Les guerriers de Jugurtha dans le Bellum Iugurthinum
L’épopée de Jugurtha est parvenue jusqu’à nous à travers les pages du récit éponyme Bellum Iugurthinum de l’historien romain Salluste.
La guerre que mena Jugurtha fut circonscrite à la Numidie 1 et eut pour enjeu le pouvoir suprême dans ce royaume. La mort du roi Micipsa 2, en 118 av. J.-C., fut le point de départ de cette guerre de succession 3. Les Romains décidèrent d’intervenir dans le règlement de cet héritage, bien sûr, de la manière la plus favorable à leur cause 4. Les intérêts des belligérants furent multiples et parfois confus. Les passions, les manœuvres politico-économiques jouèrent à plein.
Jugurtha n’eut d’autre choix finalement que de se préparer à livrer une guerre contre ses cousins et contre les Romains, plus redoutables encore. Il dut rassembler un grand nombre de guerriers 5, les équiper et les entraîner. De quels corps ces troupes étaient-elles constituées ? Quels étaient leurs rôles, leurs caractéristiques et leurs champs d’action ?
Telles sont les questions auxquelles notre étude va tenter d’apporter des réponses.
1. Les combattants et leur statut
Il est nécessaire de s’intéresser aux combattants de Jugurtha et aux différents aspects de leur implication. Les spécialistes, subjugués par la personnalité de Jugurtha, ont moins porté attention à ses soldats. L’armée de la Numidie n’était pas homogène. Elle comptait, au-delà des troupes régulières, des renforts exceptionnels et des transfuges. On s’interroge sur la méthode utilisée par le roi pour intégrer ces étrangers et n’en faire qu’une seule force, unifiée.
1.1. Les troupes régulières
1.1.1. Le commandement
La chaîne de commandement de l’armée de Jugurtha était organisée de manière claire et précise. Elle était structurée et hiérarchisée. Les postes de commandement étaient confiés aux Numides, le roi placé à leur tête. Pour le remplacer dans son rôle de chef des armées, en cas d’impossibilité de sa part ou lors de situations exceptionnelles, le roi désignait l’un de ses proches 6 ou une personnalité influente et aimée du peuple 7. Micipsa, en son temps, montra l’exemple en confiant à Jugurtha, son neveu, le commandement des Numides partant à la rescousse des Romains en Espagne 8. Ce roi perpétuait là une tradition que Massinissa avait initiée.
Chez les Numides, le roi, commandant suprême 9, possédait une autorité absolue 10. Il était appelé « MNKD » 11. Sa toute-puissance était assise sur une fortune personnelle extrêmement importante 12, indispensable au bon fonctionnement d’une armée. Jugurtha disposait d’un véritable trésor en or, ainsi que d’immenses domaines dont les terres produisaient du blé en suffisance 13.
1.1.2. Les lieutenants
Après le roi, chef de guerre, venaient les lieutenants. Le Bellum Iugurthinum mentionne, par exemple, une délégation d’officiers allant à la rencontre du consul Metellus 14. Bomilcar, l’ami le plus proche du Jugurtha, en était le responsable. Jugurtha lui confiera, plus tard, le commandement des groupes d’éléphants et d’une partie de l’infanterie, lui détaillant ses missions 15.
Dans l’organisation militaire numide exerçaient d’autres officiers, subalternes, qui menaient les troupes au combat. Ils sont nommés « préfets » par les sources. C’étaient des Numides qui se distinguaient de leurs collègues situés plus haut dans la hiérarchie 16.
1.1.3. Les hommes de troupes
Tout au bas de l’échelle, se trouvait le simple soldat. C’était un personnage appelé « MSWH », mot signifiant « garde » ou « soldat » 17.
1.1.4. Le recrutement
Les informations sur le recrutement de troupes régulières dans l’armée de Jugurtha sont incertaines et nous ne pouvons qu’émettre des hypothèses. Ces troupes étaient, dans un premier temps, sans doute, issues de l’ethnie à laquelle appartenait la famille royale. Puis, dans un second temps, ces premières réserves en hommes s’épuisant, d’autres populations étaient, à leur tour, sollicitées 18.
En contrepartie, le roi exemptait d’impôt les villes contribuant à « l’effort de guerre » et quelques recrues recevaient une solde 19. Nous ignorons le montant et la nature du paiement. À cette solde pouvaient s’ajouter d’autres profits, obtenus au fil de leurs pérégrinations, comme le butin par exemple.
Le recrutement était pris en charge par les gouverneurs, représentant le roi et installés dans quelques grandes villes 20. Ces légats du pouvoir royal commandaient les garnisons, mais assuraient également le recouvrement de l’impôt. En effet, le roi exerçait ou faisait exercer un contrôle strict des finances publiques sur les cités sujettes 21.
Le maintien des troupes sous les armes n’était pas toujours aisé pour le roi. À la saison des travaux agricoles, certains soldats désertaient, estimant leur présence indispensable au sein de leur communauté. Cette hémorragie de combattants concernait les recrues de « circonstance » qui se défiaient des objectifs et des promesses faites par les chefs. Le roi se trouvait alors dans l’obligation de pallier ces départs par le recrutement de remplaçants également issus du monde rural. Salluste l’évoque ainsi :
[exercitum] sed hebetem infirmumque, agri ac pecoris magis quam belli cultorem (Sall. J. 54, 3)
[une nouvelle armée] sans mordant et sans résistance, moins faite pour la guerre que pour la culture et l’élevage 22.
La relève des troupes avait lieu régulièrement, plus particulièrement après chaque bataille. Elle se faisait dans les termes indiqués par Salluste :
At ille sese in loca saltuosa et natura munita receperat, ibique cogebat exercitum numero hominum ampliorem. (Sall. J. 54, 3)
Le roi s’était retiré dans une région boisée et naturellement fortifiée, et il y rassemblait une nouvelle armée plus forte en nombre que la précédente.
S. Gsell explique que le choix d’un lieu boisé et escarpé n’était pas sans intérêt : il offrait une protection contre une éventuelle riposte de l’ennemi 23.
1.2. Les éléments étrangers
1.2.1. Les transfuges et les déserteurs
L’armée de Jugurtha, composée donc, pour partie, de troupes régulières, comptait également dans ses rangs des transfuges et des déserteurs 24. D’anciens soldats ligures et thraces 25 furent intégrés à l’armée de Jugurtha après l’échec des Romains à la bataille de Suthul en 110 av. J.-C. 26 comme le rappelle Salluste :
Quae postquam ex sententia instruxit, intempesta nocte de inprouiso multitudine Numidarum Auli castra circumuenit. Milites Romani, perculsi tumultu insolito, arma capere alii, alii se abdere, pars territos confirmare, trepidare omnibus locis. […] Sed ex eo numero quos paulo ante corruptos diximus, cohors una Ligurum cum duabus turmis Thracum et paucis gregariis militibus transiere ad regem. (Sall. J. 38, 4-6)
Quand il [Jugurtha] eut tout réglé à son gré, en pleine nuit, à l’improviste, il cerne le camp d’Aulus avec un fort contingent de Numides. Les soldats romains sont décontenancés par cette attaque soudaine ; les uns prennent les armes, les autres se cachent ; le désordre est général. […] Parmi les troupes qui s’étaient laissé corrompre, une cohorte de Ligures avec deux turmes de Thraces et quelques simples soldats passèrent du côté du roi.
Salluste rapporte plus loin comment, après sa défaite à la bataille de Muthul, Jugurtha fut abandonné par sa propre armée, et qu’il ne restait plus autour de lui que des cavaliers étrangers 27.
