Femmes et métiers en Afrique
« Occupez vos mains à filer la laine, gardez les pieds à la maison, et vous serez assez parées »(1). La place que Tertullien, après saint Paul, assigne à l’épouse est partiellement en réaction contre l’émancipation sociale et politique progressive des matrones au moins depuis le Ier s. av. J.-C. dans la haute société romaine(2). Les sources littéraires présentent souvent une image traditionnelle de la femme romaine, épouse et mère, mais l’épigraphie révèle l’existence, dans la société urbaine de l’époque impériale, de femmes libres qui exerçaient un métier rémunéré. S’il n’est pas facile de les distinguer des esclaves, on peut aussi se rendre
compte que dans cette société le monde du travail ne se limitait pas aux esclaves. Les populations urbaines n’étaient pas exclusivement masculines, elles n’étaient pas composées que de riches, de parasites et d’esclaves. Elles comprenaient aussi des hommes et des femmes libres qui devaient travailler pour gagner leur vie, et les femmes ne se sont pas contentées de filer la laine à la maison(3). Et quand bien même ! Repérable en creux, le travail des femmes était largement répandu : le travail domestique et reproductif, à la charge quasi exclusive des femmes et part non négligeable de l’économie familiale, est assimilable à un métier. Si l’on se réfère à la définition du terme, à savoir une « occupation, activité permanente s’apparentant à un métier par son utilité sociale, le savoir-faire ou le mode d’existence qu’elle implique », les matrones, les domestiques, les artistes, les médecins comme les sages-femmes, les enseignantes ou les grandes propriétaires, les commerçantes, les prêtresses et les notables ont exercé un métier(4). La documentation existante ne privilégie guère, il est vrai, les informations sur la place et l’action des femmes dans le domaine économique alors que leur rôle dans la société et divers aspects de leur vie privée, familiale ou intime, sont mieux connus depuis quelques décennies(5).
Pour suivre l’évolution des femmes africaines à l’époque romaine, il faut se contenter de quelques textes littéraires ou juridiques, tous écrits par des hommes et qui n’envisagent guère que la situation des classes supérieures, et d’inscriptions innombrables mais, par nature, partiales et fragmentaires. Comment évaluer la place occupée par la femme dans la société romano-africaine, quand la documentation concerne exclusivement les femmes de statut romain – descendantes d’Italiens installés par le droit de conquête, citoyennes grâce aux liens familiaux, romanisées –, les pérégrines échappant en grande partie à l’investigation ?
Osons une incursion dans l’Afrique préromaine, jusqu’à ces parois rocheuses de l’Atlas et du Sahara où un art néolithique, déjà accompli, a gravé et peint les ancêtres de nos Africaines, d’abord, nécessairement dans une société en formation, comme un appel à la fécondité, puis comme des acteurs sociaux et rituels à part entière(6). Gardons cet héritage en arrière-plan pour toutes les fois que la documentation disponible nous restituera des femmes au travail dans l’Afrique romaine.
Matrona, domina, mater familias. les matrones
À Rome, la maternité, les soins des enfants, de la maison, constituent les devoirs traditionnels de la matrone. Des mères, comme cette Claudia Fortunata qui eut douze enfants(7), sont déclarées incomparables, inégalables et inégalées dans les épitaphes. Même si elle n’a jamais pu obtenir la patria potestas, la mater familias, que tous dans la famille appellent domina, occupe au foyer une place éminente, exaltée d’ailleurs le 1er mars lors des matronales, sorte de « fête des mères ». La plupart des qualificatifs qui figurent sur les épitaphes insistent sur les vertus traditionnelles, essentiellement domestiques, que les hommes attendaient de leurs épouses, sœurs et mères : ainsi Postumia Matronilla est-elle louée pour avoir été une laboriosa, efficaxs totius industriae matrona(8). Antonia Victoria de Madauros (Mdaourouch, Algérie) « était affectueuse, sobre et économe. Elle a vécu 43 ans et repose ici. Elle était remarquable, d’une grande piété, d’une grande vertu … particulièrement féconde… »(9). De la même cité provient cette épitaphe en vers gravée par un époux chagriné pour « Aurelia Mammosa … gardienne de la maison … chaste et particulièrement féconde »(10). Dans les milieux aisés, la mater familias africaine gère sa maison et l’importante domesticité qui y est attachée, avec ardeur et économie. Même Tertullien reconnaît qu’il n’y a de « bien administrées que les maisons des hommes mariés »(11). Pallia Saturnina de Maktaris (Tunisie) « ne prélevait rien pour sa toilette, sur ses biens propres et sur ceux de son époux, négligeait la parure pour ne s’orner que de ses bonnes mœurs, et ne désirait rien d’autre que la joie de sa maison »(12). La vie quotidienne pouvait être dure comme le rappelait Monique, la mère d’Augustin, à ses amies de Thagaste (Souk-Ahras. Algérie) qui « portaient des traces de coups, au point que leur figure en était parfois tout abîmée » ; en effet « à dater de l’heure où elles avaient entendu la lecture de leur contrat de mariage, elles auraient dû considérer cette pièce comme le document légal qui les faisait esclaves ; qu’elles devaient donc se rappeler leur condition et ne pas faire les fières avec leurs maris »(13).
Dès la fin de la République, pourtant, relayée parfois par la nourrice, aidée par les servantes, la femme n’était plus cloîtrée au foyer. Elle sortait, fréquentait qui elle voulait, se mêlait aux hommes sur le forum ; elle recevait, tenait des salons littéraires, allait au théâtre, à l’amphithéâtre, au cirque, et tout cela, le plus souvent sans être accompagnée de son mari. En Afrique, les femmes qui fréquentaient les bains publics, mixtes, attirèrent la colère de Cyprien(14). Elle se cultivait l’esprit et se mit même à s’adonner à tous les sports (fig. 1). Ainsi parée, coiffée, maquillée, gracieuse dans ses gestes, la matrone romaine avait gagné en séduction et rivalisait sur leur terrain avec des professionnelles, au grand scandale de l’opinion, car toutes ces occupations étaient autrefois réservées aux courtisanes.
La maîtresse de maison apparaît sur la mosaïque du seigneur Julius, vêtue d’une longue robe de mousseline blanche, importée de Chine ou des Indes, singulièrement transparente, l’allure provocante comme l’Aphrodite à la colonne ; elle ne porte pas grand chose dessous, ce qui est étonnant dans la société du IVe s. et qui a amené les spécialistes à douter des convictions chrétiennes de la châtelaine. Elle est gracieusement appuyée à une colonne, se contemple en souriant dans un miroir qu’elle tient de la main gauche tandis qu’une servante lui présente un collier et qu’un esclave lui offre une corbeille de fleurs. Une résille bleue, mêlée à un bandeau de perles, retient ses cheveux bruns coiffés en chignon. De gros pendentifs et le collier que présente la servante complètent sa parure. Sa femme de chambre, jeune et blonde, les cheveux retombant sur les épaules, porte une robe brune à longues manches rehaussée de deux bandes noires.
Le tableau restitué par cette mosaïque, document inestimable sur la vie quotidienne dans l’Afrique romaine des derniers temps, n’est que contraste entre le luxe des grands et la vie misérable des pauvres(15).
