Himcherrefth, la boucle d’oreille de l’Aurès
Parmi les spécimens d’orfèvrerie les plus caractéristique des Aurès, en Algérie, on relève un grand anneau d’oreille portant le nom local d’himcherrefth. À l’instar des bijoux chaouis, cet exemplaire est en argent massif. Ce métal a une propriété lunaire appartenant au cycle féminin. La forme de l’himcherrefth demeure un trait commun à tous les modèles. La fine tige ronde a une ouverture permettant de la fixer au lobe de l’oreille. Mais ses embouts en losanges évoquent une tête de serpent. Il y a donc un lien avec l’anneau de pied, appelé Ardif (ou Khelkal), lui-même identifié comme étant l’image d’un ouroboros. Sur un plan symbolique, cette dernière remarque fait état d’une connexion axiale entre le Bas et le Haut, pour laquelle le corps féminin fait fonction de lien spirituel. Ce concept reflète les croyances originelles chaouies. Il met en valeur le rôle fondamental de la femme au sein du monde amazigh (le Tamazgha, ⵜⴰⵎⴰⵣⵖⴰ). Il est vraisemblable que ce soit un héritage matriarchal existant toujours chez les Touareg. Une analyse plus détaillée des éléments de l’himcherrefth confirme les remarques antérieures faites sur d’autres bijoux caractéristiques des Aurès. L’himcherrefth se compose de deux sections: une partie supérieure vide et un décor en dents-de-scie sur la moitié inférieure de l’anneau. Parfois on trouve aussi un décor supplémentaire placé au-dessus de celui en dents de scie. Cette seconde ornementation est la plupart du temps géométrique, mais elle peut aussi représenter un animal. L’art amazigh a une prédilection pour les symboles géométriques. Les deux formes apparentes caractérisant l’himcherrefth sont: les triangles et les rondes-bosses. Ce dernier élément est fréquent parmi d’autres modèles de l’orfèvrerie chaouie: ce sont des semences, symboles de procréation. Une forme triangulaire peut représenter la montagne. C’est en soit une caractéristique du milieu aurasien, faisant partie de la chaîne atlassienne nord-africaine. Toutefois, le symbolisme du triangle a d’autres implications. Tout d’abord, il existe un aspect trilogique, lui-même implicite dans la forme générale de l’himcherrefth. Ensuite, un signe triangulaire recèle une signification plus précise selon son orientation. Un triangle droit est un symbole masculin, celui du feu. À l’opposé, un triangle inversé porte la marque de la féminité et de l’eau. Le principe d’un dualisme apparaît donc: masculin/féminin, feu/eau. Dans un milieu agraire, correspondant au cadre chaoui, le soleil est le géniteur mâle, tandis que l’eau est une contrepartie féminine. Les deux éléments combinés permettent d’ensemencer les graines plantées dans le champ. Quand on étudie la frise en dents de scie de l’himcherrefth, on remarque que les éléments triangulaires s’opposent. La bande décorative supérieure est composée de triangles droits, généralement en nombres impairs. Par contre, la bande inférieure a des triangles inversés, en nombres pairs. Il existe des exemplaires où les triangles opposés forment des losanges. La trilogie symbolique de l’alignement triangles-droits / graines de semences / triangles-inversés, illustre un cycle procréatif, que l’image sous-jacente de l’anneau en forme d’ouroboros corrobore. Le serpent est un symbole bien connu de la dualité des forces et un cycle procréateur. On peut même aller plus loin dans l’importance symbolique des éléments décoratifs. Le concept général de l’himcherrefth s’identifie aussi à une image stylisée du Soleil, où l’alignement triangulaire évoque des rayons solaires. Ce trait d’ordre cosmique, correspond non seulement à des croyances locales bien établies, mais aussi à l’emplacement de l’anneau au niveau de la tête. En outre, l’étude d’un second exemplaire d’himcherrefth dévoile un animal au centre de l’anneau. Il semble que ce soit l’effigie d’un lion de l’Atlas, espèce aujourd’hui disparue. Un des derniers lions a d’ailleurs été tué dans les Aurès dans les années 1940. À noter que la crinière du lion est assimilée à une effigie solaire. En définitive, le concept figuratif et symbolique de l’himcherrefth, en fait un véritable talisman. Une même fonction protectrice se retrouve sur d’autres spécimens de bijoux berbères. C.S.
Cette analyse est faite en parallèle avec celle sur la symbolique de l’anneau de pied (Ardif ou Akhelkhal). La grande boucle d’oreille aurasienne, appelée himcherrefth, est un élément particulièrement significatif de l’orfèvrerie chaouïe. D’une part, parce qu’il s’agit d’une caractéristique régionale et d’autre part parce qu’elle vient parfaire l’image de la parure féminine de l’Aurès.
La complémentarité des deux éléments, que sont l’anneau de pied et l’anneau d’oreille, confère une dimension supplémentaire aux héritières de la Kahéna mythique.
