Mohand Akli Haddadou a-t-il un problème avec les chaouis ?
Une polémique a éclatée la semaine dernière après le passage de Mohand Akli Haddadou dans l’émission « sijalat wamaâna » de la radio culturelle. M. Haddadou , professeur de linguistique amazighe , affirmait que l’académie amazighe dont la loi organique devra être promulguée incessamment, doit prendre la variante kabyle comme langue à promouvoir et à standardiser. M. Haddadou considère les autres variantes de tamazight dont tachawit comme des dialectes archaïques qui ne peuvent pas prétendre au statut de langue standard.
Peu de temps après , M. Mohand Akli Haddadou a fait une mise au point sur son compte Facebook , disant que ses propos ont été déformés par un journaliste de Beur TV , qui voulaient “diviser les algériens“:
« On m’a posé des questions sur le choix de la variante qui doit être promue comme langue standard, j’ai répondu que dans toutes les langues où il y a des déférences entre les variantes, on choisi la variante où il existe le plus de publications : dictionnaires, des livres de grammaire ect. et pour l’Algérie, la variante qui combine toutes ses condition est le Kabyle ».
Et il ajoute « Il existe une vingtaine de dictionnaires, de glossaires, des dizaines de livres de grammaire, une cinquantaine de romans écrits en kabyle et des centaines de mémoires universitaires. J’ai dit que les autres dialectes doivent être dotés d’une documentation suffisante pour devenir une langue standard. L’État algérien, qui a publié son premier document en amazigh, confirme ce que j’ai dit ».
Cependant, lorsque nous examinons de près les compte-rendu de son intervention, nous nous rendons compte que plusieurs journaux et sites électroniques ont rapporté cette phrase : « tachawit ne possède pas tous les attributs pour devenir une langue standard » (voir les captures d’écran ci-dessous) . Autant que nous sachions, ce journaliste de Beur TV n’officie pas dans toutes les rédactions !
Autre ambigüité dans les propos de M. Haddadou . Dans sa mise au point, il dit que les autres variantes peuvent prétendre à être standardiser si l’État « les dote d’une documentation » à travers cette Académie. Mais, dans le même temps il avance cette assertion selon laquelle tachawit ne serait pas une variante digne d’être standardisée. Inutile donc de la « doter d’une documentation », ni même de la prendre en charge par l’Académie : tachawit dehors ! dixit Mohand Akli Haddadou .
Fâché avec Ammar Negadi aussi ?
Dans une contribution intitulée « les calendriers amazighs » et parue au journal El Watan 12-01-2018, M. Haddadou nous a proposé une rétrospective sur les origines des déférents computs berbères et les noms des mois dans les déférentes régions : Rif, Ahaggar , Ouargla , Sousse , Kabylie , et même la Tunisie est évoquée . Une seule région a été omise par notre professeur : l’Aurès. Le lecteur indulgent y verra une pure coïncidence.
Ce qui va suivre ne relève pourtant pas de la coïncidence. Abordant le sujet de l’ère amazighe, M. Haddadou écrit : « Le calendrier amazigh est un calendrier perpétuel, sans millésime. C’est seulement à la fin des années 1970 que l’Académie berbère a proposé de lui donner une date : on le fait commencer à partir de 950 avant J-C., date d’une bataille livrée par Shershonq I ». Mohand Akli Haddadou qui n’est pas n’importe qui, savait pertinemment que c’était Ammar Negadi qui fut l’initiateur de cette ère amazighe avec son mouvement Union du peuple amazigh (UPA) , et savait également que l’académie berbère n’existait plus à cette époque , parce qu’elle fut dissoute en 1978 .
Mohand Akli Haddadou ne pouvait pas dire que le calendrier amazigh a été crée par un chaoui parc qu’il s’est promis de ne pas citer le mot « chaoui » dans sa contribution, et il a tenu son pari : Bravo professeur !
La Rédaction