La langue de Massinissa… et le vote de nos députés ?
Le récent cafouillage médiatique à propos d’un vote supposé de l’assemblée nationale contre la généralisation de l’enseignement de tamazight est révélateur du profond malaise qui existe dans le pays.
Cette agitation spontanée exprime la méfiance légitime de la population par rapport à la crédibilité et à la loyauté du personnel politique issu du néo-FLN (parti du FLN, RND, …).
Pour le peuple algérien, le parti qui a plongé le pays dans le nationalisme arabe le plus sectaire depuis 1962 (imposition de l’arabe coranique, négation et répression de tamazight, première langue et culture nationale historiquement constituée depuis des millénaires (1), marginalisation actuelle de la darija qui est naturellement l’autre langue nationale de notre pays, falsification de l’histoire nationale, fabrication de faux moudjahidines, dilapidation des richesses nationales, dégradation de l’environnement, etc.), ne pourrait produire autre chose qu’une nouvelle catastrophe pour le pays et sacrifier une nouvelle fois la langue de Massinissa au panarabisme de Saddam Hussein !
Certes, le personnel politique algérien a changé depuis 1962 mais il subsiste encore beaucoup de dinosaures inamovibles qui ont eu le temps de former une nouvelle génération de ‘’mercenaires irakiens’’, qui ont les pieds en Algérie et la tête dans la mythique ‘’nation arabe’’ qui se trouve nulle part sur la carte du monde.
Même les malheureux Palestiniens, manipulés depuis des décennies par leurs ‘’frères’’, en sont revenus de la ‘’solidarité arabe’’ et entreprennent de régler par eux-mêmes, avec Israël, leur problème territorial.
Sur des questions aussi importantes que la généralisation de l’enseignement obligatoire de la langue tamazight sur tout le territoire national, gage d’une réelle cohésion nationale, la majorité parlementaire actuelle, issue du néo-FLN, devra se déterminer :
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Agir pour l’intérêt national et la conformité de l’État algérien par rapport à notre identité, notre histoire et notre culture,
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Ou fonctionner comme ‘’cinquième colonne’’ au service d’idéologies et d’États étrangers.
D’autres pays dans le monde, confrontés aux mêmes problèmes linguistiques, ont avancé dans la bonne direction, chacun selon sa spécificité (2) et à chaque fois dans l’intérêt national.
Le passif de l’après-guerre de libération nationale n’est pas soldé : instauration depuis la guerre de la violence et du non-débat comme mode de gestion de l’État, négation de l’identité nationale et vassalisation de la souveraineté nationale, manipulation de la religion à des fins de mystification du pouvoir pour durer, …
La classe politique actuelle a le devoir historique de rompre définitivement avec ces pratiques détestables, dans le discours et dans les faits, afin de regagner la confiance du peuple.
Dans un monde connecté, ouvert à l’information et à la connaissance, les bonnes pratiques sont disponibles et accessibles partout dans le monde, et l’Algérie a le devoir de se mettre en conformité avec les meilleurs standards de gouvernance.
C’est la voie de la raison et du bon sens afin de ne pas pas provoquer le réveil du ‘’génie amazigh de la liberté’’ …
Notes :
(1) « Il n’est pas possible d’accepter que la langue qui avait servi aux guerriers de Jugurtha cessa de chanter sur les lieux de leurs combats… » (Mouloud Mammeri, Entretien avec Tahar Djaout, Ed. Laphomic, Alger 1987, p. 52).
(2) La reconnaissance du guarani comme langue officielle du Paraguay s’est faite progressivement. D’abord, le 25 août 1967, sous la dictature d’Alfredo Stroessner, le guarani est reconnu comme “langue nationale” du Paraguay par la Constitution. Puis, en 1992, avec l’avènement d’une nouvelle Constitution, le guarani devient langue officielle, au côté de l’espagnol. Enfin, en 2010 la “Loi des langues” affirme la reconnaissance par l’État de l’égalité de ses deux langues officielles : le guarani et l’espagnol.