La domesticité
La mater familias africaine des milieux aisés devait gérer sa maison et l’importante domesticité qui y était attachée avec ardeur et économie. Si elle était esclave ou affranchie, elle exerçait ses fonctions au sein de la familia de ses maîtres ; elle était ministra (servante) comme Valeria de Sicca Veneria(16), furnaria (cuisinière ou boulangère ?) comme Valeria Euterpe de Carthage(17), lanifica (fileuse) comme Iulia Paula d’Ammaedara(18), uestiaria (confectionneuse de vêtements) comme IanuariadeSousse(19) ;àCaesarea,Rogataestsarcinatrix (ravaudeuse)(20), Iulia Mimesis, subornatrix (aide-coiffeuse)(21), Fausta, unctrix (masseuse)(22).
Dans ce petit monde industrieux, la nutrix occupe une place à part. La documentation épigraphique mentionne Gellia à Carthage(23) et Ateria Ianuaria à Hr Brisgane(24). À Thamallula, Saturnina est qualifiée de « nutrix Frugiferi »(25). Dans la bonne société, en effet, les nourrices sont nombreuses et deviennent un pilier du foyer. Si la matrice de l’épouse est à ce point indispensable que tout trouble concernant cet organe de la reproduction, qui fondera la lignée légitime, sera soigneusement gardé secret par les familles, tant il est perçu comme la négation de la féminité, la honte la plus grave, le sein de la maîtresse de maison n’est pas essentiel ; on peut en louer ou en acheter un autre : celui de la nourrice. On sait grâce à Augustin que l’allaitement en Afrique durait trois ans et qu’à cet âge, mères et nourrices s’enduisaient les tétons d’une crème amère pour déshabituer l’enfant de prendre le sein(26). Augustin déclare n’avoir dû son lait maternel ni à sa mère, ni à sa nourrice : « J’ai donc été reçu par les consolations du lait humain. Ce n’est ni ma mère, ni mes nourrices qui s’emplissaient les mamelles ; c’est vous, Seigneur, qui me donniez par elles l’aliment de la première enfance … ; car c’était par une affection prédisposée qu’elles me voulaient donner de ce qu’elles avaient en abondance, grâce à vous. »(27)
Où placer la meretrix ? La courtisane faisait-elle partie du personnel servile d’une maison, d’établissements publics ou pouvait-elle commercer à son compte? Ainsi cette esclave prostituée dont on a retrouvé le collier à Bulla Regia, collier sur lequel une inscription la qualifie d’adultera meretrix (fig. 2)(28).
Est-il raisonnable de considérer l’infâme activité, d’évidence imposée à cette fugitive, comme un métier, alors que la malheureuse portait un collier en plomb dont l’inscription invitait à se saisir d’elle et à la ramener au lupanar de Bulla Regia où l’avait jetée son maître, qu’elle semble s’être réfugiée auprès du temple d’Apollon où elle a fini ses jours(29) ? Est-ce précisément ce lupanar qu’évoqua Augustin dans un sermon qu’il prononça en 399 dans cette ville ? : « Quid quaeris ? Mimos ? Meretrices ? Bullae habes » (Que cherchez-vous ? Des mimes ? Des prostituées ? Vous en trouverez à Bulla)(30). L’association de mimos et meretrices ainsi que le contenu de ce passage, dirigé contre les spectacles païens et les mœurs relâchées des chrétiens de Bulla Regia, laissent planer le doute. S’il ne s’agissait que de théâtre, le terme meretrices pourrait signifier « actrices », conformément aux préjugés de la société de l’époque à l’encontre de celles-ci, et Bulla aurait exporté vers Hippone des comédiennes, non des prostituées.
Les artistes
À l’époque romaine, l’opinion publique confondait, en effet, souvent comédiennes et prostituées dans un même mépris parce que le métier de courtisane était souvent exercé par des artistes ; les métiers de la scène ne plaisaient-ils pas autant qu’ils étaient considérés comme infâmants ? L’Afrique punique, déjà, ne comptait pas que des nourrices, des fileuses ou des potières ; elle avait ses artistes(31). Parmi les artistes de l’Afrique romaine, on rencontre aussi bien des esclaves que des femmes libres ; dans certaines grandes maisons, on formait des esclaves des deux sexes pour certains spectacles domestiques : à Carthage, Thyas, morte à 14 ans, est esclave de Metilia Rufina et saltatrix, c’est-à-dire danseuse(32). Une mosaïque, découverte à Douar Chott, représente un banquet où évoluent des danseuses à castagnettes. L’épigraphie a conservé les traces de joueuses de sambuque : Mamilia Rufilla, sambucistria à Thuburnica(33), Caninia sambuca Castellum Celtianis(34) et Iulia sambuc[- – -] à Tenelium35. Aelia Saturnina a été musica (musicienne) à Capsa(36) et Donata, timpanaria (joueuse de tambourin) à Sitifis, a vécu jusqu’à 110 ans(37). Sur une mosaïque de Zliten, en Libye, l’orchestre comprend un joueur de flûte, deux joueurs de cor et une joueuse d’orgue hydraulique, vêtue d’une tunique à manches vert bronze et coiffée à la mode flavienne (fig. 3)(38).
Les métiers de la santé
Toutes les travailleuses n’étaient pas des « plébéiennes » car certaines d’entre elles, les femmes médecins et les sages-femmes notamment, ont été plus favorisées(39). Parmi les activités rémunérées signalées par les épitaphes, celles d’obstetrix et de medica sont attestées et ne doivent pas être confondues, même si l’exemple de cette femme, dans les Métamorphoses d’Apulée, qui se plaint de jouer le rôle pénible de medica parce qu’elle a un mari goutteux dont elle doit frictionner les doigts et qu’elle doit lui préparer des liniments et des compresses, invite à la circonspection(40).
Le métier de sage-femme a été exercé aussi bien par des femmes libres, comme cette Caelia Bonosa Mazica à Musti(41), Licinia Victoria à Utica(42), Aurelia Macula à Maktaris(43), Caelia Victorina à Thagaste(44), Staberia Quarta à Thigillaua(45), que par des esclaves comme cette Irène de Thubursicu Numidarum(46). J.-M. Lassère avance le chiffre de 2163 femmes mortes en Afrique entre 14 et 49 ans sur un effectif global de 5139, ce qui permet de conclure qu’entre le tiers et la moitié des femmes décédaient à l’âge des maternités(47) ! Les fouilles de la nécropole orientale de la ville romaine de Sétif, datée des IIe et IIIe siècles, ont fourni un taux des décès avant, pendant ou peu après l’accouchement, très élevé (14,08 %). En effet, la grande jeunesse de la plupart des parturientes à leur premier enfant et les complications, toujours possibles, s’ajoutaient à l’insuffisance des ressources de la médecine. On peut sans peine évaluer la place de l’obstetrix dans un tel contexte. En cas de difficultés, on pratiquait parfois la césarienne : la Lex Regia exigeait que fût opérée toute femme morte en état de grossesse avancée, pour sauver l’enfant dont on savait qu’il pouvait vivre ; mais l’intervention était rendue périlleuse pour la mère car il était alors impossible d’arrêter l’hémorragie interne éventuelle ou de prévenir une infection toujours possible avec un matériel opératoire qui ignorait l’asepsie. Usées par les innombrables et précoces grossesses, beaucoup de celles qui survivaient à l’accouchement lui-même partageaient le sort de Sergia Amata : mariée à Tazembout (1660 m), dans l’Aurès, à l’âge de 16 ans, elle a sept garçons et une fille, et meurt à l’âge de 37 ans(48). Partout dans l’Afrique romaine, de nombreux reliefs offrent l’image d’un couple étroitement enlacé sous le regard du grand dieu de l’Afrique romaine, Saturne : la femme toujours à gauche, tend les deux bras autour de son mari, tandis que celui-ci l’étreint de son bras droit posé sur l’épaule et place sa main gauche sur le ventre de sa femme (fig. 4). Ce n’est pas là la représentation classique des époux et du mariage.
