Le burnous , le costume national amazigh
Il est sans doute le plus ancien costume traditionnel en Afrique du nord, Ibn Khldoun en a fait, avec le couscous, le marqueur identitaire des amazighs : « la contrée des Berbères débute là où les hommes portent le burnous et s’arrête là où les gens ne mangent pas du couscous » a-t-il dit.
Le burnous est une cape très ample descendant jusqu’aux pieds et munie d’un capuchon ; elle est fermée sur la poitrine par une couture longue d’environ une main.
Le burnous est appelé aɛlaw en chaoui , abidi ou abernus en Kabylie et chez les mozabites , abemuh chez les Touareg . Au Maroc le burnous est désigné sous plusieurs vocables : aselham , aheddun , azennar , aserqi , aḥitus (un burnous en poil de chèvre) , tarast (noir ou bleu foncé) , aḥnif ( burnous court) .
Dans presque toutes l’Afrique du nord, un vieux burnous tout rapiécé est appelé « aderbal »[1].
Le burnous dans l’histoire
La plus ancienne trace du burnous en Afrique du nord a été révélées par les travaux de deux scientifiques français ; A. Berthier et F. Logeait. Ils ont mis à jour, dans la région de Sigus ( Wilaya de Macomades , pays chaoui ), des gravures rupestres sur une stèle numide reproduisant des personnages portant une ample cape à capuchon dont les pans tombent jusqu’à mi-jambe. Cette cape s’ouvre sur le devant et dans un cas au moins recouvre une tunique plissée. Sur l’une des figures le bras droit semble relever un pan du manteau tandis que la main gauche retient l’étoffe suivant un geste encore familier aux porteurs de burnous [[2]] .
Saint Augustin a parlé d’un manteau appelé birrus ou birrum (Serm., 356, 13) porté en Afrique à son époque. Le même vêtement figurait dans la liste des produits dont le prix est fixé par l’édit de Dioclétien, il était donc connu dans l’ensemble de l’Empire. Plus tard Procope écrit que les Maures portaient d’épais manteaux (Bell, vandal, II, 6) et Corripus dit qu’ils s’enveloppaient d’une couverture rugueuse (Johan, II, 134), description qui évoque le tissu en poils de chèvre de certains burnous bruns (burrus).
Burnous long et burnous court
On sait qu’au moment de la conquête arabe, les Orientaux qui pénétrèrent au Maghreb distinguèrent chez les Berbères deux groupes bien distincts, les Branes et les Botr. William Marçais a vu dans le premier mot une déformation de burnous (pl. branes). Les arabe auraient donc désigné ces groupes d’après leur vêtement, d’un côté les « Porteurs de burnous », de l’autre les « Court-vêtus » (abter, pl. botr, signifiant coupé, court).
Il y avait donc, deux sorte de burnous si l’on peut dire, le premier long, arrive à mi-jambe et le second court. E. Laoust a déjà noté l’existence d’une sort de burnous court au Maroc appelé aḥnif .
Notons enfin, ce récit de Procope qui donne encore plus du crédit à cette hypothèse. La cérémonie d’investiture des princes maures, écrit-il, consistait en la remise, entre autres, d’un manteau blanc. Celui là est court « de la taille d’une chlamyde thessalienne et agrafé à l’aide d’une fibule en or » (Bell. Vand., 1,25, 7).
Aɛlaw chez les chaouis
Les chaouis portaient des burnous de déférentes couleurs, marron, blanc ou noir. Aɛlaw n ddum , celui qu’on porte quotidiennement est de couleur marron , le noir est celui d’imnayen ( les cavaliers) et des troupes folkloriques ( iqaṣaben , iraḥaben ) .
Le marié porte généralement un burnous blanc Aɛlaw amellal, son père en porte deux, un noir et un autre blanc : yatxalef iɛlawen (il croise les burnous).
Le burnous se compose de plusieurs parties : Afriwen (plur. Afer qui signifie pan), Aqelmun (la capuche), ticeṛṛabin (partie d’étoffe qui pond sur la capuche), tizdekmar (la poitrine), tiɣeṛḍin (la partie sur le dos).
Jugurtha Hanachi
[1] Laoust, Émile, 1920 — Mots et choses berbères, notes de linguistique et d’ethnographie, dialectes du Maroc
[2] C. El Briga, « Burnous », in 11 | Bracelets – Caprarienses, Aix-en-Provence, Edisud (« Volumes », no 11) , 1992 [En ligne], mis en ligne le 01 avril 2013, consulté le 19 avril 2016. URL : http://encyclopedieberbere.revues.org/1883