Une cuiller à pot pour demander la pluie
« Ô taghnja ! Présente tes mains au ciel et demande à Dieu qu’il nous donne beaucoup de pluie. »
Anzar, Maître de la pluie, désirait s’unir à une jeune fille d’une exceptionnelle beauté qui avait pour habitude de prendre son bain à la rivière. Or, chaque fois qu’Anzar descendait du ciel et s’approchait de la jeune fille, celle-ci prenait peur. Un jour cependant, il parvint à lui déclarer sa flamme, mais la jeune fille lui fit part de ses craintes vis-à-vis du “qu’en dira-t-on”. Prenant acte de leur impossible union, Anzar tourna la bague qu’il avait au doigt et disparut. Immédiatement la rivière se tarit. La jeune fille fondit en larmes, se déshabilla et dans le lit de la rivière implora le retour d’Anzar qui revint pour s’offrir à elle. « La rivière se remit à couler et la terre se couvrit de verdure » (H. Genevois, 1978 : 393).
Cette légende explicative d’un rite d’obtention de la pluie dans la tribu des Aït-Ziki, vallée du Haut-Sébaou en Algérie, est ainsi rapportée par Henri Genevois (1978 : 393-402). Elle serait à l’origine des cérémonies de rogations pour la pluie. Ainsi, anciennement, lors des périodes de sécheresse (automne et printemps), les vieilles femmes se réunissaient pour fixer le jour de la célébration. Une jeune fille pubère était alors parée de tous les atours d’une fiancée et, entourée des femmes et jeunes filles, partait en procession dans le village. Portant une « cuiller à pot » taghnja en main, le cortège s’arrêtait au seuil des maisons et recevait différents présents (semoule, farine, viande, graisse, etc.). Les femmes accompagnaient ensuite la jeune fille devant la mosquée et confectionnaient, sur place, un repas avec les différents dons obtenus. Elle était alors entièrement dévêtue et enveloppée dans un filet à fourrage. Elle faisait sept fois le tour de la mosquée ou du sanctuaire, tenant la louche et entonnant des chants à la gloire d’Anzar implorant le retour de la pluie. Les chants étaient ensuite repris par toutes les femmes. Pendant ce temps, les jeunes filles en âge de se marier se rassemblaient autour de la fiancée d’Anzar, et jouaient au jeu de la balle à la crosse qui consiste à faire entrer une balle de liège dans un trou, à l’aide d’un bâton. Dès lors, on pouvait être assuré de la venue de la pluie dans les jours suivants.
D’après Henri Genevois, ce rituel rapporté par les femmes les plus âgées fut interdit, dès le XVIIIe siècle (1), par les marabouts. Certains villages continuèrent de le pratiquer, se contentant de transporter en procession une cuiller à pot parée comme une fiancée (2).
La description de l’origine du rituel d’Anzar telle que le rapporte l’auteur est particulièrement intéressante et nous permet d’aborder à titre comparatif, les pratiques rituelles contemporaines telles que nous avons pu les observer dans le Sud-Est marocain lors de récentes missions (2003 et 2004).
Le rituel pour la pluie dans le Tafilalt : mise en scène de la « cuiller à pot »
En 2002, les habitants de Taqucht, petit hameau situé au pied de la formation dunaire de l’erg Chebbi, à trois kilomètres du village de Merzouga, ont effectué la procession de « cuiller à pot » afin de favoriser le retour de la pluie. Après les fortes précipitations de 1996, la sécheresse taghart (3) s’était installée et depuis, aucune récolte de blé n’avait pu être réalisée. Dans la région, la culture en maider (4) tributaire des eaux de pluie, permet habituellement aux habitants d’obtenir la quasi-totalité de leur consommation annuelle de blé. Celui-ci étant la base de l’alimentation, cette production céréalière est très importante. Aussi observe-t-on une relative fréquence des rites de rogations pour la pluie, en général avant la période habituelle des semailles, de décembre à février (5). Les champs collectifs sont situés sur de larges sections submergées par les eaux de l’oued en période de crue. Une retenue d’eau formant une sorte de lac a été aménagée par la tribu et permet de recueillir les eaux de ruissellement. Les cultures céréalières sont totalement tributaires des eaux de pluie. Le partage de la terre en parcelles attribuées à chaque foyer est effectué par les chefs de fraction dès que des pluies conséquentes ont eu lieu (6). Aux nécessités de l’agriculture s’ajoutent celles de l’élevage, l’eau étant bien évidemment indispensable à la survie des troupeaux de dromadaires, d’ovins et de caprins. Toutes les familles possèdent quelques moutons destinés aux différents sacrifices rituels (fêtes religieuses, rites de la naissance et du mariage, réception d’hôtes prestigieux, etc.). En l’absence de précipitations, il n’est pas possible de nourrir ce bétail et depuis la fin des années 1990, la plupart des foyers de la région pré-saharienne de Merzouga ont dû peu à peu cesser leur activité d’élevage. Décision douloureuse, car pour la plupart des Aït Khebbach, et conformément au mode de vie pastoral, la richesse se mesure à la possession de troupeaux, spécialement de camélidés.