Ici, le geste de l’époux signifie la possession de la femme, évoque l’acte d’amour et la conception d’une progéniture qu’on place ainsi sous la protection de Saturne, Genitor, maître de la conception, celui à qui s’adressent les ménages, en particulier les couples stériles, en vue d’assurer la fécondité de leur union(49). À considérer la mortalité des jeunes mères, l’assistance du dieu de la fécondité n’était pas superflue. L’épigraphie révèle pour les Africaines une longévité moyenne de 38 ans, supérieure de 10 ans à la longévité constatée à Rome.
Les sages-femmes ne se contentaient pas d’aider aux accouchements ; elles procédaient aussi à des examens de virginité et à des avortements. Fréquemment employé dans l’Afrique romaine, l’avortement n’était pas condamnable par considération pour la personne de l’enfant mais pour celle du père, ce dernier, seul, ayant droit de vie ou de mort sur son enfant. Pratiqué selon des méthodes dangereuses qui décapaient l’utérus, il entraînait souvent des stérilités définitives et délabrait l’organisme quand il ne provoquait pas la mort de la patiente. Même sous les empereurs chrétiens et malgré une application désormais plus stricte de la pénalité, les pratiques abortives n’ont pas cessé. Augustin condamne les méthodes anticonceptionnelles, même naturelles, parce qu’elles sont employées « contre le droit et contre l’honneur … »(50) ; contre l’avortement, il s’en prend aux hommes sans conscience qui voudraient détruire le fruit des entrailles de leurs femmes en utilisant d’abord des poisons puis, en cas d’échec, des moyens mécaniques(51). Coûtant fort cher, l’avortement apparaît comme le privilège de la classe aisée. Les femmes des milieux défavorisés devaient se résigner à la maternité, après avoir eu recours à des moyens inefficaces. Dans ce cas, restait la honteuse pratique de l’expositio qui consistait à abandonner, en toute légalité, les enfants non désirés peu après leur naissance. Les sages-femmes pouvaient aussi être de bonnes entremetteuses.
Les femmes médecins du monde romain furent, sans doute essentiellement, des accoucheuses auxquelles on donnait un titre plus ambitieux, mais certaines ont dû parfois être amenées à soigner réellement des femmes atteintes de stérilité, de tumeur au sein, mais pas seulement(52). Libres, affranchies ou esclaves, ces femmes ont acquis une considération et une aisance plus grande que les sages-femmes(53). En Afrique, on connaît une seule femme médecin: Asyllia Polia, medica à Carthage(54). Aux IVe et Ve siècles, des médecins africains adressent leurs écrits aux medicae(55).
les métiers de l’éducation
Une épitaphe du IIe-IIIe s., récemment découverte à Caesarea, mentionne une grammatica, Volusia Tertullina, c’est à dire « grammairienne », plutôt que simple « érudite » ou « lettrée »(56). Jusque là, dans l’ensemble du monde romain, les références épigraphiques à des grammatici ne concernaient que les hommes(57) ; pour la première fois, est attestée l’existence d’une femme enseignante. Rare dans l’aristocratie romaine de la fin de la République, une matrone cultivée se rencontrait peut-être plus souvent au IIe ou au IIIe s. en particulier dans une ville comme Caesarea, cette capitale dont Juba, déjà, avait voulu faire un centre culturel et où, plus tard, une femme aurait enseigné la grammaire aux jeunes filles de l’aristocratie locale. La femme a été aussi paedagoga, c’est-à-dire répétitrice, comme à Thugga, Cornelia Fortunata(58). Le paedagogus peut prendre en charge l’enseignement primaire, mais il s’agit plus souvent d’un éducateur que d’un enseignant (grammaticus). Un texte de la fin du Ve siècle, attribué à un prétendu IVe concile de Carthage, recommandait qu’une femme, quamuis docta, ne pût assumer une quelconque tâche d’enseignement in conuentu(59). Si les filles fréquentaient l’école primaire comme les garçons, il semble bien que seules celles appartenant aux classes sociales élevées suivaient l’enseignement secondaire ; quant à l’enseignement supérieur, même à une époque tardive, rares étaient les femmes qui pouvaient y accéder(60). La soumission, religieuse et familiale, fut recommandée aux chrétiennes. N’ayant pas droit à la parole, ces femmes n’eurent donc pas le droit d’enseigner(61). Augustin, imaginant une femme idéale, la voit « lettrée ou du moins qui puisse aisément être instruite par son époux »(62). Rares sont les images de femmes en train de lire. L’Afrique offre trois exemples seulement d’une telle image flatteuse renvoyée à la défunte : une inscription métrique de Cirta(63), un cippe funéraire, découvert à la Marsa et daté du IIe siècle, sur les faces duquel on peut voir une femme à sa toilette, une autre en train de filer la laine, une troisième occupée à lire un uolumen (fig. 5)(64) et, enfin, un sarcophage de Tébessa, daté de la fin du IIIe siècle, sur la face antérieure duquel une litterata est assise en compagnie des neuf muses (fig. 6)(65).
À Hadrumetum, une épitaphe chante les louanges d’un mari à sa compagne, filosofa (philosophe)(66). Il est intéressant d’évoquer ici Monique, la mère d’Augustin. Alors qu’elle réside à Cassiciacum, dans la propriété de Verecundus, avec son fils et un certain nombre de disciples, amis et membres de la famille, elle participe aux débats philosophiques qu’Augustin anime et où, interlocutrice active et souriante, elle se révèle femme supérieurement intelligente, forçant l’admiration de tous. L’autorité avec laquelle elle exige le résumé de tel débat qu’elle a manqué permet de constater qu’elle a sa place au milieu des hommes qui discutent philosophie(67).
les exploitantes de domaines
Avec les écrits d’Apulée et l’exemple d’Æmilia Pudentilla nous est restituée l’activité d’une riche et autonome propriétaire terrienne de Tripolitaine. Au cours du procès qu’on lui intenta, Apulée se défendit en montrant, chiffres à l’appui, combien il bénéficiait peu de la fortune de son épouse, une femme fortunée d’Oea qui, confirma-t-il, était une locuples femina ou une locupletissima femina(68). Cette fortune se composait d’argent (pecunia), d’esclaves (mancipia) dont 400 ruraux, de domaines sur lesquels poussaient du blé, de l’orge, de la vigne, des oliviers, d’une domus confortable, servie par 15 esclaves, avec vue sur mer à Oea, de uillae(69). Pudentilla avait aussi des terrains (agri) situés à 100 milles du domaine principal(70). Elle gérait ses biens seule et avec compétence, même si elle dut demander le consentement d’un tuteur pour acquérir un herediolum, qualifié quelques lignes plus loin d’agellum, d’un montant de 60 000 sesterces(71) . Elle vérifiait les comptes des fermiers (uilici), des bergers (upiliones), des palefreniers (equisones) et toute cette activité fut exécutée sollertissime. Elle put se permettre d’offrir des sportules aux habitants d’Oea pour un montant de 50 000 sesterces lors du mariage de Pontianus, son fils aîné, et de la prise de toge virile du cadet(72).