La situation se répéta, en quelque sorte, lors du siège de Zama par les Romains lorsque Jugurtha exhorta les habitants de cette ville à défendre leurs remparts et leur donna en renfort les déserteurs romains, à qui toute nouvelle trahison était devenue impossible, et qui formaient, à ce moment, une partie de ses troupes 28. Le rôle majeur de ces transfuges dans l’armée de Jugurtha fut vite apprécié. Ils finirent par représenter une partie considérable des troupes 29, comme le précise le Bellum Iugurthinum :
Iugurtha inpensius modo rebus suis diffidens, cum perfugis et parte equitatus in solitudines. (Sall. J. 75, 1)
Jugurtha, désespérant plus que jamais de sa fortune, gagne le désert avec les transfuges et une partie de sa cavalerie.
Les transfuges formaient également la garnison des tours royales 30, Salluste parle d’une tour se trouvant dans une région isolée et subissant le siège de Marius. Cette tour était défendue uniquement par des transfuges 31.
L’armée romaine comptait également dans ses rangs des transfuges numides qui combattaient aux côtés des soldats romains :
Perfugae, minime cari et regionum scientissumi, hostium iter explorabant. (Sall. J. 100, 3)
Des transfuges, auxquels on tenait peu et qui connaissaient bien le pays, épiaient la marche des Numides.
C’étaient de simples soldats numides « retournés » en tant que transfuges et utilisés pour des missions de reconnaissance. Ils étaient chargés principalement d’espionner l’armée de Jugurtha 32. Ces transfuges n’étaient pas des soldats professionnels, comme ceux de la garde royale et fidèles au roi. Ils avaient été recrutés à la hâte par Jugurtha sur la population pour étoffer ses troupes en temps de guerre 33.
Les Romains, sans surprise, utilisèrent des transfuges numides. Salluste fait allusion à une unité précise composée de cavaliers numides, celle que Metellus allia à la légion pour mener à bien l’opération punitive contre les habitants de Vaga, auteurs du massacre de citoyens romains installés dans cette ville en 109-108 av. J.-C. 34.
Salluste, détaillant cet événement, rapporte que les habitants de Vaga, à la vue d’une armée qui s’avançait vers eux, crurent d’abord, non sans raison, que c’était celle de Metellus, et fermèrent les portes de la ville ; puis, voyant qu’on ne dévastait pas les champs et que les soldats marchant en tête étaient des cavaliers numides, ils imaginèrent au contraire que c’était Jugurtha, et s’avancèrent à sa rencontre avec joie… Soudain, au signal donné, cavaliers et fantassins s’élancent ; les uns massacrent la foule répandue hors de la ville, les autres courent aux portes, d’autres s’emparent des tours 35.
Les Romains incorporèrent dans leurs armées des Numides et des Gétules, tous opposants au roi 36. On peut citer, à titre d’exemple, le cas du frère de Jugurtha, Gauda, qui rejoignit les Romains et que Salluste jugeait faible d’esprit et incapable de rendre le moindre service 37.
1.2.2. Les Gétules
Des combattants gétules ont été recensés dans l’armée de Jugurtha 38. C’était la première fois que ces auxiliaires étaient signalés aux côtés des combattants de Jugurtha et, de plus, non loin de Cirta 39. Les Gétules soutenaient Jugurtha dans sa guerre contre les Romains :
Iugurtha postquam amissa Thala nihil satis firmum contra Metellum putat, per magnas solitudines cum paucis profectus, peruenit ad Gaetulos, genus hominum ferum incultumque et eo tempore ignarum nominis Romani. Eorum multitudinem in unum cogit ac paulatim consuefacit ordines habere, signas equi, imperium obseruare, item alia militaria facere. (Sall. J. 80, 1-2).
Jugurtha, persuadé, depuis la perte de Thala, que rien ne pouvait résister à Metellus, partit avec quelques hommes à travers de grands déserts et parvint chez les Gétules, peuplade sauvage et barbare, et qui ignorait encore jusqu’au nom des Romains. Il regroupe cette multitude, et peu à peu l’accoutume à garder les rangs, à suivre les enseignes, à observer les ordres, bref à toutes les obligations militaires 40.
Les Gétules intervenaient dans le conflit depuis 108 av. J.-C., époque à laquelle Jugurtha se refugia à l’abri de leurs frontières, pour ensuite, les rallier à sa cause 41.
On comprend mieux ses liens forts avec les Gétules méridionaux et leur adhésion à sa politique, quand on sait que la mère de Jugurtha était Gétule. Une relation étroite exista bel et bien entre Jugurtha et ce peuple. Elle déboucha sur une alliance effective.
Mais on sait également que d’autres Gétules, eux, s’étaient ralliés aux Romains. Marius enrôla ces Gétules dans son armée. Par la suite, il les récompensa en leur attribuant des terres en Numidie et en Africa 42.
1.2.3. Les Maures
Au sein des forces de Jugurtha figuraient des combattants fournis par ses alliés. Grâce à ses compétences en diplomatie 43, Jugurtha sut rallier à sa cause Bocchus, roi des Maures, par l’intermédiaire de ses conseillers. Il le persuada également de déclarer la guerre aux Romains 44. Par ces propos, il stimula son courage, lui disant :
Romanos iniustos, profunda auaritia, communis omnium hostis esse ; eandem illos causam belli cum Boccho habere quam secum et cum aliis gentibus, lubidinem imperitandi, quis omnia regna aduorsasint : tum sese, paulo ante Carthaginiensis, item regem Persen, post, uti quisque opulentissumus uideatur, ita Romanis hostem fore. (Sall. J. 81, 1).
Les Romains sont un peuple injuste, d’une avarice sans borne, ennemi de tout le genre humain ; ils ont, pour lui faire la guerre, le même motif qui les a armés contre lui-même et tant d’autres nations, leur besoin de dominer, qui en fait des adversaires de tous les empires ; aujourd’hui c’est lui-même, hier c’étaient les Carthaginois et le roi Persée, demain ce sera quiconque leur paraîtra le plus riche qui sera leur ennemi.
C’est ainsi que les deux armées, numide et maure, se regroupèrent 45. Jugurtha usa, en une autre occasion, du même procédé pour convaincre de nouveau Bocchus, promettant, cette fois, de lui attribuer le tiers de la Numidie si les Romains étaient chassés de l’Afrique 46.
L’adhésion initiale de Bocchus permit à Jugurtha de recevoir, entre autres, d’importants renforts de cavalerie 47. D’après Salluste, ce fut seulement après la prise du château de la Mulucha que Bocchus se décida à entrer en guerre contre Rome, aux côtés de Jugurtha 48. L’expédition menée par Marius en Afrique était un avertissement et une menace pour le roi maure qui prit alors la décision de rejoindre Jugurtha avec son armée composée principalement de cavaliers 49.
Dès que Bocchus se rendit compte que la victoire des Romains était proche, et soucieux de préserver son royaume, il abandonna Jugurtha pour se rallier aux futurs vainqueurs. Cette trahison confirme l’opinion de Plutarque : Bocchus passait pour ne pas avoir beaucoup aidé Jugurtha dans sa guerre contre les Romains et il reçut son gendre, plus par calcul que par affection. Bocchus feignit alors d’intervenir auprès de Marius en faveur de Jugurtha, alors qu’en secret, il songeait déjà à le trahir 50.