L’himcherrefth fait figure de pendant supérieur à l’ardif. De telle sorte que l’anneau d’oreille s’aligne sur l’axe du corps féminin, reliant ainsi la tête aux pieds.
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Afin de mieux cerner les éléments symboliques de cette parure, l’étude suivante se propose de faire une analyse détaillée à partir d’une première pièce (photo de référence). L’himcherrefth offre une approche identique, même si en réalité elle peut avoir une certaine diversité décorative. Seuls quelques détails contribuent à lui apporter une originalité spécifique. C’est le cas du motif central, tel qu’il apparaît sur d’autres conceptions ornementales.
Il existe effectivement plusieurs variantes au modèle originel. Le bijou présenté sur la photo du titre est typique d’un usage usuel. Certaines pièces ont des motifs plus originaux – pas nécessairement géométriques – tandis que d’autres sont pourvues de fines chaînettes venant s’ajouter à la partie inférieure de la boucle. Ce dernier type d’ornement semble être destiné aux festivités.
1.Description des éléments.
La grande boucle d’oreille en argent de la photo comporte trois sections:
- Un grand anneau, lisse dans la moitié supérieure,
- Une double rangée de “dentelures” dans la moitié inférieure, composée de triangles opposés, pointes vers le haut (à l’intérieur de l’anneau), pointes vers le bas (à l’extérieur),
- Un motif intérieur, dont la forme varie, conférant la caractéristique de chaque pièce.
Avant d’entamer une étude plus approfondie des éléments figuratifs, on note que l’enchaînement triangulaire de la partie dentelée interne se fait en nombre impair, tandis que la dentelure externe présente un nombre pair de triangles.
De même, l’observation montre que les triangles internes sont souvent plus petits que les triangles externes, quel qu’en soit le nombre en fonction des modèles. On peut donc, semble-t-il, y déceler l’indice d’une dualité renforcée par la position des figures triangulaires.
2.Le symbolisme général de l’anneau.
La finesse du grand anneau fermé (himcherrefth) révèle une appartenance spirituelle au monde d’en-haut. Par contraste, la courbe épaisse de l’anneau de pied (ardif) appartient au monde chthonien, c’est-à-dire aux puissances d’en-bas. La finesse du premier apporte au lobe de l’oreille une finesse aérienne en symbiose avec le monde cosmique. La lourdeur du second confère une attache indéfectible au sol terrestre, foulé par le pied, comme pour chasser les forces du mal. Il faut se souvenir que la mystique berbère est ancrée dans des croyances ancestrales qui ont fortement modifié certains aspects de la religion établie. “L’islam n’a, pas plus que le christianisme, modifié les coutumes et les traditions populaires méditerranéennes”[1]. Ceci n’a rien d’exceptionnel en soi. On relève ce trait ethnique dans la plupart des sociétés humaines.
Si maintenant, à l’instar du tronc de l’arbre, on considère le corps comme étant un axe vertical reliant le bas au haut, l’opposition entre l’himcherrefth et l’ardif se fait sous un jour nouveau. Le corps de la femme représente un lien testamentaire de régénération entre la Terre et le Ciel. L’effigie du serpent vient renforcer ce concept. Ceci conforte donc la perception sociale du rôle de la femme dans les sociétés amazighes. Évidemment, dans l’Aurès, le mythe de Dihya plane toujours dans la pensée sociale commune. La sociologue Mathéa Gaudry[2] avait déjà conclu dans son ouvrage que: “L’Aurasienne domine la société chaouia tout entière. Maîtresse du logis, cheville ouvrière des travaux, âme des réjouissances, prêtresse des vieux cultes, elle est le centre d’où rayonne toute activité.”
Pour aller plus loin encore, l’himcherrefth, dans son ensemble, évoque une sorte de roue solaire portée au lobe de l’oreille. On retrouve donc l’idée d’une dualité déjà évoquée. L’image du soleil renforce la conception d’une appartenance cosmique représentée par la géométrie du cercle. À ce propos, il est bon de rappeler aussi que le matériau amazigh de référence reste toujours l’argent. Ce métal a une propriété lunaire s’identifiant aux cycles féminins. On remarque également que la tige inférieure ronde se termine par une tête stylisée de serpent en forme de losange. Le corps de la tige semble être écaillé par une multitude de “graines”. Cet élément décoratif illustre un corps de serpent. L’image de la graine / semence est un élément récurrent de l’orfèvrerie berbère. La graine symbolise une promesse de procréation. Quant au serpent se mordant la queue, il est communément perçu comme un cycle vital. C’est ici un signe de la continuité du clan. La mue du serpent renforce aussi l’idée d’une trilogie symbolique universelle de vie, de mort et de renaissance. Ce concept corrobore la présence de ces graines / semences.