Il est légitime de supposer qu’il dut en être de même pour bon nombre d’autres femmes, avec quelques restrictions pour des femmes clarissimes, qui résidaient fréquemment à Rome, et devaient laisser la gestion de leurs domaines à des intendants qu’elles ne pouvaient guère surveiller. Prenons garde à la tendance historiographique dominante qui considère les femmes issues de l’aristocratie sénatoriale, équestre ou municipale africaine, comme exclusivement d’origine allogène ! S’il n’est pas facile de distinguer, parmi les femmes de statut romain, les descendantes de colons italiens des Africaines romanisées, le bon sens et la rigueur méthodologique interdisent de voir dans toute grande propriétaire, toute flaminique, une non Africaine. Même si elle exprime plutôt les valeurs féminines traditionnelles, l’épigraphie africaine révèle l’existence de femmes propriétaires et gestionnaires de grands domaines. La lecture de textes mentionnant des évergésies suggère que bon nombre de donatrices détenaient une solide fortune foncière. Juridiquement, rien n’interdisait aux femmes romaines de posséder des terres, car avec la disparition graduelle de l’ancienne forme du mariage qui les plaçait sous la puissance (in manu) du mari, elles avaient acquis une capacité juridique presque totale(73). Mariées sine manu, elles héritaient des biens paternels au même titre que leurs frères. Aussi, quand le Code Théodosien établit que les jeunes gens pouvaient gérer leurs biens à 20 ans et les filles à 18, les femmes disposaient-elles depuis longtemps déjà de leurs biens.
Dans les environs de Kelaa es-Senam, en Proconsulaire, les domaines de Valeria Atticilla ont été constitués sur les terres des Musulames(74). Sur le territoire d’Utique, on connaît les horti d’une Flavia Faustiniana (?)(75). Dans la région de l’oued Khaled, non loin d’Aïn Djemala, s’étendaient les praedia d’une clarissima femina, B…(76).
En Numidie, plusieurs femmes propriétaires, souvent de rang sénatorial ou équestre, apparaissent dans la région de Cirta. À Aïn Mechira, entre Cirta et Diana Veteranorum, une inscription de la première moitié du IIe siècle rappelle qu’Antonia Saturnina a fondé ou établi un bourg et organisé un marché bi-mensuel (uicus et nundinae)(77). Près d’Aïn El Tin entre Cirta et Mileu, Caelia Maxima, clarissima femina, possédait de vastes praedia. Une inscription rap- porte qu’elle fit construire des tours par son esclave Numidius pour surveiller sa forêt(78). À El Aria, entre Cirta et Thibilis, une certaine Maritima est qualifiée de domina d’un domaine, le saltus Bagatensis, où elle institua des marchés conjointement avec son époux, M. Paccius Victor Rufinus(79). Le texte du règlement d’irrigation de Lamasba, établi sous le règne d’Elagabal, nous révèle, à son tour, que des femmes pouvaient effectivement participer à la gestion de biens ruraux(80). Sur 63 noms lisibles de propriétaires, 10 sont des femmes et au moins trois d’entre elles font partie des plus riches : Licinia Domitia, Germania Castula et Valeria Fortunata(81).
Les «Tablettes Albertini», enfin, sont un témoignage précieux sur la condition des femmes africaines de la région de Tébessa à la fin du Ve siècle(82). Aucune des femmes mentionnées sur les actes ne paraît savoir écrire. Bien sûr leur raison d’être essentielle est d’avoir des enfants et le métier à tisser, qui figure dans la dot des plus riches d’entre elles, en dit assez long sur les tâches qui les attendent. Nous devons à Procope et à Corippe les rares renseignements en notre possession sur la vie quotidienne de la femme maure à l’époque byzantine(83) : c’est elle qui écrase le blé sous la lourde meule de pierre et qui fait cuire sous la cendre la galette ; c’est encore elle qui élève la hutte, soigne les chevaux et les bêtes de somme, elle qui fourbit les armes, afin que l’homme n’ait d’autre fatigue que celle des combats. On ne l’oublie pas, non plus, en cas de guerre. Procope raconte que pendant l’expédition du général byzantin, Solomon, contre les Maures, au milieu du VIe siècle, ces derniers avaient placé au centre d’un cercle de chameaux leurs femmes et leurs enfants ; la victoire des troupes byzantines fut lourde de conséquences car « les femmes furent toutes, avec leurs enfants, réduites en esclavage … »(84). Dans les milieux favorisés, les femmes apparaissent étroitement associées à leur mari, voire à leur beau-père, dans la vente ou l’achat des terres. Les veuves tiennent le rôle de chef de famille, telles Adeudata, Siddina, Fotta, Preiecta des « Tablettes Albertini », et disposent de leurs biens propres et de ceux de leurs enfants(85).
Les affaires, le commerce
Bien qu’elle permette aux femmes de vendre des produits faits chez elles, l’activité commerciale en Afrique ne paraît pas avoir été marquée par la présence féminine. La sarcinatrix de Caesarea et les furnariae de Carthage et de Hr Brisgane ont-elles exercé leurs métiers au sein de la famille de leurs maîtres ou à leur compte ? Flavia a été coronaria (bouquetière) à Cuicul (86).
Des femmes ont été les associées de leurs époux : Urbanilla, maîtresse de maison accomplie, a secondé son mari dans les affaires à Capsa(87), et Panaria à Cirta(88). Il semble en avoir été de même pour Gabinia, de la région de Tigisis(89).
Les prêtresses, les flaminiques
Associées au « sacré » depuis la nuit des temps, les femmes ont participé à un grand nombre de cultes, en tant que dévotes, initiées ou prêtresses, tandis que des confréries religieuses féminines sont attestées en divers lieux africains. Dans la société carthaginoise, par exemple, un certain nombre de prêtresses est présent dans la documentation, y compris une Rab Kohanim, à savoir une prêtresse en chef de l’ensemble du clergé(90).