2. Les unités
Les forces militaires réunies par Jugurtha se répartissaient en deux catégories. La première était formée de troupes régulières et permanentes 51 : la garde royale. Elle représentait le noyau dur autour duquel se regroupait l’ensemble des soldats mis à la disposition du roi par les peuples concernés. Cette unité d’élite était très proche du roi. Salluste en témoigne dans son œuvre quand il mentionne la défaite de Jugurtha à la bataille de Muthul en écrivant :
Id ea gratia eueniebat quod, praeter regios equites, nemo omnium Numidia ex fuga regem sequitur : quo cuiusque animus fert eo discedunt, neque id flagitium militiae ducitur : ita se mores habent. (Sall. J. 54, 4)
Il [Jugurtha] en était réduit là parce que, chez les Numides, le roi n’est suivi dans une déroute que des cavaliers composant sa garde ; les autres s’en vont où bon leur semble et personne ne trouve à redire : les mœurs sont ainsi faites.
La garde royale était d’abord constituée par une cavalerie, véritable corps d’élite 52. À cette cavalerie étaient adjointes des troupes légères : lanceurs de javelots, quelquefois archers ou frondeurs susceptibles de toucher l’ennemi à distance 53. Salluste écrit que, durant le siège de Zama, Jugurtha décida de se rendre sur place de nuit avec l’élite de ses cavaliers pour attaquer les Romains 54. Comme dans toute armée de métier, la garde royale tendait à constituer un corps distinct de l’ensemble de forces complémentaires issues de population civile 55.
Cette unité d’élite, à partir de Jugurtha, était divisée en escadrons ou manipules, tous commandés par des officiers et rassemblés sous des enseignes. La primeur de la décision de moderniser l’armée ne revenait pas à Jugurtha. En effet, le roi Syphax, en son temps, avait déjà sollicité l’aide d’instructeurs romains, leur assignant la mission de donner plus de force et de cohérence à ses armées 56.
Après la garde royale venaient les renforts exceptionnels qui formaient la seconde catégorie des troupes Numides. Comme indiqué plus haut, ces forces étaient réunies en prévision de conflits latents ou à venir. Après avoir été recrutés, les conscrits, assez nombreux, étaient soumis à une formation militaire dont la teneur et la durée dépendait des moyens matériels dont le roi disposait 57.
Ces troupes, composées de fantassins et de cavaliers, s’engageaient avec leurs propres armes : javelots, coutelas et petit bouclier. Les cavaliers montaient leurs propres chevaux, sans mors.
Au-delà du simple constat de leur désertion à la saison des labours et des moissons, et contrairement aux conclusions de S. Gsell 58, ces combattants de circonstances montraient, à l’évidence, beaucoup de courage et possédaient les qualités inhérentes à leur origine : endurance et habileté 59.
3. Préparation au combat
L’activité sportive a toujours été pratiquée par les guerriers de Jugurtha. Plusieurs sources littéraires attestent que les Numides étaient des hommes sains au corps souple et résistants à la fatigue 60. Ils avaient la réputation d’être favorisés par la nature. La plupart connaissaient une vieillesse digne 61. D’après Appien, les Numides étaient de ceux dont la vie était la plus longue 62. Intervenait également le mode de vie « naturel » de ce peuple, habitué dès le jeune âge, aux longues courses à pieds et à cheval 63. Le Bellum Iugurthinum fait référence à cette pratique :
Qui ubi primum adoleuit, pollens uiribus, decora facie, sed multo maxume ingenio ualidus, non se luxu neque inertiae corrumpendum dedit, sed, uti mos gentis illius est, equitare, iaculari, cursu cum aequalibuscertare ; et, cum omnis gloria anteiret, omnibus tamen carus esse ; ad hoc, pleraque tempora in uenando agere, leonem atque alias feras primus aut in primis ferire, plurimum facere, minimum ipse de se loqui. (Sall. J. 6, 1).
Parvenu à l’adolescence, Jugurtha, qui à la vigueur physique et à la beauté du visage joignit encore et surtout une intelligence supérieure, ne se laissa corrompre ni par le luxe ni par l’oisiveté, mais, suivant l’usage de ce peuple, il pratiquait l’équitation, le lancer du javelot, luttait à la course avec ceux de son âge, et malgré les succès qu’il remportait sur tous, il était pourtant aimé de tous. En outre il passait la plupart de son temps à la chasse, il était le premier ou des premiers à frapper le lion ou les autres bêtes sauvages ; toujours prompt à agir et le dernier à s’en vanter.
La chasse était une activité habituelle des Numides depuis déjà une époque ancienne. Deux raisons simples en montrent l’intérêt : trouver là de quoi couvrir des besoins alimentaires, mais également, être en situation de se mesurer aux fauves pour protéger son bétail 64. À une époque plus tardive, Pline l’Ancien évoque également la chasse à l’éléphant par les Africains où Jugurtha excellait encore 65.
D’après Xénophon, la chasse représentait surtout une école de guerre. Elle procurait la santé au corps, maintenait aiguisées la vue et l’ouïe et retardait la venue de l’âge 66. Elle faisait partie intégrante de l’entraînement militaire 67.
Quant aux exercices militaires « classiques » répétés par les Numides, Végèce remarque, de manière banale, que les soldats, arrivés au terme de leur entraînement, combattaient mieux que les jeunes recrues. C’est ce qui, selon lui, devait faire comprendre aux « novices » pourquoi le soldat exercé l’emporte sur celui qui ne l’est pas 68.
Salluste évoque les exercices de l’armée de Jugurtha, particulièrement au moment des préparatifs à la guerre contre les Romains. Pour entraîner ses troupes, Jugurtha, en personne, les faisait manœuvrer. Il s’appuyait également sur le savoir-faire d’hommes rompus au métier des armes 69.
Les nouvelles recrues se prêtaient à des exercices physiques et autres activités plus sportives comme l’équitation « classique » et les courses hippiques 70. Les guerriers de Jugurtha se passionnaient pour l’équitation 71, qui semble avoir été un art fort bien cultivé chez les Numides, et, de façon générale en Afrique, depuis des temps lointains. Des peintures et des gravures rupestres en témoignent encore 72. Les Numides avaient leurs propres traditions équestres et ne ressentaient pas le besoin d’y apporter un quelconque changement. Tous pratiquaient l’équitation dès l’adolescence 73 et devenaient d’excellents cavaliers 74.
Dans son livre sur la Cynégétique, Arrien écrit que les jeunes Numides dès l’âge de huit ans apprenaient à monter à cheval à cru et à chasser l’onagre au lasso 75. Du vivant de son propre père, Mastanabal, futur père de Jugurtha, remporta des courses de chevaux organisées à Athènes dans le cadre des Panathénées 76.
Les soldats de Jugurtha s’adonnaient traditionnellement au lancer du javelot. Salluste rapporte que, suivant l’usage du peuple numide, Jugurtha lui-même s’entraînait au lancer du javelot 77.
Pour encourager ses soldats, Jugurtha, selon l’usage antique, prononçait un discours avant chaque bataille. Il passait alors ses escadrons en revue et, s’adressant à ses hommes, les exhortait en leur rappelant leurs victoires passées et leur valeur maintes fois démontrée. Il continuait à les haranguer, leur demandant de protéger leur famille, le royaume et le roi contre les Romains, adversaires qu’ils avaient déjà vaincus et obligés à passer sous le joug 78. Puis, il s’adressait personnellement à chacun d’eux, plus particulièrement à ceux qu’il avait déjà récompensés pour une belle action par des honneurs ou de l’argent. Son discours était alors, selon le profil de son interlocuteur, ponctué d’encouragements, de promesses de prières ou de menaces 79.