Les deux embouts de l’anneau de pied offrent un parallèle identique. Par sa lourdeur et sa visibilité, cet ornement du pied souligne l’emprise des puissances chthoniennes, peuplant le monde inférieur. Dans un ouvrage consacré à l’art préhistorique, Jean Clottes[3], spécialiste de l’art rupestre écrit le commentaire suivant au sujet d’une scène peinte sur une paroi aborigène au nord de l’Australie: ”Le serpent, comme l’oiseau et le lézard, est un animal spirituellement puissant, puisqu’il évolue entre deux mondes, celui où nous sommes et le monde souterrain des esprits”. On pourrait ajouter d’ailleurs que les trois espèces mentionnées appartiennent justement au bestiaire kabyle; on les retrouve dans la poterie[4].
3.L’analyse de la frise en dents de scie.
La partie inférieure de l’himcherrefth est communément décrite comme étant en “dents de scie”. En se plaçant dans un contexte d’analyse symbolique, il faut donc essayer d’en extraire l’explication ethnographique révélée par l’image.
Il convient tout d’abord d’exposer les formes de sa récurrence puis de tenter d’en faire un canevas général en relation avec les croyances berbères et avec celles des Chaouis en particulier.
1.Sur un plan d’ensemble visuel et esthétique, la frise en dents de scie occupe la moitié inférieure de l’anneau d’oreille.
2.Dans une première approche, on y perçoit donc une image solaire, déjà évoquée. Une première remarque se greffe sur cette perception initiale. Le bijou berbère favorise l’utilisation de l’argent. Or, en termes de symbolique, l’argent a une propriété lunaire alors que l’or possède un éclat solaire.
3.En observant maintenant les éléments composant la frise décorative, voici ce que l’on relève:
- Une bande intérieure de triangles droits, s’opposant à une seconde bande inférieure de triangles inversés.
- La frise décorative comporte également une profusion de signes en rondes-bosses.
- Enfin, la partie ouverte de l’anneau, à l’extrémité de la frise, est en forme de losange souvent percé dans sa partie haute. Géométriquement parlant, le losange est un quadrilatère réunissant deux triangles.
Ces éléments sont conformes à ceux de l’orfèvrerie amazighe. On note ici l’aspect ternaire de ces éléments (triangle/losange/ronde-bosse). Si l’on poursuit l’analyse sur un plan symbolique, on relève aussi trois figures géométriques essentielles: le triangle, le carré, le point. Étendue à la boucle d’oreille, cette observation inclue aussi le cercle. Or, le point, le cercle et le carré forment trois éléments, parmi les quatre symboles universels, auxquels il manque ici la croix. L’aspect ternaire observé antérieurement s’y ajoute donc.
En reprenant maintenant ces observations, voici les éléments composant l’himcherrefth, on a:
- un cercle;
- des points en rondes-bosses;
- des triangles droits;
- des triangles inversés;
- un losange, mais d’autres spécimens d’anneau d’oreille concentrent les rangées de triangles en losanges, à la place d’une frise en décalé.
Aucun de ces cinq éléments n’est en soi surprenant, puisqu’ils appartiennent tous au décor géométrique amazigh. Toutefois, on peut y ajouter une autre remarque concernant cette fois l’apparition d’un second chiffre impair: le cinq. Y aurait-il une connotation implicite dans la récurrence d’un chiffre impair? On sait que dans un contexte spirituel le côté gauche, comme le chiffre impair, indique une appartenance au monde sacré par opposition au monde profane.
Ceci étant, une seconde question vient s’ajouter: l’himcherrefth, aurait-elle une valeur symbolique sous-jacente derrière une apparence décorative? On a vu que c’était déjà le cas de l’ardif, l’anneau de pied. Or, l’ardif appartient au monde d’en-bas, alors que l’himcherrefth est un apanage du monde d’en-haut. En poursuivant cette logique analytique, les deux mondes en référence sont reliés par un axe: celui du corps!
Par conséquent, on entre alors dans la sphère de la spiritualité berbère. Il est évident que ce message symbolique a disparu avec le temps et qu’il garde aujourd’hui une simple valeur décorative que le poids de la tradition a simplement perpétué. Henriette Camps-Fabrer[5] avait ressenti cette appartenance à un legs historique séculaire: “Il est manifeste que c’est durant les périodes antiques que se sont mises en place les caractéristiques des bijoux de l’Aurès”.
L’objectif de l’approche symbolique est donc d’essayer de retrouver les valeurs profondes qui ont suscité la création initiale de l’orfèvrerie chaouie.
La réflexion va donc maintenant envisager une analyse circonstanciée des principaux éléments de la grande boucle d’oreille aurasienne.
4.L’aspect symbolique des dentelures.
Le triangle joue un rôle à la fois décoratif et symbolique dans l’ornementation amazighe. Il peut codifier schématiquement la montagne, habitat traditionnel des Chaouïs sédentaires. Mais selon les critères du symbolisme, il recèle également un sens bipolaire selon la direction de la pointe tournée soit vers le haut, soit vers le bas. En position pyramidale, c’est un emblème masculin, celui du FEU. Inversé, le triangle est un emblème féminin, celui de l’EAU.