À l’époque romaine, innombrables sont les épitaphes de prêtresses de diverses divinités – romaines, romano-africaines ou étrangères –, simples initiées ou à la tête des collèges sacerdotaux composés d’hommes comme à Carthage où Sempronia Salsula et Valeria Paulina sont qualifiées de mater sacrorum d’un collège de prêtres au service de Jupiter Hammon et Silvain Barbarus(91). On connaît une troisième mater sacrorum, sans précision du nom de la divinité, à Tubusuptu, Fabia Audicaena Turesis(92). À Sicca Veneria, Valeria Saturnina a été sacerdos magna de Cérès et flaminica(93) tandis qu’à Cillium, le nom d’une autre Grande prêtresse de la déesse n’a pas été conservé(94). D’autres Grandes prêtresses, de Cérès vraisemblablement, sont attestées à Thala(95), Thagaste(96), Madauros(97), Sigus(98), Saddar(99), Ben Bessam(100). Iulia Victoria a été canistraria de Cérès maurusia à Madauros(101).
De nombreuses et simples prêtresses ont servi Cérès ou les Cereres : à Mactaris, Nunnia Primitiva, sacerdos Cererum punicarum(10)2 ; Hammonia, fille de Bergbal, à Hammam Ouled Zaïd(103) ; Datia Fortunata, à Madauros(104) ; Iulia Credula à Castellum Elefantum(105) ; Valeria Pupa à Mileu(10)6; Rupilia Marcella et Cluventia Novela à Tiddis(107) ; Herennia Tertulla à Saldae(108) ; Tigzirt a conservé sept stèles de prêtresses de Cérès (fig. 7)(109). « Les femmes qui se consacrent à Cérès africaine abdiquent volontairement leurs droits d’épouses, vieillissent dans la chasteté, loin du contact des hommes » précise Tertullien(110) ; à en juger par l’âge très avancé des défuntes – 83 ans en moyenne, six centenaires – il semble que ce fût là une bonne recette de longévité. La déesse Tellus, également, a eu ses prêtresses : Matrona et Rufina à Thubursicu Numidarum(111) ; Bass(idia ou -ilia) Primosa Marisa, Iulia Mitthia, Caelia Sperata et Iulia Katullina à Madauros(112) ; une anonyme à Saldae(113) et Iulia Prima à Sidi Embarek(114). Le culte de Saturne a eu une prêtresse à Thibilis, Licinia Monula(115). Ont servi le culte de Liber, à Thubursicu Numidarum, Fabia Laeta(116) et Laeta Rufi filia(117).
Le culte de Caelestis a été assisté, notamment, par Porcia Veneria, ancienne esclave de la déesse et épouse d’un prêtre de Pluton, à Hadrumetum(118). Parmi les dieux capitolins, Junon a eu des prêtresses à Cirta – Baebia Casta(119) et Iulia Postuma(120) –, à Vegesela –Iulia Veneria(121). Vénus a eu ses prêtresses à Mactar, Muzuc et Sicca Veneria(122). Les divinités étrangères, également, comptent des prêtresses : pour Isis, Iulia Sidonia à Cirta(123) et pour Cybèle, Hortensia Fortunata à Diana Veteranorum(124) (fig. 8). La liste des prêtresses africaines, bien trop longue pour cette étude, est facile à dresser à partir des différents corpus épigraphiques disponibles(125).
Écartées en principe de la vie publique(126), les femmes paraissent avoir pu gérer le flaminat, prêtrise du culte impérial, qui est non seulement un sacerdoce, mais surtout une dignité politique et un honneur. Soixantehuit flaminiques d’Afrique, appartenant à des familles de notables, exerçaient véritablement, aux IIe et IIIe siècles, la fonction de prêtresses de rang provincial ou municipal, ainsi que dans la Confédération cirtéenne. Le Conseil municipal élit les prêtres et les prêtresses de la cité, comme à Cirta, Sittia Calpurnia Extricata élue par consensus populaire (ex consensu populi). On en connaît dès le Ier siècle, comme Coelia Victoria Potita, flaminique de Livie à Cirta en 42-43(127), Fabia Bira, fille d’Izelta, dite première flaminique du municipe de Volubilis(128), et Ocratina, flaminique de la province de Tingitane à Volubilis(129). Deux autres sont attestées à Caesarea(130). Luria Iulia fut flaminique perpétuelle à Auzia en 267(131). Le flaminicat, signe d’appartenance à l’élite locale, était l’unique occasion pour les femmes de faire preuve de générosité ob honorem, tandis que leurs conjoints pouvaient détenir plusieurs fonctions. Mais comment distinguer une flaminique exerçant le sacerdoce de celle qui ne devait ce titre qu’à son père ou son époux ? Parmi les flaminiques connues, une dizaine ne sont identifiées que par quelques lettres ou une épitaphe avec la simple mention du sacerdoce et, parfois, l’âge(132). Quelques autres apparaissent grâce à leur père ou à leur époux : ainsi le père de Quinta à Sutunurca promet ob honorem flaminicatus de sa fille une statue pour 4000 sesterces. Iunia Saturnina procéda avec son époux à la dédicace du Capitole de Numlulis et Gargilia Fortunata érigea une statue en l’honneur de son mari à Segermes. Il en fut de même pour Valeria Paulina à Gigthis(133) et Auteia Adauta à Thagura(134). À Thuburnica, Caninia Tertia, mère et épouse de flamine, appartenait à une famille de propriétaires fonciers(135). Ces femmes possédaient une solide fortune, prouvée par le montant élevé des sommes honoraires qu’exigeait l’obtention des magistratures et sacerdoces de la cité(136). La première flaminique de Cirta offrit un monument conséquent, à en juger par la mention d’un fragment d’entablement d’une largeur de 2 m au moins(137). Une autre, Clodia Vitosa Tertullina, flaminique des quatre colonies – Cirta, Mileu, Rusicade et Chullu – était cousine d’un chevalier(138). Ces femmes, souvent qualifiées d’honestae feminae, participaient donc très directement à la vie de la cité, à son évolution, à sa gloire et la cité reconnaissante n’oubliait pas les généreuses bienfaitrices et les remerciait en leur élevant des statues en éternel hommage. À Ammaedara, Flavia fut remerciée pour ses mérites et sa singularem munificentiam envers l’ordo et le populus. Il faut souligner l’importance d’un hommage de la cité faisant référence aux libéralités, ob munificentiam, ob liberalitatem, surtout lorsque le terme est assorti d’indications complémentaires : l’épithète assiduam ou l’expression frequentem indiquent des dépenses dépassant nettement le paiement de la simple somme honoraire. Sur les neuf flaminiques identifiées à Thugga, cité de la pertica de Carthage, sept manifestèrent leur générosité envers la cité. Sous le règne de Claude, Licinia Prisca, seule flaminique d’origine servile connue en Afrique à ce jour, fit construire un temple à Fortune, Vénus et Concorde.