Au chapitre des préparatifs au combat, la logistique figurait au nombre des préoccupations les plus urgentes du roi. Fort heureusement, les troupes de Jugurtha n’étaient pas exigeantes 80. D’après Silius Italicus, les combattants n’avaient pas de grands besoins pour vivre et se contentaient de repas frugaux 81.
L’armée trouvait la première source de ravitaillement dans les abondantes récoltes offertes par les terres royales 82. Venait ensuite l’impôt que le roi exigeait des tribus, des villes et des villages 83. Salluste fait allusion à l’intelligence dont Jugurtha faisait preuve dans la préparation guerrière en matière de la logistique :
Interim Iugurtha postquam omissa deditione bellum incipit, cum magna cura parare omnia, festinare, cogere exercitum, ciuitatis quae ab se defecerant formidine aut ostentando praemia adfectare, conmunire suos locos, arma, tela, aliaque quae spepacis amiserat reficere aut commercari, seruitia Romanorum adlicere et eos ipsos qui in praesidiis erant pecunia temptare, prorsus nihil intactum neque quietum pati, cuncta agitare. (Sall. J. 66, 1).
Cependant Jugurtha, quand il eut résolu de ne plus capituler et de reprendre la guerre, en faisait tous les préparatifs avec autant de soin que de diligence, levant une armée, cherchant à regagner par la terreur ou l’appât des récompenses les cités qui l’avaient abandonné, fortifiant ses positions, réparant ou achetant les armes défensives ou offensives et tout le matériel que l’espoir de la paix lui avait fait céder, attirant à lui les esclaves romains, et tâchant de corrompre à prix d’argent même nos garnisons ; bref, son activité s’exerçait partout, essayait de tout, mettait tout en œuvre 84.
Arrivait en troisième lieu, le butin 85 : Jugurtha en personne tirait profit des occasions offertes par la prise du butin 86.
Les vivres des combattants se composaient pour l’essentiel de blé et d’eau 87. Le fourrage pour les chevaux était indispensable 88. Les chevaux numides, rustiques et dociles, n’exigeaient que peu de soins 89. Le ravitaillement était stocké sous bonne garde dans deux types de lieux : des villes et des forts 90. On y trouvait en suffisance, des armes, de grandes quantités de blé et un point d’eau vive 91. Généralement le chemin qui menait à ces lieux était escarpé et bordé de précipices. On ne s’en approchait qu’au prix de grands risques pour sa vie 92. Salluste mentionne le fortin de la Mulucha qui contenait une partie des trésors royaux et d’importantes réserves 93. La vue de cet ouvrage avait stupéfié Marius et l’avait inquiété au point qu’il s’était demandé s’il n’était pas de son intérêt d’abandonner son projet d’attaque tant il était presque sûr d’aller à l’échec 94.
4. Le rôle tactique des troupes
4.1. La cavalerie
Salluste évoque la valeur des Numides, en rappelant comment les meilleurs des soldats se rangeaient aux côtés de Jugurtha 95. Les Numides étaient renommés pour leur excellence dans le domaine de la cavalerie. Leurs rangs avaient toujours fourni des cavaliers de grande qualité 96. Jugurtha, par exemple, commandait les renforts de cavalerie venant prêter main forte aux armées romaines en difficulté en Espagne 97. Le prince affronta les Celtibères, les meilleurs des combattants ennemis et se couvrit alors de gloire à Numance en 133 av. J.-C 98. Sur un autre plan, Silius Italicus remarque les avantages offerts par les conditions naturelles favorisant l’élevage des chevaux :
[Africa] felix qua pinguis mitis plaga temperat agros, / nec Cerere Hennaea Phario nec uicta colono. / Hic passim exultant Numidae, gens inscia freni, / quis inter geminas per ludum mobilis aures / quadrupedem flectit non cedens uirgalupatis. (Sil. Pun. I, 210-215)
[L’Afrique] jouit de zones tempérées, aux champs fertiles, où les fruits de Cérès valent bien ceux que produit Henna et ceux que récolte Pharos. Là, galopent librement les cavaliers numides, sur leurs chevaux sans rêne qu’ils font obéir avec une baguette souple, aussi efficace qu’un mors, et dont ils jouent entre les oreilles de leurs montures 99.
Les troupes montées de Jugurtha combattaient d’une manière qui leur était propre. D’après Salluste, à la bataille de Zama, ces cavaliers s’étaient mêlés aux fantassins pour combattre l’ennemi de concert. Les cavaliers, au lieu de charger et de se replier ensuite comme habituellement, poussaient leurs chevaux en avant jetaient le trouble dans les rangs romains et, par cette tactique, livraient à leur infanterie légère, des adversaires à moitié vaincus 100 qui subissaient ainsi de grandes pertes 101.
Les forces légères de la cavalerie numide de cette époque se sont illustrées en de nombreuses occasions. Ces forces sont attestées maintes fois par les auteurs. G. Brizzi nous livre une des pratiques spécifiques des cavaliers numides consistant à s’incliner presque au ras du sol pour couper le jarret d’un fantassin ennemi 102. Cette pratique, d’après Y. Le Bohec, relève autant de l’acrobatie que de la guerre 103. Elle prouve que l’entraînement de l’armée numide était poussé.
4.2. L’infanterie
Les rangs des combattants de Jugurtha comptaient également des fantassins. Ainsi, dans le corps d’élite qu’il commandait à Numance, en 133-134 av. J.-C., se côtoyaient cavaliers et fantassins 104. À un autre moment, lors de la bataille du Muthul, Jugurtha confia à Bomilcar le commandement de fantassins bien aguerris 105.
Dans les lignes des fantassins combattaient des troupes armées plus légèrement 106. Ces dernières intervenaient généralement en début de bataille, en tirailleurs ; leur mission consistait à fatiguer l’ennemi, lui infliger les premières pertes et affecter son moral. Salluste évoque le désordre que pouvait créer la présence d’une infanterie légère dans les rangs ennemis 107. L’efficacité de ces troupes légères venait surtout de leur rapidité de mise en action, inquiétant considérablement les ennemis 108. Elles guerroyaient souvent associées à des cavaliers 109. À la bataille de Cirta, au moment où Jugurtha attaqua avec sa cavalerie l’arrière-garde de l’armée de Marius, Bocchus l’appuya avec ses troupes d’infanterie 110.
4.3. Les « Indiens » et leurs éléphants
Les auteurs anciens mentionnent souvent la présence d’« Indiens » dans les armées. Il ne s’agit pas là, bien sûr, de combattants originaires des Indes, mais de cornacs 111. De nombreux textes signalent la présence d’éléphants en Numidie 112. Frontin en porte témoignage : « la Numidie fertile en éléphants » 113 ; puis Plutarque : « en 81 av. J.-C. Pompée chasse en Numidie le lion et l’éléphant » 114 ; et Florus également : « les éléphants de Juba sont issus des forêts proches » 115.
En décrivant les murailles de Carthage, Appien 116 signalait des écuries pour éléphants 117. Après avoir estimé les dégâts énormes qu’un tel animal, par sa force et par sa fougue, pouvait provoquer dans le camp ennemi, Carthage décida d’en faire un char d’assaut par excellence. Au pied des remparts de Carthage, on aménagea des écuries pour trois cents éléphants 118.