On retiendra d’abord que dans la société paysanne de l’Aurès, ce dualisme, feu / eau est une entité complémentaire, inhérente au cycle agraire. Le feu du soleil fait germer la graine et l’eau permet sa croissance. Les boursouflures en rondes-bosses parsemant la boucle de l’anneau représentent des graines de germination.
Le principe de la dualité vitale s’applique au monde des humains: celui de l’homme et celui de la femme. Dans un ouvrage consacré à la civilisation berbère, Jean Servier[6] fait remarquer que:”l‘arbre et le rocher sont des substituts du corps humain”. Il ajoute ensuite[7]: “De même que la pierre a une correspondance mobile, l’eau, à l’arbre correspond le feu.” La conception d’un dualisme végétal reflète celle d’un dualisme animal, espèce à laquelle appartient l’homme. Le tableau suivant vient résumer cette évocation triangulaire désignant une trilogie vitale:
FEU | EAU |
Homme | Femme |
Arbre | Pierre |
Il n’est peut-être pas anodin de citer une nouvelle fois Jean Servier[8]: “À côté du couple arbre-pierre, se forme un autre couple complémentaire : l’eau et le feu.”
On peut également assimiler cette interprétation ternaire à une figure triangulaire, sachant qu’il s’agit d’une constante géométrique de l’art décoratif amazigh.
Sur un plan esthétique, la double rangée des triangles permet aussi d’évoquer les rayons du soleil. L’anneau devient lui-même un reflet de l’astre solaire. Dans l’Égypte antique le cercle centré servait à désigner le soleil.
La frise inférieure de l’himcherrefth, se compose de triangles opposés. On verra ultérieurement qu’ils peuvent aussi se combiner en losanges plutôt que d’être décalés les uns des autres. De toute manière, la frise décorative en dents de scie apparaît toujours sur le tiers inférieur de l’anneau. Les dentelures extérieures corroborent davantage une évocation solaire.
Il reste à présent de tenter de justifier la raison des dentelures intérieures.
5.La distribution des motifs sur l’anneau.
5.1.La frise des triangles extérieurs est composée de triangles inversés. Ce sont donc des images de féminité qui, multipliées, s’apparentent à des rayons solaires.
Sur une analyse faite à partir de plusieurs échantillons, la frise extérieure comporte toujours un nombre impair de triangles lorsque ceux-ci sont présentés sous une forme décalée.
5.2.La frise intérieure, composée de triangles droits renvoie au concept de la masculinité. Mais cette fois la multiplication triangulaire correspond à un nombre pair.
5.3.L’opposition entre le pair (intérieur) et l’impair (extérieur) renforce le concept de la dualité.
5.4.Les rondes-bosses, dont on a déjà évoqué le symbolisme, s’alignent en deux rangées: l’une intérieure, l’autre extérieure.
5.5.La tige inférieure de l’anneau se termine par un losange. Géométriquement parlant, c’est l’accouplement de deux triangles formant un quadrilatère. Visuellement, cela ressemble à la tête stylisée d’un serpent. Ce que l’orifice visible sur la tête semble confirmer. Il s’agit d’un parallèle avec les deux têtes de serpents visibles sur l’anneau de pied [Akhelkhal]. On peut rapprocher cette effigie de celle de l’ouroboros, serpent du cycle vital d’un éternel recommencement, héritage des Égyptiens.
Mais peut-être faut-il aller plus loin encore dans le symbolisme de la géométrie figurative de l’himcherrefth ? Si l’on part du principe que toute l’orfèvrerie berbère n’est qu’un hymne destiné à glorifier la fécondité vitale de la féminité, on aborde alors une interprétation symbolique de nature sociale.
La courbe de la tige sépare deux entités complémentaires. À l’extérieur (partie basse), il y a le monde de la Femme (impair); à l’intérieur (partie haute), se trouve le monde de l’Homme (pair). Sa localisation intérieure dénote peut-être une dépendance extérieure, nécessaire à la survie du clan familial et tribal. On sait que dans la société amazighe, la femme a toujours joué un rôle fondamental. De telles caractéristiques matriarcales existent toujours dans la société targuie.
Le motif de l’anneau devient alors l’expression d’un phénomène social où les éléments naturels s’identifient à ceux des hommes sur le thème du concept géniteur nécessaire à la survie du clan et pour lequel la femme est le moteur de transmission essentiel.
6.La fonction prophylactique de l’Himcherrefth.
La décoration de l’anneau d’oreille n’apparaît que sur la partie inférieure de la boucle. La moitié supérieure reste vierge de tout motif.