Sous le règne d’Hadrien, à l’occasion du flaminicat de Maedia Lentula, Q. Maedius Severus, son père, patron du pagus et de la ciuitas, donna 70 000 sesterces pour un sanctuaire dédié à la Fortune, Vénus, la Concorde et Mercure(139). Sous Antonin, la flaminique Iulia Paula Laenatiana dédicaça un monument à Minerve et fit distribuer un repas et des sportules(140). En 173, Nanneia Instania Fida fit ériger pour 30 000 sesterces deux statues colossales, une de Marc Aurèle, l’autre de Lucius Verus défunt(141). Sous Commode, Nahania Victoria, Pacuvius Saturus, son mari, et Quintus, leur fils, construisirent le temple de Mercure, et aménagèrent un portique et la place du marché(142). À la fin du IIe siècle et au début du IIIe, Asicia Victoria consacra 20 000 sesterces à la décoration d’édifices et institua une fondation de 100 000 sesterces en l’honneur du flaminicat de sa fille Vibia Asiciane, fondation dont les intérêts devaient servir à distribuer des sportules(143). À Calama, probablement sous le règne de Septime Sévère, Annia Aelia Restituta eut droit à cinq statues pour avoir financé la construction d’un somptueux théâtre d’un montant de 400 000 sesterces, soit l’équivalent du cens équestre, une des plus importantes libéralités africaines après le capitole de Lambaesis(144).
À Thamugadi, Cornelia Valentina et son époux, M. Plotius Faustus, dit Sertius, flamine perpétuel de la cité et chevalier, firent bâtir à leurs frais un nouveau marché et, non loin, la plus luxueuse demeure de la cité, demeure à laquelle étaient adossées des boutiques dont la location augmentait leurs revenus(145). C’est là un des rares cas où on peut percevoir une source de revenus autre que la terre(146).
À Caesarea, « Iulius Secundus a fait construire, en ces lieux, un autel destiné à rester, à Festa, sa très chère épouse. Elle a vécu trente-six ans et deux fois vingt jours, et, en mettant au monde le poids de son ventre pour la dixième fois, elle a été ravie le troisième jour [après l’accouchement]. Née de la race des Rubrii, célèbre entre les plus grandes familles, chaste par ses mœurs, de belle apparence, très célèbre par sa sagesse, elle reçut – suprême honneur qui lui fut accordé par la haute décision de ses pères – la bandelette d’or et la couronne de la province de Maurétanie, et obtint les plus grands bienfaits des dieux eu égard à ses mérites. Elle a laissé sains et saufs cinq enfants que leur mère en personne a nourris de son lait en accomplissement de ses vœux »(147). La mention, sur cette inscription versifiée de Cherchel, d’une bandelette d’or (aurea uitta) et de la couronne de la province de Maurétanie (corona Mauricae prouinciae), reçues par Festa, évoque une possible récompense civique octroyée par les décurions de Caesarea dans le cadre d’une fonction importante que la défunte aurait occupée; peut-être a-t-elle été flaminica prouinciae Mauretaniae Caesariensis, la couronne étant un symbole essentiellement sacré et sacerdotal.
Que penser du titre de duumuira que porte Messia Castula sur une autre inscription de Caesarea de 227 AD(148), attestation si extraordinaire qu’on a généralement préféré la considérer plutôt comme femme de duumuir, alors qu’il s’agit peut-être d’un cas rarissime d’honor soutenu par une femme, du type de celui qui est mentionné par une constitution de Philippe(149) ? Et de toutes ces femmes honorées comme patronae de cités, aussi bien en Proconsulaire (Ammaedara, Avioccala, Bulla Regia, Missua, Thibaris, Thibica, Thuburbo Minus, Thugga, Vtica) qu’en Césarienne (Rusippisir) ou en Tingitane (Volubilis) ? Ainsi, au sein d’une documentation fortement déséquilibrée au détriment des femmes, il reste possible de repérer, dans un contexte qui leur était forcément défavorable, l’action de celles-ci dans leur cité, dans les domaines de l’éducation, de la santé et des arts, dans la vie économique pour augmenter et défendre leurs biens, dans la vie religieuse. Elles avaient aussi gagné le droit de former des associations dont il semble bien qu’elles élisaient les dirigeantes, dans un régime pourtant hostile au droit d’association. Mais, pas plus en Afrique qu’à Rome, elles ne semblent avoir jamais conquis de droits politiques.
Prophétesses, elles inspireront une confiance aveugle aux chefs berbères qui, à l’époque byzantine, sur les affaires les plus graves, ne se décideront que d’après leurs oracles.
Nacéra Benseddik – Juin 2008
Antiquités africaines n°45, 2009, p. 103-118
* Cet article fait suite à une communication présentée dans le cadre de la Journée d’études « Femmes d’Afrique », organisée par Michèle Coltelloni-Trannoy, le 27 juin 2008, à l’Université Paris Est Marne-la-Vallée (EA 3350).
1. Manus lanis occupate, pedes domi figite, et satis ornatae eritis, tertullien, De cultu feminarum, II, 13, 7.
2. grimal p., La femme à Rome, 1965, p. 375-497.
3. le gall j., Métiers de femmes, 1969, p. 129.
4. Métier : n. m. IXe siècle, menestier. Issu du latin ministerium, « fonction de serviteur » : http://cnrtl.fr/etymologie/métier (Diction naire de l’Académie française, 9e édition).
5. De nombreuses études ont été publiées depuis une vingtaine d’années sur les femmes romaines, leurs conditions juridiques, sociales, sexuelles. gourevitch d. et raepsaet-charlier m.-t., La femme, 2001, fournissent une bibliographie choisie, abondante. À signaler aussi gardner j.f., Women, 1986, et fantham e., Aemilia Pudentilla, 1995, p. 220-232.
6. Comme cette jeune femme pêchant à la nasse ouverte en compagnie d’un homme barbu dans l’oued Djerat (Algérie), ou ces archères du Tassili : benseddik n., Être femme, 1999, p. 135-138 et fig. nos 12 et 13.
7. CIL, 17463. Dans l’ensemble du texte, CIL est mis pour CIL, VIII.
8. Hr Zaatli (région de Fériana) : CIL, 11294.
9. ILAlg I, 2239.
10. ILAlg I, 2242.
11. De exhort. cast., II, 12.
12. CIL, 647 ; cf. 11787.
13. augustin, Conf., IX, 19.
14. De Habitu uirginum, XXVII.
15. Fin IVe – début Ve siècle, Carthage, Musée du Bardo, Tunisie. Cf. benseddik n, Lasst die Hände, 2006, p. 23, fig. 1.
16. Le Kef, Tunisie : CIL, 1757.
17. CIL, 24678 = AE, 1896, 83 ; il s’agit d’un couple d’affranchis exerçant la même fonction.
18. Haïdra, Tunisie : ILAfr, 158 = AE, 1908, 15 = CLE, 1996 = AE, 2004, 1810 (épitaphe versifiée).
19. Sousse, Tunisie : ILTun, 194.
20. Cherchel, Algérie : CIL, 10938. le gall J., art. cit., p. 125 et n. 4, propose « stoppeuse » parce que plus technique.
21. Cherchel, Algérie : CIL, 9428.
22. Cherchel, Algérie : CIL, 21097 ; la restitution est hypothétique car il s’agit d’un fragment d’inscription : [unct]rix.
23. CIL, 13191.
24. Région de Fériana, Tunisie : CIL, 27988.
25. Ras el Oued, Algérie : CIL, 20592 = ILS, 4475.
26. Serm., 311, 14.
27. Conf., I,VI, 7.
28. Hammam Darradji, Tunisie : AE, 1906, 148 = AE, 1991, 1684 = AE, 1996, 1732.
29. allard p., s.u. Colliers d’esclaves, dans DACL, III, 2, col. 2140- 2157. thebert y., Romanisation, 1973, p. 274 et n. 2. ladjimi-sebai L., À propos du collier, 1988, p. 218. L’occasion m’est donnée, ici, de remercier chaleureusement mon amie Leïla Ladjimi-Sébaï d’avoir mis à ma disposition les documents photographiques tunisiens présentés ici.
