Kaïs : une bougie contre les ténèbres
C’est avec des bougies dans les mains que les intellectuelles et les activistes associatifs de la ville de Kaïs (25 km de Khenchela) ont protesté contre ceux qui les ont privés de « lumière ». En effet, le centre culturel de la ville est plongé dans le noir depuis le 7 mars à cause des factures d’électricité impayées.
Après que la mairie a confié sa gestion à la direction de culture, le seul établissement culturel de la ville est dans une situation catastrophique. Dans la bibliothèque presque déserte, les rideaux tirés laissent entrer une lumière pâle et blafarde. Sous ce jour douteux, un groupe d’enfants près de la fenêtre essaient de lire tant bien que mal un livre posé sur la table.
En face, dans une autre salle un groupe d’acteurs sont en pleine répétitions. A notre question si les bougies font partie du spectacle, la réponse est non. « C’est une adaptation d’une pièce de théâtre italienne, les bougies nous permettent seulement de lire nos textes » nous répondent-on. C’est que dans cet antre de la culture tout le monde s’éclaire avec des bougies depuis plus de 10 jours.
Le metteur en scène Amar Keddache est considéré comme le père du théâtre chaoui . Sur un ton affligé il nous confie « C’est sur ces planches que nous avons montée et jouée Tharjith n-inezgam , la première pièce de théâtre chaouie , c’était en 1989. Le fait de voir ce centre dans une telle situation me fait mal au cœur ».
Ce mardi, 16 mars un rassemblement de protestation a été organisé devant l’établissement où une trentaine de personnes munis de bougies se sont donné rendez-vous. Sur leurs pancartes on peut lire « Une bougie pour la culture dans ma ville » en plusieurs langues.
Sur les réseaux sociaux, la solidarité avec le centre culturel de Kaïs bat son plein. De toutes les régions de l’Algérie, mais aussi de l’étranger, des centaines de photos de bougies ont été partagé sur la page de l’évènement.
Les artistes de Kaïs ont interpelé dans un communiqué les pouvoirs public pour la prise en charge urgente de ce centre et pour se pencher sur le cas du théâtre communal dont le chantier est l’arrêt depuis plusieurs années.
Jugurtha Hanachi