Micipsa envoya, en 134 av. J.-C., un groupe de douze éléphants accompagnés d’équipiers et des moyens nécessaires. Il les plaça sous le commandement de Jugurtha pour soutenir les Romains contre les Numantins en Espagne 119. Salluste souligne l’importance des éléphants dans les combats de l’armée de Jugurtha. Il choisissait les meilleurs de ses lieutenants pour les faire manœuvrer 120. Quarante-quatre pachydermes furent engagés à la bataille du Muthul 121. Son beau-père, Bocchus, roi des Maures, en posséda jusqu’à soixante 122. Pendant les combats, les éléphants étaient sans doute protégés par des éléments d’armure. À leur cou pendait une clochette, dont le tintement était censé les exciter 123.
4.4. Le renseignement
Jugurtha recourait aux services d’« espions », notamment pour collecter des informations sur l’ennemi et en connaître les intentions. Pour ces missions délicates, les commandants choisissaient des cavaliers compétents et intelligents 124. Ainsi, c’est grâce à ses espions que Jugurtha découvrit la marche de Sylla contre lui 125.
5. L’équipement des combattants
L’équipement des guerriers variait selon leur affectation et leur domaine de compétence. Salluste ne consacre que peu de ses écrits à l’armement des soldats de Jugurtha. Dans un passage relatif aux préparatifs militaires, il se contente de quelques phrases : « Jugurtha résolut de reprendre la guerre en faisant tous les préparatifs avec autant de soin. Levant une armée, fortifiant ses positions, réparant ou achetant les armes offensives ou défensives » 126. Salluste n’a précisé ni le type des armes, ni les emplacements des ateliers de fabrication ou de réparation, ni le nom des cités marchandes.
Au moment de l’attaque, les soldats utilisaient des armes de poing, qu’ils conservaient en main, et des armes de jet qu’ils lançaient sur l’ennemi. Parmi ces armes blanches destinées à l’évidence au combat rapproché, figurait en bonne place l’épée 127. Lors de la bataille de Cirta, Jugurtha encouragea ses troupes, hurlant que les Romains étaient défaits et qu’il venait de tuer Marius. En même temps il brandissait son épée, rougie du sang des fantassins romains qu’il venait de faire passer de vie à trépas 128. S. Gsell pense que Jugurtha s’était servi d’une d’épée 129 identique à celle retrouvée dans le caveau du Khroub, lorsqu’il combattait en Espagne aux côtés des Romains 130.
Les combattants numides, comme les autres, montraient une préférence certaine pour le combat à distance 131, plus économe en vies humaines. Le javelot était leur arme favorite 132. Elle les caractérisait en quelque sorte et fut utilisée très tôt sur le champ de bataille 133. Chaque soldat emportait avec lui deux ou trois javelots 134, qu’il soit fantassin ou cavalier 135. Les textes ont bien décrit l’efficacité de cette arme. Nous ne connaissons pas avec précision les matériaux entrant dans la fabrication des javelots. Les écrits, parfois, citent le fer. Les sources témoignent de l’abondance d’oxyde métallique dans cette région. S. Gsell le confirme en notant : « On a observé que les noms antiques de plusieurs lieux, situés en Numidie et en Maurétanie, se terminent en ‘MUSA’ et qu’en ces lieux il y a des mines » 136.
Pour compléter le tableau des armes offensives on peut citer également le poignard ou coutelas, qui entrait naturellement dans la panoplie du combattant. Selon G. Brizzi, dans la phase finale de l’affrontement et quand le moment était propice, les Numides se lançaient à la poursuite de l’ennemi et usaient de leur coutelas, tranchant les tendons des cuisses ou des jarrets des hommes. Après avoir ainsi désarçonné leurs adversaires, ils les laissaient perdre leur sang et continuaient leur course. Une autre destination de ce coutelas était la mutilation des corps après la bataille. Toujours d’après G. Brizzi, cette arme, assortie de quelques javelots, était très appréciée des Numides 137.
Les soldats faisaient également usage d’arcs. Appien relate la présence d’archers dans l’armée que commanda Jugurtha à Numance 138. Ils ne devaient pas représenter un nombre élevé car, dans les récits des guerres d’Afrique, les autres sources ne les ont jamais mentionnés.
Quant aux armes défensives, rares sont les témoignages littéraires et archéologiques qui en font état. C’est ce qui a pu inciter S. Gsell à conclure que les Numides utilisaient peu souvent un armement défensif 139. Cela ne veut pourtant pas dire que les Numides n’en possédaient pas, car ces armes essentiellement constituées de matière organique, comme le cuir, n’ont malheureusement pas laissé de traces exploitables.
Le bouclier, d’après les sources, était le moyen le plus courant de protection chez ces combattants. Il était généralement de forme ronde et fait de cuir, comme l’écrit indirectement Salluste en le comparant au bouclier romain :
Super terga gladii et scuta, uerum ea Numidica ex coriis, ponderis gratia simul et offensa quo leuius streperent. (Sall. J. 94, 1)
Ils avaient sur le dos, leurs épées et leurs boucliers, ceux-ci de cuir à la façon des Numides, à la fois pour alléger leur charge, et pour qu’ils ne fissent pas du bruit en se heurtant.
Leur efficacité dépendait étroitement des conditions météorologiques, la pluie amollissant le cuir et le rendant moins résistant 140. Les auteurs anciens évoquent également la cuirasse, protégeant les combattants contre les coups et les blessures 141. A.C. Fariselli montre comment ces guerriers se protégeaient le flanc de toute atteinte en assemblant les cuirasses qui supportaient bien des coups et évitaient des blessures 142.
6. Les opérations militaires
Les soldats de Jugurtha, réputés bons guerriers, pouvaient mettre en œuvre différentes formes de combat 143 et user de diverses techniques guerrières. Les armes mises en évidence par les historiens laissent imaginer la variété des modes d’intervention de la cavalerie et de l’infanterie et, par suite, les multiples visages que pouvait prendre une bataille 144.
6.1. La bataille régulière
La bataille était le moment décisif pour lequel les troupes s’étaient longuement préparées 145. Les soldats numides mettaient à exécution des tactiques bien éprouvées pour remporter la victoire 146. Ils pouvaient, par exemple, s’engager dans le combat selon la tradition de leurs pères, celle dite du combat « à la numide », qui impliquait simplement le déploiement de troupes légères, infanterie et cavalerie mêlées. En ce cas, les troupes montées procédaient de la manière suivante : assaut, jets de javelots et repli. Ces manœuvres équestres étaient répétées à l’exercice 147. Les guerriers étaient, bien sûr, rompus à la bataille rangée. Salluste décrit, en maintes circonstances, l’habileté des troupes conduites par Jugurtha 148. La bataille du Muthul en fut un malheureux exemple.