30. Serm., Denis, 17, 7. Miscellanea Agostiniana, I, 81-89 : « O mes frères de Bulla … Ne rougissez-vous point d’être les derniers à donner asile à ces vénales turpitudes ? Sur ces marchés romains, dans ces grands encans, où vous achetez le blé, le vin, l’huile, des animaux, du bétail, y a-t-il donc un charme pour vous à trafiquer de la honte, à l’acheter ou à la vendre ? Et quand les étrangers à viennent dans ces contrées, pour ces échanges, si on leur disait : que cherchez-vous ? Des mimes ? Des prostituées ? Vous en trouverez à Bulla … Quiconque veut suivre le mal prend exemple sur vous dans notre Hippone, où tout cela est fini depuis longtemps ; c’est de votre ville que l’on nous amène ces infamies. Mais, direz- vous, en cela nous ressemblons à Carthage. Il y a sans doute à Carthage un peuple saint et religieux, mais la foule est si nombreuse dans cette grande cité, que chacun peut rejeter cela sur les autres. Ce sont des païens, ce sont des juifs qui agissent ainsi, peut-on dire à Carthage, mais ici il n’y a que des chrétiens, et des chrétiens agissent de la sorte ». Cf. Hanoune R., Recherches archéo- logiques, 1983, p. 17-18.
31. De nombreuses statuettes en terre cuite représentent des musiciennes jouant de la double flûte, de la lyre et du tympanon, tandis que d’autres nous restituent les gestes gracieux de danseuses.
32. CIL, 12925.
33. Sidi Ali Bel Kassem, Tunisie : CIL, 25745a.
34. S’il ne s’agit pas d’un simple surnom ; El Meraba des Beni Ouelbane, Algérie : ILAlg II, 2486.
35. Mechta el Ghoula, Algérie : ILAlg II, 2, 4472.
36. Gafsa, Tunisie : CIL, 126 ; l’épigraphie de cette cité mentionne peut-être une deuxième musicienne, Aemil(i)a Mu[sica(?)] (CIL, 128).
37. Sétif, Algérie : AE, 1972, 715.
38. aurigemma s., L’Italia in Africa. I. 1, I mosaici, 1960, pl. 143.
39. le gall j., Métiers de femmes, 1969, p. 130.
40. V, 24.
41. Hr Mest, Tunisie : CIL, 15593 = ILPBardo, 385.
42. Utique, Tunisie : CIL, 25394 = ILPBardo, 449.
43. Maktar, Tunisie : AE, 1980, 936.
44. Souk Ahras, Algérie : CIL, 5155 = ILAlg I, 887 (obstetrix rarissima).
45. Mechta Djillaoua, Algérie : Cagnat R., Chronique d’épigraphie africaine, BCTH, 1894, p. 345 n° 20 = ILAlg I, 427. Âge au décès, 90 ans. Opsetris pour obstetrix.
46. Khamissa, Algérie : CIL, 4896 = ILAlg I, 1377 : …Irene ops(t)etrix Fausti D S S medici…
47. lassere j -m., Vbique Populus, 1977, p. 561. Antiquités africaines, t. 45, 2009, p. 103-118
48. Morizot P., Les inscriptions de Tazembout (Aurès) : aperçu sur un village romain de haute montagne au IIIe siècle, BCTH, n. s. 20-21, 1989, p. 81-84.
49. le glay M., Saturne, 1966, p. 118. 50. De coniugiis adulterinis, II, 12.
51. De nuptiis et concupiscentia, I, xv.
52. CIL, II, 4314 : à Tarraco, une femme médecin est appelée au chevet d’un jeune aurige atteint d’une maladie grave ; cf. le gall J., Métiers de femmes, 1969, p. 128.
53. le gall J., art. cit.
54. CIL, 24679. Cf. aussi Martianus Capella, 3, 228.
55. Il est intéressant d’évoquer ici Theodorus Priscianus, archiâtre africain et élève de Vindicianus, et, surtout, la dédicace de sa préface à Victoria, son assistante, artis meae dulce ministerium (éd. Rose, Leipzig, 1894, 224, 5. Cf. schanz M., Geschichte, 1920, 1127). Voir aussi benseddik N., Pratique médicale, 1986, p. 667-669, 672. vössing K., Schüle, 1997, p. 534-535.
56. Cherchel, Algérie : AE, 1994, 1903 = AE, 1996, 1803 (maritae castae et incomparabili grammat(icae).
57. agusta-boularot S. et Bousbaa M., Grammatici et grammatikoi, 1994.
58. Dougga, Tunisie : CIL, 1506.
59. Mulier, quamuis docta et sancta, uiros in conuentu docere non praesumat (Statuta ecclesiae antiqua, Constitutions apostoliques, III, 6). Cf. Munier C. Les Statuta Ecclesiae Antiqua, Paris, 1960 ; Id. (éd.), Concilia Africae a. 345-a. 525, Turnhout, 1974, p. 352, n° 99.
60. Perpétue était « de naissance honorable, d’éducation libérale » ; cf. franchi de’ cavalieri P., Passio, 1986, p. 104-148.
61. Timothée, 2, 11-12 : « Que la femme apprenne en silence, en toute soumission. Je ne permets pas à la femme d’enseigner, ni de prendre autorité sur l’homme, mais de demeurer dans le silence. »
62. Sol., I, 10. Évoquons pourtant les exemples de Pudentilla et Perpétue… Cf. Vössing K., Schule, 1997, p. 476-479. 63. CLE, 560.
64. De Carthage à Kairouan, Catalogue de l’exposition du Petit Palais, 20 octobre 1982-27 février 1983, n° 194.
65. CIL, VI, 33898 = ILS, 7783 : philosopha, docta nouem musis. gsell S., Tébessa, 1902, pl. VIII, 2. Cf. Vössing K., ouv. cit., 1997, p. 478, n. 1607.
66. Sousse, Tunisie: uxori rarissim(a)e unicae filosofae (AE, 1960, 9).
67. Conf. IX, 4. Cf. Benseddik N., Être femme, 1999, p. 147- 148.
68. Respectivement Apol., XCII, 3 et XCI, 7. Apulée estimait la fortune de Pudentilla à 4 millions de sesterces (et sans doute plus), Apol., LXXI, 6. Cf. aussi pavis d’escurac H., Pour une étude sociale, 1974, p. 55.
69. Apol., XCIII, 4 ; ibid., LXXII, 6.
70. Apol., XLIV, 6.
71. Apol., CI, 5.
72. Apol., LXXXVII, 7-10.
73. briand-ponsart Cl., Les dames et la terre, 2003, p. 79-90.
74. Borne de délimitation (ILTun, 1653 = AE, 1923, 26). Les terres de cette tribu longtemps insoumise ont fait l’objet de bornages au début du règne de Trajan en 100-102 (ILAlg I, 2930, avec le légat L. Munatius Gallus), à nouveau en 105 (ILAlg I, 2828 ; 2978 ; 2988, avec le légat L. Minicius Natalis) ; cf. le bohec Y., Troisième Légion, 1989, p. 371.
