Environnement

Kaïs: peut-on encore sauver le barrage ?

Le barrage de Kaïs classé parmi les plus beaux barrages de l’Algérie est aujourd’hui envasé à 100 %, construit en 1910 et mis en eaux en 1939 Imi n Ougueis ( gorge du cheval en tachawit, arabisé en Foum El Gueis ) est d’une capacité réelle de 2,5 millions de mètre cube. Il alimentait en eau potable la commune de Kaïs et les terres agricoles de la pleine de Remila avant qu’il soit rendu inexploitable depuis 2000 à cause de l’envasement.

Il fut jadis l’attraction des habitants de Kaïs et des environs où les familles cherchaient calme et beauté naturelle été comme hivers. Aujourd’hui, il est à peine un petit étang où l’eau serpente en petit filet au milieu des joncs et de toute sorte de plantes aquatiques.

Imi n ougeuis en 1959
Imi n ougeuis en 1959

Le barrage qui était l’un des atouts économiques majeurs de toute la région laquelle est essentiellement agricole, a payé le prix fort d’une gestion chaotique et d’une incompétence manifeste qui s’est étalée sur plusieurs décennies. La lithologie du piémont nord-est de l’Aurès et surtout le bassin versant Imi n Ougueis constituée de roches tendres (notamment schistes et argiles) conjugué à un climat très irrégulier qui alterne : années sèches et humides avec des pluies souvent intenses fait du bassin versant Imi n Ougueis une région très sensibles à l’érosion et par conséquent l’envasement du barrage était un risque très important . Et pourtant les pouvoirs publique n’ont rien fait pour préserver le barrage se contentant lorsque il est été trop tard de recourir à une entreprise française « Hydro Plus » qui a procédé à une opération de dragage qui s’est révélée une cautère sur une jambe de bois  ,  qui a tout de même couté la somme de 170 millions de dinars .

Le barrage après son mis en eau
Le barrage après son mis en eau

Caractéristiques du bassin versant Imi n Ougueiss :

Surface : 156 km
Périmètre : 53 m

Le bassin versant de Foum El-Gueiss offre les conditions favorables à la mobilisation et au transport des matériaux car les précipitations relativement agressives s’abattent sur un ensemble morphologique sensible à l’érosion .

La formations argileuses ou marneuses aux pentes assez fortes et peu protégées par la végétation conjugué au climat semi aride qui domine généralement dans la région , contribue à désagréger le sol et le préparer au décapage et à l’érosion, aussi les pluies intenses engendrent les crues brutales qui sont responsables de la quasi-totalité des transports solides.
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Différentes méthodes de lutte contre l’envasement :

la lutte contre l’envasement du barrage de Kaïs aurait du être entreprise depuis des décennies par des mesure préventive et peu couteuse pour empêcher l’érosion à l’origine, notamment par :

La revégétalisation (ou reverdissement) : qui consiste à implanter une couverture herbacée, graminéenne, arbustive ou arborescente sur les rives du bassin versant. Cette pratique est habituellement réalisée pour stabiliser les pentes et protéger les terres contre l’érosion hydrique.

Les retenues collinaires : stockent l’eau et les sédiments avant leur arrivée dans le barrage.

Les murettes : ralentissent l’écoulement des eaux de ruissellement afin de favoriser leur infiltration.

Les banquettes : ont pour but d’intercepter les eaux de ruissellement sur les versants afin de réduire l’érosion des sols. Elles contribuent à améliorer l’infiltration, accroître la couverture végétale, et ainsi protéger le sol contre l’érosion.

Les bourrelets : lorsque les eaux de pluie sont trop abondantes ou trop intenses pour être stockées ou infiltrées totalement dans le sol, on organise leur drainage dans des fossés, le long de bourrelets pour récupérer les nappes ruisselantes avant qu’elles aient acquis une énergie suffisante pour raviner le versant. Ces eaux de ruissellement sont alors évacuées en dehors de la zone de culture vers des exutoires naturels ou des exutoires qu’il faut aménager, en leur permettant d’atteindre le cours d’eau.

Les seuils : sont utilisés afin de réduire la vélocité du ruissellement à des taux non érosifs.

Ils sont recommandés pour diminuer le ravinement ainsi que pour la correction torrentielle. Ce sont des ouvrages de petites envergures construites perpendiculairement au sens d’écoulement de l’eau dans des zones de fortes dénivelées.
Drains et exutoires : Le drainage est une technique englobant tous les travaux ayant pour objet l’évacuation intensive dans des délais courts de l’eau de saturation du sol. Les drains (ou fossés) recueillent les eaux excédentaires des terres et les conduisent aux exutoires. Les exutoires se déversent à leur tour dans les cours d’eau.

Au moment où l’Algérie se lance dans le projet ambitieux de construction de nouveaux barrages pour juguler la hausse de la demande en eau conséquence du développement de l’irrigation, et de la forte croissance démographique, la prise en charge du barrage de Kaïs et son dévasement revêt un caractère urgent pour permettre l’approvisionnement en eau potable de tout les quartiers de la ville de Kaïs et participer dans le développement agricole et l’essor économique de toute la région  .

Jugurtha Hanachi

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