La tradition de « Hijji » chez les chaouis
Par son symbolisme de mise en œuvre de la fertilité, le mariage, la circoncision, le labour et le tissage sont des évènements entourés par des rites semblables (1). Considéré par les chaouis comme des événements bénéfiques, ces évènements sont placés sous le signe de la fécondité.
Hijji est une tradition chaouie observée à l’occasion des rites de passage qui sont le mariage et la circoncision .Si l’on considère que la circoncision est, chez les berbères , un rite d’initiation par lequel l’enfant sort de la société asexuée qui est celle des femmes pour entrer dans celle des hommes (2). Le mariage est le passage vers un statut social définitif où les deux époux sont officiellement admis dans la communauté des adultes.
Le terme Hijji désigne un assemblage d’au moins sept outres empilées (hachelouth, plur.hichelwin ) , l’une blanche désignant l’époux, les autres teintes en rouge, vert, jaune et violet pour l’épouse, que les jeunes filles de la famille du fiancé remplissent de grain (irdhen) et de friandise , et ensuite attachent contre un pilier de la maison préalablement choisi par la mère du fiancé. C’est au pied du hijji que doit avoir lieu la consommation du mariage, et où les époux reçoivent des offrandes de dattes et de farine de blé grillée et sucrée au miel, censées favoriser la fécondité de la jeune mariée. Hijji doit rester sept jours dans la chambre des mariés, c’est le nombre de jours ‘’sept’’, que jadis durait les réjouissances à l’occasion des mariages chaouis.
C’est au pied d’un hijji composé selon les mêmes règles par leur mère que les garçons doivent être circoncis.
Bien que cette tradition tend à disparaitre, plusieurs familles, notamment dans l’Ighzar Amellal tiennent encore, à l’occasion des mariages, à confectionner hijji afin que soit féconde et prospère l’union qu’elles fêtent.
Jugurtha Hanachi
(1) Jean Servier , Les portes de l’année
(2) Laoust, Émile,— Mots et choses berbères , 1920