75. CIL, 14313.
76. ILTun, 1321 = CIL, 25944 : PBCF développé en p(raedia) B(…) c(larissimae) f(eminae).
77. CIL, 8280 = ILS, 6869 ; cf. CIL, 20072+7037 ; gsell S., AAA, 1911, f° 17, n° 237 ; lassère J.-M., Vbique Populus, 1977, p. 326. Elle est mentionnée aussi en CIL, 7032 = ILAlg II, 616. Cf. shaW B., Rural markets, 1981 ; nollé J., Nundinas, 1982, p. 131-134.
78. CIL, 7031 ; 8209 = 19328 = ILAlg II, 3, 8785 = AE, 2002, 1650 = AE, 2003, 1894.
79. ILAlg I, 1349.
80. Merouana, Algérie: CIL, 18587. Voir notamment pavis d’escurac H., Irrigation, 1980.
81. CIL, 4440.
82. courtois C., leschi L., perrat Ch. et saumagne Ch., Tablettes Albertini, 1952.
83. Procope, Bell.Vand., II, 7, 3. Corippe, Iohn., V, 432-3.
84. Bell. Vand., II, XI, 47.
85. courtois C., leschi L., perrat Ch. et saumagne Ch., ouv. cit., 1952, p. 207.
86. ILAlg II, 3, 8102
87. CIL, 152.
88. CIL, 7154 = ILAlg II, 1, 825 : comes Astigitana.
89. Bordj el Hadj Tahar (entre Aïn el Bordj et Aïn Temlouka), Algérie : …Gabiniae matronae comiti defunctae sors…(CIL, 10828).
90. Berger Ph., Inscription funéraire, 1907, p. 182.
91. AE, 1899, 46 = CIL, 24519 = ILS, 4427. Cf. le glay M., Monuments I, 1961, p. 16-18.
92. Tiklat, Algérie : CIL, 8842.
93. CIL, 1623.
94. Kasserine, Tunisie : CIL, 11306 = 23208 = ILS, 4466.
95. CIL, 505 = 11681.
96. Souk Ahras, Algérie : Claudia Rufina, 103 ans (CIL, 5149 = ILAlg I, 886).
97. M’daourouch, Algérie : Claudia Paula, 90 ans (ILAlg I, 2218).
98. Bou Hadjar, Algérie : Iulia Urbana, 101 ans (CIL, 19136 = ILAlg II, 2, 6524).
99. Ain El Bey, Algérie : Firmidia Impetrata, 100 ans (CIL, 5937 = ILAlg II, 3, 7246).
100. Algérie : Aria Anulla, 101 ans (CIL, 8353 = 20203 = ILAlg II, 1, 4181).
101. M’daourouch, Algérie : ILAlg I, 2033.
102. AE, 1951, 55.
103. Près de Souk Ahras, Algérie : ILAlg I, 929.
104. M’daourouch, Algérie : ILAlg I, 2219 : 85 ans.
105. Ben Ziad, Algérie : CIL, 6359 = ILAlg II, 3, 10128 : 75 ans. 106. Mila, Algérie : CIL, 19993 = ILAlg II, 3, 8562 : 82 ans.
107. El Kheneg, Algérie : CIL, 6708 = ILAlg II, 1, 3617. ILAlg II, 1, 3616.
108. Bgayeth, Algérie : CIL, 20686.
109. Algérie. Communication verbale de J.-P. Laporte.
110. Ad uxorem, I, 6 ; De exhortatione castitatis, XIII ; De monogamia, XVII.
111. ILAlg I, 1373 : 83 ans. ILAlg I, 1374 : 85 ans.
112. M’daourouch, Algérie : ILAlg I, 2213. AE, 1925, 40. ILAlg I, 2214 = AE, 1914, 48 : 75 ans. ILAlg I, 2227 : 90 ans.
113. Bgayeth, Algérie : BCTH, 1927, p. XVI = AE, 1928,40 : 70 ans.
114. Algérie : AE, 1909, 13 : 95 ans.
115. Announa, Algérie : ILAlg II, 2, 4700.
116. CIL, 4883 = ILAlg I, 1368/9 : 57 ans.
117. ILAlg I, 1372 : 61 ans ou plus.
118. Sousse, Tunisie : CIL, 22920.
119. Constantine, Algérie : CIL, 7093 = ILAlg II, 1, 805.
120. Constantine, Algérie : CIL, 7109 = ILAlg II, 1, 808.
121. Ksar el Kelb, Algérie : CIL, 2310 = 17784.
122. CIL, 680 : 80 ans ; 12068 ; 15946 : Veneris serua : 25 ans. 123. Constantine, Algérie : ILAlg II, 1, 809 et 810.
124. Zana, Algérie : AE, 1931, 63.
125. Voir, pour la Proconsulaire orientale, Belfaida A., La prêtrise féminine, 1995.
126. Dig., L. XVII, 2.
127. ILAlg II, 550, peu de temps après la divinisation de Livie. 128. IAM 2, 368. CIL, 21821 = ILM, 49 = IAM 2, 342. IAM 2, 439 = ILAfr, 630 = ILM, 129 = AE, 1916, 43 = AE, 1916, 90.
129. Ksar Pharaoun, Maroc : CIL, 21842 = IAM 2, 443 = ILM, 135 = AE, 1891, 117. D’autres flaminiques sont connues en Tingitane.
130. CIL, 21067.
131. Sour El Ghozlane, Algérie : CIL, 9074.
132. Deux d’entre elles sont inscrites sur le grand mausolée des Flauii à Kasserine (CIL, 211 = 313 = 11300a = AE, 1993, +1714). 133. CIL, 22739 = ILTun, 42.
134. AE, 1935, 39.
135. AE, 1951, 81.
136. Il est cependant impossible de savoir si la dépense a été couverte par la fortune personnelle de la femme ou par celle de sa famille.
137. ILAlg II, 550, peu de temps après la divinisation de Livie. 138. CIL, 18912 = ILS, 6856 ; ILAlg II, 2, 4686.
139. CIL, 26471 = ILTun, 1392.
140. CIL, 26525 = ILAfr, 522 et CIL, 26490 + ILAfr, 518.
141. CIL, 26529 = ILTun, 1406.
142. CIL, 26482 ; ILAfr, 516 ; CIL, 26485 ; ILAfr, 517 ; CIL, 26530, 26533 ; ILAfr, 523 ; CIL, 26483-4 = ILTun, 1396.
143. CIL, 26590-26591 ; kallala N. et Maurin L., Notables, 2000, n° 73.
144. CIL, 5366 = ILAlg I, 286 ; gsell S., AAA, f° 9, 146, 3, p. 19.
145. Pour une description succincte : Courtois Ch., Timgad, 1951, p. 52.
146. CIL, 2394-2399 ; 17904-17905.
147. agusta-boularot S. et bousbaa M., Inscriptions, 1997, p. 108-114.
148. CIL, 9407 = 20948.
149. CJ, X, LIIII.
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