La guerre de Firmus
Le soulèvement de Firmus , qui a commencé en 372 a embrasé pendant plusieurs années toute la Mauritanie Césarienne. Jusque là, les révoltes étaient localisées en Numidie où les circoncellions et les donatistes ont sérieusement remis en cause la domination militaire et spirituelle de Rome.
Qui est Firmus ?
Il était issu de la famille princière des Nubels qui appartient aux Jubaleni, puissante tribu maure dont le château s’élevait au col de Ben-Aïcha, près de Thenia (Ménerville) en Kabylie.
On sait grâce à Ammien Marcellin que Sammac, frère de Firmus possédait, à l’autre extrémité de la Kabylie, dans la vallée inférieure de la Soummam, le château de Petra. Un autre frère de Firmus, Mazucan, possédait, très loin vers l’ouest, dans la vallée du Chélif, un fundus qui portait son nom. C’est de là que les troupes des rebelles partirent pour surprendre Cæsarea. On sait par ailleurs que la sœur de Firmus, Kyria, distribua des sommes d’argent considérable parmi les populations pour les gagner à la cause de son frère.
Les romains, fidèles à leur politique, ont confié en premier lieu la répression contre le soulèvement de Firmus à ses frères, tour à tour, à Gildon, Mascezel et Dius. Les deux autres frères, Sammac et Mazucan, avaient précédé Firmus dans la mort ; le premier assassiné sur ordre de Firmus, le second s’étant suicidé pour échapper aux Romains.
La révolte
Avec la complicité des donatistes, Firmus réussit à occuper presque tout le littoral ; Cæsarea (Cherchel), la capitale de la province qui l’a prise et incendiée, d’Icosium (Alger) qu’il a pillée, Rusubbicar qui lui a ouverts les portes. La révolte s’étendit ensuite vers l’ouest en suivant la vallée du Chélif et le littoral jusqu’à Cartennae (Ténès). De même on sait avec certitude que des combats ont eu lieu dans les régions de Sétif, Zuccabor (Miliana), Castellum Tingitanum (El-Asnam) , Thubusuptu et Saldae ( Soummam ) et Auzia (Sour El Ghozlane).
D’après Ammien Marcellin, Firmus avait réussit à entrainer avec lui de nombreuses tribus et qui sont : Les Jubalenses et les Isaflenses (Djurdjura), les Tydenses et les Massinissenses (Vallée de la Soummam) , les Jesalenses (Titteri) , les Mazices (Zaccar et Ouarsenis) , les Muçones (Bibans) , les Caprarienses (Hodna) etc.…
La compagne de Théodose
Pour réprimer cette insurrection, l’empereur Valentinien désigna son meilleur chef militaire ; le général Théodose, ce dernier débarqua avec ses troupes dans la région d’Igilgili (Djidjel) et établit son quartier-général près de Sétif.
Le récit d’Ammien Marcellin, qui est notre principale source d’information à ce sujet, témoigne sur l’âpreté des combats et la bravoure des berbères : « Ses soldats s’épouvantèrent devant ces Parthes de l’Afrique, ces Numides insaisissable, qu’ils dispersaient sans les vaincre, qui ne leur laissaient pas un moment de répit et qui, comme les insectes importuns de ces contrées, quand ils les avaient chassés loin d’eux, quand ils les croyaient en déroute, se trouvaient en un clin d’œil sur leur front, sur leur dos, sur les flancs ».
La mort de Firmus
Jouant habilement, selon leur habitude, sur les particularismes régionaux et les rivalités tribales, les Romains parviennent néanmoins, après cinq* ans de combats acharnés, à diviser les partisans de Firmus et à dresser contre ce dernier un de ses plus fidèles alliés : Igmazen, roi des Isaflenses. Firmus, informé de la trahison de son allié, se pendit (375), suivant l’exemple de son frère Mazucan qui s’était donné la mort plutôt que de tomber dans les mains de l’ennemi romain. Igmazen livra le cadavre de Firmus attaché à un chameau.
La mort de Firmus mit fin à l’insurrection et Théodose fêta son triomphe à Sétif avant de se rendre à Carthage où il fut décapité sur ordre de l’empereur Gratien à l’instigation d’un de ses rivaux : Mérobaud.
Jugurtha Hanachi
* Gabriel Camps donne le chiffre de cinq ans, pour Ahmed Akkache , la révolte de Firmus a duré trois ans .
Bibliographie :
1- Ahmed Akkache , Les guerres paysannes de Numidie.
2- G. Camps, « Firmus », in Gabriel Camps (dir.), 19 | Filage – Gastel, Aix-en-Provence, Edisud (« Volumes », no 19) , 1998 [En ligne], mis en ligne le 01 juin 2011, consulté le 02 février 2017. URL : http://encyclopedieberbere.revues.org/1940