L’Etat algérien célèbre le chaoui de 1954, et ignore celui de 2017
La ville de Batna a célébré avec faste le centième anniversaire de la naissance de Mostefa U Boulaïd, pas moins de 6 ministres et 11 walis étaient présents ce 5 février pour assister au défilé organisé à cette occasion. Au même moment, la population de T’kout marchait pour exiger l’ouverture de l’hôpital qu’elle attendait depuis 2012.
L’argent que les autorités ont dépensé dans ces célébrations, aurait sans doute pu soulager la détresse de la population de T’kout et ses environs où les infrastructures sanitaires sont quasi inexistantes.
La meilleurs façon de rendre hommage au « Père de la révolution » aurait été de redonner la dignité au sien, réaliser l’idéal pour lequel il a donné sa vie et non pas dilapider des milliards dans un carnaval aux relents électoralistes.
Ces ministres ne font pas le déplacement dans les Aurès pour inspecter leurs secteurs respectifs, mais pour participer à une commémoration, c’est que l’État algérien ne s’est jamais intéressé aux chaouis que sous cet angle « mémoriel ».
Dans l’imaginaire algérien le chaoui est l’homme en kachabia avec le fusil sur le dos ,qui s’est insurgé la nuit du 1 novembre 154 contre le colonialisme français, et dont la bravoure doit être célébrée deux fois dans l’année, au 1 novembre et au 5 juillet. Le chaoui est comme un objet d’antiquité qu’on exhibe la veille du premier novembre et qu’on remet dans un tiroir poussiéreux aussitôt les festivités terminées.
Le nombre des décès au sein des tailleurs de pierre de Tkout a dépassé le 138, la wilaya de Batna occupe le peloton de tête dans le nombre de cas de cancer enregistré chaque année, quant à Khenchela , déclarée « désert médical » elle tient la palme des cas de l’hépatite C au niveau national. Mais au lieu de remédier à cette situation catastrophique de la santé et d’autres domaines , on préfère organiser des commémorations , au lieu de construire des hôpitaux , on pose des plaques commémoratives , en somme , on célèbre le « chaoui du passé » au détriment de celui du « présent ».
Jugurtha Hanachi