinaghe a justement été préservée par ceux qu’on appelle aussi « les hommes bleus ».

Il est évident, malgré tout, que les Égéens, dans un premier temps, puis surtout les Phénico-Puniques, continueront à façonner le legs culturel du ”monde amazigh” [le Tamazgha], comme le fera ensuite la diaspora juive après la destruction du premier Temple de Salomon, selon les textes bibliques. À ce propos, c’est d’ailleurs, d’abord sur le littoral numide, puis à l’intérieur du pays numide, que s’est situé le foyer migratoire juif [réf.4.2. La Kahina et les juifs berbères].

Après la chute de Carthage, la colonisation romaine se fera à partir de la partie orientale de la Numidie. Tout était déjà en place au niveau identitaire. Or, les Romains joueront un rôle de liaison identitaire entre les peuplades berbères d’Afrique du Nord jusqu’à la Maurétanie occidentale.  Ce sont les Romains, au contact de la population berbère du nord tunisien, qui ont baptisé le continent africain [réf. 2.3.3.la montagne et l’abri rocheux].

La christianisation du nord de la Numidie a ensuite joué un rôle clé, surtout dans la figure emblématique d’Augustin d’Hippone (saint Augustin, 354-430 ap. J.-C.), né à Thagaste (Souk-Ahras), d’un père romanisé païen et d’une mère chrétienne d’origine berbère (sainte Monique).

Plus tard, Ibn Khaldun (1332-1406), historien et père de la sociologie, né à Tunis d’un père arabe andalou, consacrera une ”Histoire des Berbères”, œuvre incontournable de référence.

Un autre berbère célèbre, originaire de la ville romaine de Leptis-Magna, en Tripolitaine, deviendra l’empereur romain Septime-Sévère (146-211ap.J.-C.), auquel succédera son fils, Caracalla (188-217ap. J.-C.), né à Lugdunum, Lyon.

De fil en aiguille, on pourrait remonter à travers les âges, jusqu’à ce qu’il convient de considérer comme le berceau de la culture amazighe, où l’Aurès, de la Kahina aux prémices de la guerre d’indépendance algérienne, aura joué un rôle crucial identitaire. Ce rôle n’est-il pas d’ailleurs maintenu par un autre personnage emblématique de la littérature algérienne moderne, le regretté Kateb Yacine (1929-1989), né à Constantine ? La Kabylie n’est-elle pas aussi un autre foyer majeur de la littérature ? Il semble enfin difficile d’ignorer l’impact de l’anthropologue et linguiste Mouloud Mammeri (1917-1989) au regard du renouveau de la culture amazighe [Awal]. Et pour recentrer ce ferment culturel numide, on pourrait aussi évoquer l’écrivain tunisien Albert Memmi (né en 1920), ou encore sa compatriote Gisèle Halimi (née en 1927).

Il reste donc à souhaiter que l’exposé de ce texte puisse souligner l’importance majeure du berceau numide au sein de la civilisation amazighe. Une bien longue saga ayant débuté dès les premiers balbutiements de l’Homme et se poursuivant encore à notre époque.

Il est grand temps que l’Histoire rétablisse ce cheminement trop longtemps occulté par simple ignorance ou par une volonté délibérée, à des fins politiques ou religieuses.

Christian Sorand

 

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[1]   https://jahiliyyah.wordpress.com/2010/10/16/les-derniers-rois-numides/

[2]   Gabriel Camps : ‘Les Berbères, Mémoire et Identité‘, Babel, Actes Sud, Arles 2016, (p.100)

[3]                   S. Bertrandy, « Cirta », in Gabriel Camps (dir.), 13 | Chèvre – Columnatien, Aix-en-Provence, Edisud,(« Volumes », no 13) , 1994 [En ligne], mis en ligne le 01 mars 2012, consulté le 19 avril 2019. URL :http://journals.openedition.org/encyclopedieberbere/2289

[4]   Gabriel Camps : ‘Les Berbères, Mémoire et Identité‘, Babel, Actes Sud, Arles 2016, (p.99)

[5]   Jean Servier : Les Berbères, Que Sais-je ?, PUF, Paris, 2017 (p.5)

[6]   Gabriel Camps : ‘Les Berbères, Mémoire et Identité‘, Babel, Actes Sud, Arles 2016, (p.89)

[7]   Gabriel Camps : ‘Les Berbères, Mémoire et Identité‘, Babel, Actes Sud, Arles 2016, (p.89)