Salluste livre une description détaillée de cette bataille rangée dans son Bellum Iugurthinum 149. Jugurtha, commandant son imposante armée, parvint en un lieu jouxtant le fleuve Muthul 150. Il conserva le commandement de sa cavalerie et de ses meilleurs fantassins et confia à Bomilcar, son lieutenant, la responsabilité des éléphants et du reste de l’infanterie 151. Metellus s’avança pour rejoindre le fleuve. Jugurtha lui barra la route, mettant le Romain en position délicate, car il se retrouvait à la fois loin de son camp et coupé de ressources en eau. Jugurtha le força à accepter le combat au cours duquel l’armée romaine souffrit de la soif et de la chaleur. Metellus rompit et reprit sa marche vers le Muthul. Jugurtha attendit que l’aile droite romaine ait dépassé son aile gauche. Il envoya, alors, deux mille fantassins occuper les lieux d’où Metellus était descendu, afin d’empêcher les ennemis de battre en retraite et de s’y retirer 152. Après quatre jours, Metellus, incertain de remporter la victoire, temporisa et recourut à une tactique de contre-guérilla 153 pour répliquer à la guérilla adoptée par Jugurtha. La bataille dura. La fatigue accablait les deux adversaires. Bomilcar, entouré de ses fantassins et de ses éléphants, occupait une hauteur à droite de Jugurtha, plus près de la rivière, attendant le mouvement de l’ennemi pour descendre dans la plaine. Il avança lentement et rangea ses troupes en ordre de combat 154. Son plan était, soit de barrer la route à l’ennemi s’il continuait sa marche, soit de l’assaillir sur sa gauche, une fois que Jugurtha aurait rompu le front, puis de lancer les éléphants à sa poursuite. Le combat s’engagea. Les éléphants de Bomilcar, effrayés, se dispersèrent. À la vue de cette situation d’échec, les Numides s’enfuirent, et la nuit tomba 155.
Malgré la fin inattendue de cette bataille, on voit combien Jugurtha connaissait les règles de la bataille rangée 156. La description de la bataille du Muthul montre que Jugurtha, bien qu’ayant optimisé, en bon général, ses chances de vaincre en positionnant ses troupes en ordre de bataille, se heurta au refus de Metellus, qui à un affrontement direct préféra, à ce moment, la technique du harcèlement. Salluste a présenté la guerre de Jugurtha comme une guerre régulière. Les opérations de guérilla menées ensuite par Jugurtha furent consécutives à la lourde défaite du Numide à la bataille du Muthul durant l’été 109 157.
Voilà qui devrait inciter à la réflexion la plupart des commentateurs modernes, quand ils considèrent que l’armée de Jugurtha n’usait généralement que de techniques de guérilla, sans autres formes de combat. Pourtant l’historien Salluste mentionne explicitement un engagement en ordre de bataille. Ces mêmes commentateurs, à l’inverse, jugent que la guérilla pratiquée par les Romains était pure stratégie. Ce ne fut que plus tard, après l’alliance acceptée par Bocchus, que Jugurtha envisagea de nouveau d’affronter les légions romaines en bataille rangée. Mais là, ce furent les Romains qui, usant à leur tour de méthodes de guérilla, massacrèrent nuitamment les Maures et les Numides dans leur camp 158.
6.2. La guérilla ou guerre de harcèlement
La guérilla visait à épuiser l’envahisseur, et elle se caractérisait par le refus de la bataille rangée, qui était perdue d’avance ; elle était donc, d’après Y. Le Bohec, un aveu de faiblesse implicite. Pour qu’une guérilla réussisse, elle doit réunir trois conditions. Il convient d’abord qu’elle obtienne l’appui des civils qui fournissent la logistique, le renseignement et l’abri 159. Jugurtha a exigé de son armée qu’elle déploie, face aux Romains, toutes les facettes du harcèlement : « Il était si rusé, il connaissait si bien les lieux et l’art de la guerre, qu’on ne saurait dire s’il était plus à craindre présent qu’absent et plus redoutable en guerre qu’en paix » 160. Les cavaliers numides étaient insaisissables. Chevauchant leurs montures aux pieds sûrs, aptes à passer par les chemins les plus difficiles, ils mettaient les nerfs des Romains à rude épreuve : à tout moment et en tout lieu, on croyait les voir surgir 161.
Même dans la nuit, le moindre bruit faisait supposer que l’ennemi approchait. Jugurtha pouvait également jouer sur l’effet de surprise. La pratique du harcèlement consistait à transformer une partie de la cavalerie en force de choc et à laisser l’autre en réserve dans des lieux où on l’avait installée 162. Jugurtha et ses guerriers, en marchant de nuit par des chemins détournés, parvenaient toujours à croiser quelques soldats ennemis dispersés dans la campagne, qu’ils tuaient ou capturaient en grand nombre, avant de se retirer aussi promptement qu’ils étaient venus 163.
L’objectif de ces actions, qui tendaient à dérouter l’ennemi ou à le mettre en difficulté, à tout le moins, était de l’épuiser par des attaques répétées, de se jeter sur lui quand il était dispersé, de créer autour de lui un climat d’insécurité permanent, d’amener ses soldats à quitter les rangs pour se risquer en petits groupes à l’extérieur de leur camp et être massacrés sans crainte de riposte 164.
Jugurtha et ses guerriers avaient bien compris que les procédés indirects étaient souvent moins coûteux en hommes et matériel et mieux adaptés pour lutter contre l’adversaire 165. C’était là un moyen employé par de bons généraux 166. Dans l’Antiquité, le chef de guerre le plus admiré était celui qui n’acceptait jamais directement le combat, à moins d’avoir préalablement placé l’adversaire dans une situation qui le mettait en état d’infériorité 167. Ces pratiques militaires indirectes finissaient par être acceptées, jusqu’à être considérées comme des preuves d’intelligence 168. Elles étaient loin d’être attribuées à des armées inférieures. Les Grecs considéraient même que le succès était plus grand et plus honorable quand il était obtenu par l’intelligence plutôt que par la force et par le courage 169.
Il était courant de donner de fausses informations à l’ennemi, de le tromper par des simulacres d’assaut et de l’attirer dans quelque piège. Pour bien apprécier la notion de ruse, il faut d’abord considérer que la première qualité d’un guerrier était l’honneur et la fidélité à ses promesses : alors, tout peut être entrepris contre l’ennemi dès lors qu’il n’y a point de parole engagée 170.
Les combattants antiques avaient tendance à dénoncer chez les autres ce qu’ils avaient pratiqué eux-mêmes. Les historiens modernes transposent souvent les guerres de résistance connues dans le monde actuel aux sociétés antiques. Les formes du combat indirect n’attirent l’attention des historiens que lorsqu’elles sont mentionnées dans des sources à propos des barbares ; à l’inverse, ces pratiques sont minimisées chez les Romains et appelées stratagèmes 171.
Y. Le Bohec conteste ce parti-pris. Il considère que les Romains ont peu utilisé la guérilla parce que, d’une part, ils n’en éprouvaient pas le besoin, étant habituellement les plus forts, et que, d’autre part, ils jugeaient cette pratique contraire à leur éthique. Les Romains préféraient la bataille rangée où ils étaient passés maîtres. Mais, quand l’ennemi la refusait, ils pratiquaient à leur tour la guérilla ou la contre-guérilla, s’adaptant alors aux circonstances. Ce que fit Marius 172.
La « désinformation » fut également utilisée par Jugurtha. Par exemple, pour encourager ses soldats face à l’ennemi, il eut recours à la diffusion de fausses informations 173 : à la bataille de Cirta, il se précipita devant la première ligne et cria en latin 174 qu’il venait de tuer Marius 175, ce qui provoqua la fuite d’un grand nombre de Romains 176.
Une dernière pratique consistait à gâter les fourrages et à empoisonner l’eau des puits, là où Jugurtha prévoyait que les ennemis passeraient 177.
Il faut reconnaître que, face aux forces de Jugurtha, Rome opposait une armée d’une redoutable efficacité, la plus puissante de son époque 178. Sa supériorité venait de l’entrainement militaire du soldat romain, de la discipline et de la qualité du commandement des légions. Mais, également, les ressources démographiques de Rome et de l’Italie, permettaient de choisir les meilleurs éléments lors d’un recrutement, faisant de l’armée romaine « une écrasante machine de guerre » 179.