Sur un plan esthétique, cette technique confère une certaine légèreté à la boucle d’oreille: elle s’incorpore à l’air. Les deux facettes de son apparence renferment un sens symbolique encore plus subtil. On admire la finesse du travail, la rigueur codifiée des motifs. On relève la présence du monde d’en-haut transmise par des rayons solaires triangulaires. C’est du moins l’impression dominante perçue en se détachant de l’ensemble figuratif. Faut-il y voir une signification particulière?
Dans un concept mythologique, l’Himcherrefth est une image cosmique de l’œuf originel. La voûte et la coupe se retrouvent unies tout en étant physiquement démarquées. La moitié supérieure (la voûte) est dépourvue d’ornements parce qu’elle appartient au monde des mystères du Haut. Ce vide sidéral est celui d’un abime, par définition indescriptible. Par contre, la moitié inférieure (la coupe) dévoile des ornements biens définis, parce qu’elle évoque par contraste un monde terrestre connu. Cette évocation se manifeste au travers d’un schéma triple bien codifié: une double rangée de triangles opposés, une multitude de semences procréatrices en rondes-bosses et enfin un motif central que l’imagination créatrice de l’orfèvre est libre d’imaginer.
- On note donc ici une trilogie d’éléments, renforcée par l’image des triangles;
- La prolifération des triangles évoque les rayons du soleil sur la moitié inférieure de la boucle d’oreille, à l’image de l’astre descendu sur la surface terrestre pour faire germer les graines. Cet aspect suggère l’existence d’un lien invisible;
- Le dualisme opposé des triangles s’associe à la bi-polarité du monde d’en-bas: le principe mâle (triangle, pointe en haut) et le principe femelle (triangle, pointe en bas). Le premier est intérieur, le second est extérieur. Le concept de la dualité se prolonge en opposant le nombre pair à l’impair;
- Enfin, l’exclusivité de l’élément central confère à l’anneau d’oreille une spécificité interrogative supplémentaire.
Il faut donc tenter de dégager une logique au travers de l’aspect stéréotypé de ce type de boucle d’oreille. Quelle raison y a-t-il derrière un schéma unifié? Peut-on y trouver un message implicite? La réponse ne peut être qu’en phase avec les us et coutumes de la communauté chaouie. Il s’agit d’une culture montagnarde fondée sur le principe de l’autarcie agricole. La survie du groupe requiert parfois une protection extérieure. L’environnement naturel le procure en termes quotidiens: le champ, les semailles, l’arbre, les fruits, l’eau – celle de la rivière ou de la pluie. Ce sont des manifestions habituelles appartenant au cadre montagnard.
La croyance berbère dans les esprits protecteurs ou maléfiques se manifeste par la prédilection pour les amulettes. Ce besoin de protection revêt un effet prophylactique déjà présent dans d’autres ornements de l’orfèvrerie chaouïe. L’himcherrefth illustre donc à la fois les valeurs inhérentes de la société et un moyen intermédiaire pour protéger celles dont la destinée est de garantir la tradition et la survie du groupe.
7.Le motif central de l’anneau d’oreille.
Le plus souvent, l’himcherrifth présente un motif décoratif supplémentaire au-dessus de la frise en dents de scie.
Cet élément ne présente plus aucun stéréotype. Il offre donc un espace ouvert à une diversité caractérisant chaque type d’anneau d’oreille.
Pour illustrer cet élément, soulignant l’originalité du bijou, deux exemples ont été choisis. Le premier est celui de la boucle d’oreille apparaissant sur la photo du titre sur laquelle le décor est de style géométrique. Le second a été sélectionné pour son originalité puisqu’il introduit l’effigie d’un animal, fait inhabituel dans la bijouterie chaouie traditionnelle.
7.1.L’exemplaire de style géométrique (photo du titre).
Le motif de cet exemplaire est très simple. Placé au-dessus de la frise inférieure, il occupe une place centrale au milieu de l’anneau. Il comporte deux motifs décoratifs:
- les deux branches hautes d’un triangle droit en pointe,
- trois boules percées d’un point, assemblées de façon triangulaire.
Ces motifs géométriques trouvent une interprétation en accord avec des critères appartenant à la sociologie berbère.
7.1.1.L’effigie en V renversé est vraisemblablement un symbole de la montagne. Avant de poursuivre l’analyse sur ce dernier thème, il est bon d’y ajouter quelques observations techniques. Tout d’abord, on relève qu’il s’agit d’un triangle droit adoptant la moitié haute d’un carré renversé (un losange). Ce détail revêt une certaine valeur symbolique puisque que l’on sait que le carré a une appartenance terrestre, comme la montagne évidemment. Cette ornementation apparaît à l’intérieur de la tige de l’anneau. Or la frise inférieure est constituée de triangles en pointe, évoquant le principe mâle, celui du feu. L’effigie en V renversé opère alors comme s’il s’agissait d’un reflet démultiplié de ces motifs.
