De l’urgence d’être berbériste
Chaque fois que la question de l’identité est évoquée en Algérie, je ne peux pas m’empêcher de penser à la mémorable journée du 19 novembre 2009. La veille, l’équipe de foot algérienne avait battue son homologue égyptienne et s’est qualifiée au mondial après 28 ans d’attente. Mauvais perdants, les égyptiens se sont alors lâchés, parmi les attaques que les algériens ont essuyées, il y avait une qui n’a pas passée : « Ils ne sont que des berbères ! » ont lâché quelques journalistes égyptiens avec des moues dédaigneuses.
Au lieu d’en convenir tout simplement , les algériens s’en sont offusqués. Ils vécurent cette simple constatation (ils sont effectivement berbères) comme une déchéance de l’Olympe de l’arabisme : Comment, après tout ces efforts et ce zèle dépensé pour devenir arabes, et après milles reniements, nous sommes chassés de l’Eden de l‘arabité d’un revers de main ! Semblèrent s’exclamer en chœur certains algériens.
Aujourd’hui, un jeune algérien connait la plus éphémère starlette de télé réalité arabe, alors que les moyens-orientaux ignorent presque tout de lui jusqu’aux illustres personnages de son histoire. Les moindres querelles entre deux chanteuses libanaises sont suivies et assidûment commentées en Algérie. Tout comme, la fatwa la plus farfelue émise par un Chéikh saoudien, est aussitôt adoptée, et scrupuleusement suivie par la jeunesse algérienne. Rappelons-nous que les prêches haineux que diffusait la chaîne wahhabite de « Iqra » ont servi d’étincelle aux évènements tragiques de la vallée du Mzab.
C’est que l’Algérie, et l’Afrique du nord en général, est devenue une caisse de résonance de ce qui se passe en Orient. C’est ainsi que la plus anodine toux moyen-orientale, enrhumera tout le Maghreb. La société algérienne est devenue le terreau fertile pour tous les prosélytismes. En plus de la wahabisation rampante de la société algérienne depuis des années, on assiste à l’émergence d’autres courants religieux comme le chiisme duodécimain, ou encore, comme on l’a vu récemment, certaines associations dûment agrées qui se proclament des Chorfas.
Avec le développement de l’internet, on ne s’étonnera pas de l’importation de tous les conflits du moyen orient en Algérie, et les risque qu’ils font courir à notre sécurité et notre vivre-ensemble. Il est urgent aujourd’hui, plus que jamais, de réhabiliter les valeurs fondamentales de la société algérienne, celles de la tolérance et du respect.
Il est urgent que les algériens se réconcilient avec leur identité berbère et se libèrent enfin du joug de ce mimétisme levantin.
Il est urgent de faire de l’amazighité, le paravent qui protégera l’Algérie de toutes les tentatives de déstabilisation venant de l’extérieur, et assurera à notre jeunesse des repères solides dans un monde en profonde mutation.
Jugurtha Hanachi