Les Romains avaient su développer la logistique, le transport, le génie, les transmissions et le renseignement. Ils avaient également créé un service de santé.
L’ensemble de ces moyens leur permettait de s’engager dans des conflits avec de sérieux atouts pour la victoire. En matière de tactique, ils y déployaient des talents exceptionnels et connaissaient quasiment toutes les formes de combats 180.
À partir de Metellus en 109 av. J.-C., et de Marius par la suite, les soldats durent faire face à la stratégie choisie par Jugurtha qui bouleversait leur vision de la guerre. Ils furent contraints de s’adapter. Les Romains mirent en œuvre une contre-guérilla pour s’opposer à Jugurtha après leur échec en combat régulier. Les Romains renoncèrent alors aux batailles rangées, mais pour combattre l’ennemi avec sa propre stratégie : la guérilla.
Conclusion
L’excellence des soldats de l’armée régulière de Jugurtha n’est plus à démontrer. La cavalerie en était l’un des éléments les plus représentatifs. Elle était réputée pour son habileté, son endurance et sa capacité à combattre mêlée aux fantassins. Les historiens, d’une seule voix, ont reconnu sa haute valeur militaire, jusqu’à son exemplarité. En effet, ils estiment que les Romains développèrent leur propre cavalerie à la suite de confrontations avec des cavaliers plus aguerris dans cet art, comme les Numides, par exemple.
Les armées numides procédaient selon des tactiques inspirées de leur tradition guerrière et bien différentes de celles des autres peuples. Leur recrutement rigoureux et leur entrainement intensif ont élevé leur niveau de compétence au combat. Leur motivation, leur fidélité au chef et leur discipline ont été la condition sine qua non de victoires dans leur lutte contre l’armée romaine. Finalement, c’est la trahison, et non la lutte armée, qui vint à bout de Jugurtha.
Ouiza Ait Amara
Université d’Alger – département d’histoire
NOTES :
1. J. Alexandropoulos 2000 : 156-157 ; S. Gsell 1928 : 155-8.
2. Ch. Saumagne 1966 : 7.
3. A. Berthier, J. Juillet & R. Charlier 1949 : 26. Vita Latina 197-198 (2018) : 25-50.
4. Ch. Saumagne 1966 : 5.
5. Oros. Hist. I, 5, 9-10. S. Gsell 1927a : 149. Orose mentionne un nombre de 60 000 cavaliers dont Jugurtha aurait disposé dans l’une de ses batailles contre les Romains et un chiffre de 90 000 soldats dans une autre (I, V, 10 et 18). S. Gsell n’accorde aucune confiance à ces chiffres qui s’avèrent peu crédibles (S. Gsell 1927a : 150).
6. App. Hist. rom. VIII, 106, 501-502.
7. Sall. J. 70, 2.
8. Sall. J. 7, 2.
9. G. Camps 1960 : 261.
10. S. Chaker 1984 : 248, G. Camps 1984 : 249.
11. S. Chaker 1986 : 541, L. Galand 1991 : 209, Y. Le Bohec 2010 : 445-456.
12. Luc. bell. ciu. IV, 671. Voir Y. Le Bohec 2010 : 445-456.
13. Y. Le Bohec 2010 : 445-456.
14. Sall. J. 70, 1 et 2.
15. Sall. J. 49, 1.
16. Ps.-Caes. B.-Afr. 92, 3 ; 97, 2 ; 56, 2. Voir Y. Le Bohec 2010 : 445-456.
17. S. Chaker 1986 : 541, Y. Le Bohec 2010 : 445-456.
18. S. Gsell 1927a : 145-6.
19. S. Gsell 1927a : 145-6.
20. M. Kaddache 1982 : 55.
21. G. Camps 1994 : 1986-1987.
22. Les traductions du Jugurtha sont celles d’A. Ernout, revues par J. Hellegouarc’h.
23. S. Gsell 1928 : 194.
24. Sall. J. 38, 4-9 ; Flor. I, 36, 9 ; Eutr. IV, 26, 3. Voir S. Gsell 1928 : 172.
25. C’étaient nécessairement des auxiliaires sur lesquels les rois pouvaient compter : Sall. J. 38, 6 ; 56, 2 ; 62, 6 et 7.
26. Sall. J. 37, 4-9. Voir S. Gsell 1928 : 172.
27. Sall. J. 54, 4.
28. Sall. J. 56, 1 et 2.
29. Sall. J. 103, 1. Voir S. Gsell 1928 : 251.
30. Sall. J. 103, 1. Voir S. Gsell 1928 : 251.
31. Sall. J. 103, 1. Voir S. Gsell 1928 : 251.
32. Sall. J. 54, 2.
33. O. Ait Amara 2013 : 224.
34. Sall. J. 54, 3-4 ; 68, 2, 4. Voir S. Gsell 1928 : 204-205, O. Ait Amara 2013 : 224.
35. Sall. J. 69, 1-2.
36. Sall. J. 68, 2 et 69, 1.
37. Sall. J. 66, 3. Voir S. Gsell 1927 : 124, G. Camps 1960 : 241.
38. Sall. J. 80, 1 et 2.
39. Sall. J. 88, 4.
40. Voir A. Berthier 1981 : 70, S. Lancel 2003 : 61, A. Berthier, J. Juillet & R. Charlier 1949 : 61.
41. Sall. J. 80, 3.
42. G. Camps 1987 : 84-85, O. Ait Amara 2013 : 224-225.
43. S. Chaker 2004 : 3976.
44. Sall. J. 80, 3.
45. Sall. J. 81, 2 ; 36, 5 ; 47, 7 ; Plut. Mar., 10 ; D.S. 34, 38. Voir S. Gsell 1928 : 179.
46. Sall. J. 97, 1-3.
47. Oros. V, 15, 9.
48. Sall. J. 97, 1-3. Voir S. Gsell 1928 : 244.
49. Sall. J. 97, 3 et 4 ; 99, 2. Voir S. Gsell 1928 : 242.
50. Plut. Syll. 6, 3, 1-4 ; 10, 3-6. Certains détails ont été repris par Eutr. IV, 27, 1-2.
51. Ps. Caes. B.-Afr. 48, 1. S. Gsell 1927a : 145.
52. Ps.-Caes. B.-Afr. 48, 1. La stèle de Chemtou prouve que la cavalerie bridée existait chez les Numides, voir F. Bertrandy 1986 : 57, M. Khanoussi & M. Ghaki 1995 : 171.