Dans la pensée berbère, la montagne [Adrar, ⴰⴷⵔⴰⵔ] est un axe sacré reliant le monde d’en-bas à celui d’en-haut. Il n’est pas certain que la remarque qui va suivre soit totalement justifiée, mais on remarque que les deux premières lettres du mot “Adrar” dans l’alphabet néo-tifinagh sont: [ⴰⴷ]. C’est à dire un point [ⴰ] et un V renversé [ⴷ]. Linguistiquement parlant, ces deux lettres forment une partie de la racine du mot et de ses dérivés. La chaîne de l’Atlas, dont font partie les Aurès, s’écrirait [ⴰⵜⵍⴰⵙ], peut-être aussi [ⴰⴷⵍⴰⵙ]. Les Grecs ont d’ailleurs emprunté le mythe d’Atlas [Ἄτλας, en grec ancien] à la mythologie des Chleuhs du sud marocain. La ville côtière d’Agadir doit son nom au terme “agadir” [ⴰⴳⴰⴷⵉⵔ] désignant un édifice fortifié, tel une forteresse ou un grenier collectif. Ce dernier type de construction caractérise le versant sud de la chaîne atlassienne selon une ligne transversale allant d’Agadir au djebel Nefoussa, dans le Fezzan libyen. Dans les Aurès les greniers fortifiés portent le nom de haqliɛth[9] ( ou “guelâa” en arabe); c’est également la “ghorfa” du sud tunisien.
7.1.2.Sur la pointe du V renversé, correspondant donc au D [ⴷ] de l’alphabet Tifinagh, il y a trois perles assemblées de manière triangulaire. Le point central observé sur chacune de ces petites boules décoratives donne l’illusion qu’il s’agit peut-être d’un œil. Ces trois yeux rappellent les trois vieilles femmes grecques [Γραῖα, grailla], sœurs et gardiennes des trois Gorgones [Γοργόνες], dont l’origine lointaine pourrait vraisemblablement appartenir aussi à la mythologie libyque.
Cet œil démultiplié pourrait compléter la fonction protectrice de l’himcherrifth. Mais après les observations linguistiques faites précédemment, il est tentant d’y retrouver aussi le signe du A [ⴰ] Tifinagh. Or, la combinaison de AD [ⴰⴷ] illustre une partie de la racine du mot “Adrar” (la montagne) en correspondence avec les trois perles situées au-dessus du V renversé.
Le Yas [S} de l’alphabet Tifinagh est un cercle centré [ⵙ], mais nos connaissances du Tamazight ne sont pas suffisantes pour émettre d’autres hypothèses sur ce sujet.
On peut malgré tout se souvenir que l’image d’un cercle centré est un signe solaire en Égypte tout autant qu’en Chine.
Si ces différentes interprétations se croisent, on remarque tout de même que chacune d’elles conserve une tendance symbolique à valeur protectrice, en phase avec la fonction de la boucle d’oreille, perçue comme étant avant-tout un talisman.
7.2.L’exemplaire à effigie animale (illustration ci-jointe).
Le modèle présenté ici provient de la région de Ghoufi. Acheté dans les années 80, il date probablement de la fin du XIXe ou du début du XXe siècle.
L’animal y figurant est difficilement identifiable. Il semblerait a priori que ce soit un bœuf, mais dans cette région montagneuse, cela paraît peu probable. Il paraît plus vraisemblable que ce soit plutôt un lion de l’Atlas [Panthera leo leo]. Cette espèce a disparu de la chaîne de l’Atlas vers le milieu du XXe siècle. Du Haut Atlas marocain aux monts de Kroumirie (en Tunisie), le lion de l’Atlas a été une espèce endémique depuis la plus haute Antiquité. En 1940, les deux derniers lions ont été tués, l’un au Tizi-n-Tichka, au Maroc et l’autre à Babar, dans la région de Khenchela dans les Aurès. Cette race atlassienne n’est pas totalement éteinte. Il existe en effet quelques spécimens vivants, protégés au zoo royal de Rabat. D’ailleurs le lion de l’Atlas figure sur les armoiries du royaume chérifien.
L’identification au lion de l’Atlas sur cette boucle d’oreille paraît donc plus conforme au cadre montagnard chaoui. D’autant plus que le lion est un vieil emblème de force et de protection. On peut noter sa présence aussi sur les armoiries de Venise (emblème de saint Marc). Un grand nombre de heurtoirs de portes sont à l’effigie d’une tête de lion. Il n’est donc pas étonnant de le retrouver dans un milieu chaoui, même s’il s’agit d’un élément décoratif inhabituel. Il ne fait aucun doute que cet animal appartient au milieu naturel de l’Aurès. On peut ajouter que le lion est aussi un symbole solaire. Ces deux dernières remarques cadrent avec la description faite de l’himcherrefth.
