L’académie de la langue amazighe… et le devoir de chacun !

L’académie algérienne de la langue amazighe vient d’être installée. C’est une bonne nouvelle pour deux raisons :

  1. Elle renoue avec l’histoire de notre pays, interrompue depuis des siècles de colonisations successives,
  2. Elle est composée de spécialistes de notre pays, et cette fois-ci nous n’avons pas été chercher des Égyptiens, des Saoudiens ou d’autres comme en 1963 lorsque des bataillons d’enseignants de la secte des frères musulmans avaient été engagés pour recoloniser mentalement et culturellement notre pays.

Toutefois, il y a une méfiance réelle et un scepticisme légitime concernant un événement  décidé par un système politique qui règne en maître sur le pays depuis 1962.

Le triste bilan de ses manipulations n’encourage pas une confiance aveugle, depuis l’adoption de la première constitution sur mesure de Ben Bella dans un cinéma d’Alger en 1963, les truquages systématiques des élections, les règlements de comptes internes au sein du FLN et l’instrumentalisation de la justice pour les limogeages en série, la dilapidation des ressources de notre pays, la dévalorisation actuelle de l’action politique par la généralisation de la corruption…

C’est pour cela que la vigilance est de mise pour ne pas que le système politique actuel transforme cette académie en instrument suicidaire pour lui faire faire ‘’le sale boulot’’, afin d’enterrer tamazight, comme par exemple :

  • Lui faire adopter les caractères arabes, alors qu’ils ne sont nullement adaptés à cette langue,
  • Promouvoir une ‘’novlangue’’, ou une sous-langue à l’usage ‘’des indigènes Amazighs’’, que personne ne comprendra,
  • Imposer une tamazight classique (standard) que personne n’utilisera (d’autres pays ont fait l’amère expérience (ex. Gaélique en Irlande),
  • Fractionner de manière définitive les langues régionales actuelles afin de compromettre la convergence à long terme vers une tamazight commune, venue de la base, de la littérature, de l’école, des médias,…
  • Isoler tamazight algérienne de l’amazighophonie nord africaine par la non convergence des créations néologiques, au nom d’un prétendu nationalisme linguistique,
  • Retarder la généralisation de l’enseignement obligatoire (de la langue et des autres matières en tamazight), par des artifices dilatoires, afin de susciter le rejet par la jeunesse et donc accélérer l’extinction de cette langue,..

La liste est encore longue de tous les pièges que doit éviter la nouvelle académie de la langue amazighe. Ses membres en sont conscients, certainement.

Nous devons admettre, pour conclure, que cette académie n’est pas une administration comme les autres. Il y a un peuple qui attend beaucoup de ses choix et décisions. Il sera vigilant et sera aussi à ses côtés pour résister, si nécessaire avec force, aux tentations et pressions des mauvais génies.

C’est le devoir de chacun de nous de contribuer, à sa façon, au renouveau linguistique et culturel de notre pays, de l’éternel Jugurtha.

 

Aumer U Lamara, écrivain