53. App. Ib. VI, 59, 387.
54. Sall. J. 56, 4. Voir H. Kadra 2005 : 22-24.
55. G. Camps 1960 : 263, H. Kadra 2005 : 22-24.
56. G. Camps 1960 : 261.
57. S. Gsell 1927a : 148.
58. Sall. J. 54, 3. S. Gsell 1927a : 150.
59. S. Gsell 1927a : 150.
60. Hdt. IV, 187 ; Sall. J. 17, 6.
61. Sall. J. 17, 6.
62. App. Hist. rom. VIII, 71, 324.
63. Pol. III, 71, 10.
64. Hdt. IV, 183. S. Gsell 1913 : 235.
65. Plin. N.H. V, 25, commentaire J. Desanges : 248-249 ; Sall. J. 6, 135. Voir aussi Ch.-A. Julien 1930 : 57.
66. Xen. Hipp. 12, 1.
67. App. Hist. rom.VIII, 10, 41 et 11, 42-44. S. Gsell 1918b : 196 n. 1, Ch. Saumagne 1966 : 74.
68. Veg. Mil. 1, 13. Voir Y. Garlan 1999 : 190-191.
69. Sall. J. 38, 3.
70. Sall. J. 71, 1.
71. Y. Le Bohec 2010 : 445-456.
72. M.H. Fantar 1993, II : 107.
73. Sall. J. 6, 1.
74. Liv. XXIX, 34, 5 et XXIV, 48, 6. Voir N. Lubtchansky 2005 : 258.
75. Arr. Cyn. XXIV, 19-20.
76. S. Gsell 1918b : 308.
77. Sall. J. 6, 1.
78. Sall. J. 49, 1-2.
79. Sall. J. 49, 4.
80. Liv. XXIV, 49 ; XXIX, 34-35 ; App. Hist. rom. VIII,11, 42-43 ; 12, 46-49 ; 48, 207. Voir O. Ait Amara 2014 : 30-31.
81. Sil. Pun. III, 79-80, Sall. J. 17, 6. Voir O. Ait Amara 2014 : 30
82. G. Camps 1960 : 69.
83. Ps.-Caes. B.-Afr. 97, 3. Voir Y. Le Bohec 2010 : 445-456, O. Ait Amara 2014 : 31.
84. S. Gsell 1928 : 203.
85. Pol. III, 69, 6-7.
86. Sall. J. 20, 3-4. Voir O. Ait Amara 2014 : 32.
87. Liv. XXIX, 25, 8-9. Voir P.-E. Klingbeil 2000 : 20.
88. App. Hist. Rom. VIII,12, 49.
89. App. Hist. Rom. VIII, 9, 42-45, Luc. IV, 678. Voir S. Gsell 1927b : 183.
90. Y. Garlan 1999 : 133, S. Gsell 1913 : 197-198.
91. Y. Le Bohec 2010 : 445-456.
92. Sall. J. 92, 7-8. 93. Sall. J. 92, 7-8. 94. Sall. J.
93, 1-2, Frontin. Strat. 3. Voir S. Gsell 1928 : 239.
94. Sall. J. 93, 1-2, Frontin. Strat. 3. Voir S. Gsell 1928 : 239.
95. Sall. J. 13, 1 et 2.
96. L.M.P. de Laverne 1805 : 75-137.
97. Sall. J. 7, 2.
98. Sall. J. 7, 1-5. Voir F. Bertrandy 2003 : 19.
99. Traduction P. Miniconi & G. Devallet. Voir M.H. Fantar 1993 : 107.
100. Sall. J. 59, 3.
101. Sall. J. 105, 3.
102. G. Brizzi 1993-1995 : 53-58.
103. Y. Le Bohec 2010 : 445-456.
104. Sall. J. 7, 2, App. Ib. 89, 387.
105. Sall. J. 49, 1.
106. Ps.-Caes. B.-Afr. 18, 1 ; 48, 1. Voir Y. Le Bohec 2010 : 445-456.
107. Sall. J. 59, 3.
108. Ps.-Caes. B.-Afr, 72, 2.
109. Liv. XXV, 34, 13-14.
110. Sall. J. 101, 5.
111. Polybe appelle le cornac Indos : Pol. III, 46, 7. Voir O. Ait Amara 2009 : 26-7 ; 2014.
112. S. Gsell 1913 : 75. 113. Frontin. Strat. IV, 7, 18, Plin. N. H. V, 5 ; VIII, 31, Pol. XII, 3, 5. Voir L. Joleaud 1915 : 205.
114. Plut. Pom. 12.
115. Flor. II, 13, 67.
116. App. Hist. Rom. VIII, 95, 450.
117. Voir aussi Str. Geo. XVII, 3, 14.
118. M.H. Fantar 1993 : 111.
119. App. Ib. 89, 387. L. Muller 1860 : 27.
120. Sall. J. 52, 5. Voir H. Kadra 2005 : 24-26.
121. M. Troussel 1957-1959 : 10, G. Esperandieu 1996 : 2603.
122. E. Deniaux 2000 : 1299.
123. Ps.-Caes. B.-Afr. 72, 4. Voir S. Gsell 1918a : 408, M. Troussel 1957-1959 : 12.
124. Xen. Hipp. 4, 16-17.
125. Sall. J. 107, 3.
126. Sall. J. 66, 1.
127. Ch. Boube-Piccot 1994 : 19.
128. Sall. J. 101, 6 et 7.
129. A. Bonnel 1916 : 167-178, G. Camps 1960 : 111.
130. S. Gsell 1920 : 44. 131. A.C. Fariselli 2002 :
131, E. Acquaro & P. Callieri 2003 : 95.
132. Pol. I, 78, 1-5.
133. S. Gsell 1927a : 7.
134. Voir sur les javelots : D.S. III, 49, 4, Sil. Pun. III, 273. S. Gsell 1928 : 47-48.
135. Ch. Boube-Piccot 1994 : 22.
136. S. Gsell 1918b : 215.
137. G. Brizzi 1993-1995 : 55-6.
138. App. Hist. rom. VIII, 40, 169 ; Ib. 89, 387.
139. S. Gsell 1927b : 50, G. Camps 1989 : 899.
140. Oros. Hist. I, 5, 15 et 17. Voir Ch.-A. Julien 1966 : 59.
141. Liv. XXII, 48, 2. Voir A.C. Fariselli 2002 : 123-125.
142. A.C. Fariselli 2002 : 123-125.
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145. G. Brizzi 2004 : 206.
146. P. Vigneron 1968 : 268.
147. Ps.-Caes. B.-Afr. 69, 4-5 ; 15, 1 ; 13, 1 et 70, 3-4. Voir Y. Le Bohec 2010 : 445-456.
148. Sall. J. 101, 1-9.
149. Sall. J. 48-55.
150. Ch. Saumagne 1966 : 401-403 ; voir la carte de S. Gsell 1928 : 185.
151. Sall. J. 49, 1. S. Gsell 1928 : 186.
152. Sall. J. 50, 1-6. S. Gsell 1928 : 186-188, Ch. Saumagne 1966 : 401-403.
153. Sall. J. 54, 5.
154. Sall. J. 52, 1-5. Voir S. Gsell 1928 : 188.
155. S. Gsell 1928 : 186-189.
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159. Y. Le Bohec 2014 : 298-199.
160. P. Vigneron 1968 : 265.
161. P. Vigneron 1968 : 265-266.
162. F. Cadiou 2013 : 120-134.
163. Sall. J. 54, 9 et 10. Bien vu par S. Gsell 1928 : 196.
164. P. Vigneron 1968 : 266-67.
165. Frontin. Strat. 1.
166. G. Brizzi 2004 : 83-101.
167. F. Cadiou 2013 : 142.
168. Ps.-Caes. B.-Afr. 10, 3. Y. Le Bohec 2010 : 445-456.
169. G Brizzi 2004 : 16.
170. G. Brizzi 2004 : 25.
171. F. Cadiou 2013 : 145.
172. Y. Le Bohec 2014 : 259, 298-299.
173. Frontin. Strat. I, 5, 16 ; 5, 40.
174. Jugurtha avait l’avantage d’avoir autrefois fait des séjours dans les camps romains qui lui avaient donné une bonne connaissance de la langue latine, voir S. Gsell 1920 : 44.
175. Sall. J. 101, 6, 7.
176. Frontin. Strat. II, 4, 10.
177. Sall. J. 55, 8. Voir S. Gsell 1928 : 196.
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