[8]   Early humans in northern Africa, ‘Science’, 14 Dec 2018: Vol. 362, Issue 6420, pp. 1297-1301, DOI:10.1126/science.aau0008

[9]   Gabriel Camps, Encyclopédie Berbère : http://encyclopedieberbere.revues.org/1626

[10] D.Grebenart,  Encyclopédie Berbère nºXII, Capsien, C20, p.1760

[11] Ibidem

[12] Ibidem

[13] Ibidem

[14] Christian Sorand : ‘Préhistoire et Protohistoire‘, https://www.inumiden.com/aux-origines-de-lafrique-nord-amazighe/

[15] Jean Servier : Les Berbères, Que Sais-je ?, PUF, Paris, 20017.

[16] Claude Lévi-Strauss : ‘De Montaigne à Montaigne‘, Une science révolutionnaire : l’ethnographie (janvier 1937)

[17] Gabriel Camps : ‘Les Berbères, Mémoire et Identité‘, Babel, Actes Sud, Arles 2007, Les apports méditerranéens, pp.65-66

[18] https://ich.unesco.org/fr/RL/les-savoir-faire-lies-a-la-poterie-des-femmes-de-sejnane-01406

[19] Gabriel Camps, ibid., (p.90)

[20] Serge Lancel : ”Tiddis : bourgade paysanne de Numidie”, PDF

[21] Gabriel Camps : ‘Les Berbères, Mémoire et Identité‘, Babel, Actes Sud, Arles 2016, (p.90)

[22] Ibidem, (p.89)

[23] Gabriel Camps : ‘Les Berbères, Mémoire et Identité‘, Babel, Actes Sud, Arles 2016, (p.91)

[24] Ibidem, (p.91)

[25] Gabriel Camps – Encyclopédie berbère nºXVI, D83. Dolmens (pp.2490-2509), Édisud, 1995.

[26] Ibidem.

[27] G.Camps & M.Longerstay, Encyclopédie berbère, http://journals.openedition.org/encyclopedieberbere/1697

[28] Ibidem, (p.90)

[29] G.Camps & M.Longerstay, Encyclopédie berbère, http://journals.openedition.org/encyclopedieberbere/1697

[30] Ibidem, (p.90)

[31] G.Camps & M.Longerstay, Encyclopédie berbère, http://journals.openedition.org/encyclopedieberbere/1697

[32] Ibidem.

[33] Tunisie berbère : https://www.tunisie-berbere.com/la-toponymie-amazighe-de-la-tunisie/

[34] Jean Servier : Tradition et Civilisation Berbères / Les portes de l’année, éditions du rocher, Monaco, 1985. (p.8)

[35] Malek Chabel : Le corps dans la tradition au Maghreb, PUF, 1984, p.120

[36] Christian Sorand, Le Signe de Tanit, Inumiden : https://www.inumiden.com/signe-de-tanit/

[37] Jean Servier : Tradition et Civilisation Berbères / Les portes de l’année, éditions du rocher, Monaco, 1985.

[38] Gabriel Camps : ‘Les Berbères, Mémoire et Identité‘, Babel, Actes Sud, Arles 2016, (p.91)

[39] Ibidem, (p.91)

[40] Ibidem, (p.90)

[41] M. Devulder : Peintures murales & pratiques magiques dans la tribu des Ouadhias, 1945.

[42] https://www.editions-hazan.fr/livre/aures-algerie-1935-photographies-de-therese-riviere-et-germaine-tillion-9782754114400

[43] J.B. Moreau : Les grands symboles méditerranéens dans la poterie algérienne, SNED, Alger, 1976, (p.55)

[44] Malek Chebel : Le corps dans la tradition au Maghreb, PUF, 1984, (p.47)

[45] Ibidem, (p.50)

[46] https://www.editions-hazan.fr/livre/aures-algerie-1935-photographies-de-therese-riviere-et-germaine-tillion-9782754114400

[47] Grebenhart D.,Encyclopédie Berbère, XII, C20-Capsien, Édisud, 1993, (pp.1762-3)

[48] Ibidem, (p.1767)

Bassem ABDI

Passionné d'histoire, j'ai lancé en 2013 Asadlis Amazigh, une bibliothèque numérique dédiée à l'histoire et à la culture amazighe ( www.asadlis-amazigh.com). En 2015, j'ai co-fondé le portail culturel Chaoui, Inumiden.

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