La fonction d’un objet à valeur talismanique se confirme donc. Une telle analyse corrobore celle de Farida Benouniche, faite antérieurement: “Le bijou fut à l’origine un talisman, une amulette destinée à se concilier la nature, à conjurer le mauvais sort, à protéger et à promouvoir la vie et la fécondité. Les formes mêmes des bijoux et leur décor – figures géométriques, thèmes cosmiques et animaliers – eurent un sens magico-symbolique.”[10]
Sur le modèle géométrique (celui de la photo du titre), le motif central triangulaire s’associe au milieu naturel ambiant, celui de la montagne. C’est également le cas sur le second modèle à effigie animalière.
Il y a donc une corrélation entre le motif central et l’espace naturel aurasien.
Les mêmes effets protecteurs, semblables à celui de l’amulette, se retrouvent dans les autres types d’ornements féminins de l’Aurès. Le principe de la dualité (mâle/femelle) représente un acte vital de perpétuel recommencement souligné d’ailleurs par l’évocation du serpent, à l’image d’un rite agraire où les semences sont fécondées grâce au dualisme de l’eau et du feu solaire. Le soleil est à la fois géniteur et protecteur des espèces végétales et animales.
Le symbolisme sous-jacent indique clairement la fonction prophylactique contenue dans la boucle d’oreille qui n’est plus uniquement une pièce d’orfèvrerie. Mathéa Gaudry[11] avait déjà fait état de “la vieille tendance berbère à l’anthropolâtrie”. Dans sa remarquable étude sur la femme chaouie, on lit:“L’Aurasienne, qui se sait entourée d’êtres occultes redoutables, cherche à se les rendre favorables et demande protection à la magie”.
8.La dimension axiale de l’himcherrefth.
L’himcherrefth appartient au lobe de l’oreille. Elle est donc la contrepartie supérieure de l’anneau de pied. Le fait que ce dernier encercle le mollet fait qu’il est en contact direct avec les puissances chthoniennes. Sa lourdeur contraste avec la légèreté de la boucle d’oreille. La droiture axiale du corps sert alors de lien entre les forces du bas et celles du haut. L’himcherrefth protège la partie supérieure du corps, réputée noble; tandis que l’Ardif ou le Akhelkhal sert à protéger la partie inférieure du corps. Une telle relation axiale permet donc d’apporter une harmonie vitale. La présence de l’image solaire solidifie le concept d’une force créatrice supérieure.
Cette conception permet d’être en phase avec la nature et les puissances obscures qui l’animent. Si une telle croyance caractérise les fondements de la culture amazighe, elle n’est pas pour autant exclusive. Les ethnologues reconnaissent des principes identiques partout ailleurs. La réflexion suivante de Jean Clottes[12] vient étayer cette réflexion: “Les principes de base, dans l’univers, sont l’harmonie et l’équilibre. […] En chacun de nous existe aussi un équilibre entre le haut et le bas.”
9.Les variantes décoratives.
Le port et la conception de l’Himcherrefth répondent à plusieurs types d’utilisation.
9.1.Un premier type d’anneau d’oreille reflète un usage quotidien. Dans ce cas, il peut ne pas y avoir de motif central, rendant la parure encore plus sobre. Mais d’une manière générale, la présence d’un motif central est plus répandue. Un tel motif est le plus souvent géométrique mais il peut également comporter une effigie animalière.
9.2.Sur certains modèles, les dents de scie extérieures présentent un petit anneau permettant d’y ajouter une chaînette. Vraisemblablement, cette option caractérise une fonction d’apparat pour célébrer une naissance ou un mariage par exemple. L’Encyclopédie Berbère[13] en fait état en répertoriant d’autres régions berbérophones d’Afrique du Nord où cette pratique a cours: ”Les boucles d’oreille portées dans le Sud marocain, en Kabylie et dans l’Aurès, sont le plus souvent des anneaux, soit très fins et de grand diamètre, soit plus épais et creux et ornés de pendeloques au nombre de trois, quatre ou cinq”. La fonction de l’amulette est bien attestée, mais d’autre part cette remarque fait allusion au symbolisme des chiffres trois, quatre et cinq. Le chiffre cinq semblerait plutôt correspondre à une influence islamique, donc postérieure et vraisemblablement altérée par une volonté religieuse qui en modifie l’identité originelle.
9.3.D’autres modèles plus récents affichent en effet des effigies qui n’ont plus rien de traditionnel, comme des représentations de mains-khamsas ou bien des effigies à caractère purement religieux tel un croissant étoilé. L’Himcherrefth a donc subi certaines altérations au cours du temps afin d’être ce qu’il est convenu d’appeler “socialement correct”.
Le grand anneau d’oreille du pays chaouï caractérise l’aire aurasienne. C’est bien l’avis, de Mathéa Gaudry[14] quand elle précise que: “C’est le bijou le plus répandu dans les Aurès, dans tout le Constantinois et dans le Sud.” Henriette Camps-Fabrer[15] ajoute “qu’il est manifeste que c’est durant les périodes antiques que se sont mises en place les caractéristiques des bijoux de l’Aurès peut-être influencés par les traditions carthaginoises.” À l’instar des autres éléments de l’orfèvrerie aurasienne, l’himcherrefth recèle un symbolisme fondé sur les principes d’une société agraire, vivant en osmose avec son milieu naturel. “Le corps explique la société” écrit l’ethnologue algérien Malek Chebel[16] (1953-2016). C’est d’ailleurs pour cela que l’art du tatouage féminin berbère est complémentaire de celui des bijoux car il vient renforcer l’héritage spirituel de la femme amazighe.
La parure a une double fonction. Elle est bien entendu décorative mais elle posséde aussi une fonction protective destinée à l’individu et aux membres du clan familial. Sur ce sujet, Jean Servier[17] remarque en l’occurence que: le “symbolisme sexuel des boucles d’oreille est nettement exprimé dans l’Aurès où les femmes, de la puberté à la ménopause, portent des boucles d’oreille dites « bularwah » – litt. porteuses d’âmes –“.
Comme tous les autres bijoux traditionnels caractérisant le massif de l’Aurès, ces parures sont soigneusement codées et gardent une sobriété notoire, inhérente à cette aire géographique nord-africaine. Ce dépouillement est une signature, mais il dénote surtout une authenticité proche de l’esprit antique des premières créations. Une pensée également partagée avec Jean Servier[18], pour qui : “la pensée des paysans d’Algérie porte en elle la souche des mystères de l’Antiquité”.
Ajoutons enfin que le bijou chaoui est aussi le reflet saharien de l’orfèvrerie targuie dont il est proche par ses formes épurées et minimalistes, ayant perpétué un symbolisme originel le rendant si précieux à la mémoire des hommes.
Christian Sorand
Albufeira, janvier 2021
[1] Jean Servier, Tradition & Civilisation Berbères, Éditions du Rocher, Monaco, 1985, p 442.
[2] Mathéa Gaudry, La Femme Chaouia de l’Aurès, Geuthner, Paris, 1927, p.285
[3] Jean Clottes, Pourquoi l’art préhistorique?, Gallimard, Folio Essais, 2011, p.107.
[4] J.B. Moreau, Les grands symboles méditerranéens dans la poterie algérienne, SNED, Alger, 1977.
[5] Henriette Camps-Fabrer, Revue du monde musulman et de la Méditerranée, n°72, 1994
[6] Jean Servier, Tradition & Civilisation Berbères, Éditions du Rocher, Monaco, 1985, (p.21)
[7] Ibidem, (p.44)
[8] Ibid, (p.44)
[9] C.Sorand, La Guelâa aurasienne, https://www.inumiden.com/la-guelaa-aurassienne/
[10] Farida Benouniche: Bijoux et Parures d’Algérie, Art et Culture, Alger, 1977.
[11] Mathéa Gaudry, La Femme Chaouia de l’Aurès, Geuthner, Paris, 1927, pp.234-235
[12] Jean Clottes, Pourquoi l’art préhistorique?, Gallimard, Folio essais, Paris, 2011, p.139
[13] Encyclopédie Berbère – Amulette, https://journals.openedition.org/encyclopedieberbere/2487
[14] Mathéa Gaudry, La Femme Chaouia de l’Aurès, Geuthner, Paris, 1927.
[15] Henriette Camps-Fabrer, Persée : www.persee.fr/doc/remmm_0997-1327_1994_num_72_1_1659_t1_0121_0000_1
[16] Malek Chebel, Le Corps dans la tradition au Maghreb. PUF, Paris, 1984.
[17] Jean Servier. Tradition & Civilisation Berbères, Éd. du Rocher, Monaco, 1985, p.282
[18] Ibid., p.344
BENOUNICHE, Farida – Bijoux et parures d’Algérie – Collection « Art et Culture », Alger, 1977.
CHEBEL, Malek – Le Corps dans la tradition au Maghreb, PUF, Paris, 1984, ISBN 2-13-038284-3
CLOTTES, Jean – Pourquoi l’art préhistorique?, Gallimard, Folio Essais, 2011, ISBN 978-2-07-044470-0
GAUDRY, Mathéa – La Femme chaouïa de l’Aurès, Geuthner, Paris, 1927.
MOREAU, Jean-Bernard – Les grands symboles méditerranéens dans la poterie algérienne, SNED, Alger, 1977
SERVIER, Jean – Tradition & Civilisation Berbères, Éditions du Rocher, Monaco, 1985, ISBN 2-268-00369-8
ARTICLES:
-Encyclopédie Berbère: Amulette, https://journals.openedition.org/encyclopedieberbere/2487
-Persée: Camps-Fabrer Henriette. Tatiana Benfoughal, Bijoux de l’Aurès. In: Revue du monde musulman et de la Méditerranée, n°72, 1994. Modernités arabes et turque: maîtres et ingénieurs. pp. 121-123. www.persee.fr/doc/remmm_0997-1327_1994_num_72_1_1659_t1_0121_0000_1