Comme c’est le cas pour la majorité des sociétés d’agriculteurs, et plus encore dans une région où les précipitations sont particulièrement faibles, la pluie fortement valorisée est utilisée dans les thérapeutiques traditionnelles. Dans le nord du Maroc, la pluie de mars (7) est connue pour ses nombreuses vertus prophylactiques (Biarnay, 1924 : 137-138). Commun à la plupart des parlers berbères, le terme générique pour désigner la pluie est celui d’anzar. La pluie fine et particulièrement bénéfique pour la terre se nomme tasut. Pour les fortes précipitations considérées comme inutiles parce qu’elles « courent sur la terre », on emploie le terme agussif. Lorsqu’une période de pluie a permis une bonne irrigation de la terre, les Aït Khebbach disent « issua », littéralement « elle a bu ». C’est la période idéale pour ensemencer.
Lorsque la pluie se fait attendre et qu’il n’est pas possible de commencer les semailles, la cérémonie de la « cuiller à pot » est décrétée par les femmes qui chargent leurs filles d’aller récolter, auprès de tous les habitants du hameau et des campements alentours, de quoi organiser un repas collectif. Il s’agit d’une procession pour laquelle, les jeunes filles confectionnent un mannequin, sur une armature faite d’un roseau, aghanim, (8) ou de tamaris (9) et de deux cuillers à pot qui matérialisent les bras (photo 1, p. 87). L’armature est ligaturée par un morceau d’étoffe. Dans le cas précis des rites de rogations, le terme taghnja se réfère à la cuiller à pot et non à la cuiller individuelle servant à se nourrir (10). Il s’agit là d’un instrument de grande taille destiné à servir les rations de nourriture, sorte de « louche » à cavité hémisphérique telle que décrite par Marceau Gast (1968 : 366-368).
Le mannequin est nommé taghnja, littéralement, « la cuiller à pot » ou « la louche ». Il s’agit d’un terme berbère. D’après E. Westermarck (1926, tome II : 269), l’utilisation de ce terme dans la plupart des rituels nord-africains d’obtention de la pluie, y compris en milieu arabophone, témoigne de l’origine même du rite, emprunté à la culture berbère.
Le mannequin est revêtu des plus beaux vêtements réservés aux jours de fête, et plus particulièrement de ceux que portent les femmes lorsqu’elles se rendent à un mariage. Nous reviendrons plus en détail sur les différents éléments de l’habillement de la « cuiller à pot ».
Le mannequin mesure environ un mètre de haut, et est promené par plusieurs jeunes filles dans tout le village. C’est à la plus âgée des fillettes que revient le privilège de porter le mannequin qui doit être le plus proche possible du ciel. Si le rituel de la « cuiller à pot » est commun à l’ensemble des populations berbérophones de l’Afrique du Nord, les différents éléments entrant dans la confection de la poupée diffèrent selon les régions. La cuiller figure parfois la tête même du mannequin et elle est donc fixée au bout d’un long roseau comme chez les Rehâmna (Doutté, 1905 : 383) et chez les Igliwa (Laoust, 1920 : 205). La cuiller comme élément principal du mannequin est fréquente en Tunisie, le long de la frontière algérienne, et se nomme rhonja (Monchicourt, 1915 : 76). On la retrouve aussi chez les Maures de Mauritanie faite d’un piquet de tente ou d’une cuiller en bois (Béart, 1955 : 98). À Marrakech encore, elle est simplement fixée sur un roseau et décorée d’un lambeau d’étoffe. Ce procédé n’est pas sans rappeler la hampe d’une bannière dont on sait l’importance à l’occasion de différents rituels (achoura, visites au tombeau des saints, fête du mawlid, etc.). On note également, pour figurer le corps, l’emploi d’un entonnoir ou de la pelle servant à déplacer le grain sur l’aire à battre (12). Tous les éléments choisis pour la figuration de la « cuiller à pot », entonnoir, pelle et roseau sont utilisés comme des symboles explicitement associés à l’eau. La procession démarre de l’une des maisons des jeunes filles ayant confectionné la « cuiller à pot » avec l’aide de leurs mères et des voisines prêtant toutes un objet particulier. Elles s’arrêtent ensuite sur le seuil de chaque maison, et chantent l’invocation suivante : « Taghnja ! (13) Lève les bras au ciel, demande à Dieu beaucoup de pluie » (Taghnja assi iraln nm sliguina hgl i-rbi adich anzar s chiyan).
Pendant ce temps, la maîtresse de maison jette de l’eau sur le mannequin, sur l’assistance et en verse parfois dans les deux cuillers. Elle donne ensuite aux fillettes des œufs, de la farine ou du blé. Elle n’offre jamais de viande ni d’argent. Le cortège repart immédiatement et effectue une nouvelle station devant une autre maison où aspersion rituelle et dons alimentaires se reproduisent. Les chants sont alors modifiés, alternant les incantations à chaque arrêt.
La terre, la terre est sèche, mon Dieu mouille-la ! Achal, iqor achal, Arbi sum ghtid
Nous sommes parties de l’autre côté, seule la pluie m’a fait revenir nda sg agmadin, khs anzar ayd id irurn (14).
Un rituel offrant une forme similaire a été relevé par Dominique Champault (1969), chez les Belbala (15), où toutes les jeunes filles ont mission de demander le retour de la pluie par l’intermédiaire de tarenja (photo 2, p. 89). Les bras du mannequin sont confectionnés par deux louches (16), remplies d’eau par une femme issue de famille maraboutique (17) (ibid. : 141). Elles chantent :
Tarenja a ouvert ses cheveux. Dieu, mouille ses boucles d’oreilles ; tarenja, mère d’espérance, tarenja, ô Madame, porte-nous la pluie pour remplir nos cruches (Champault, 1969 : 141).
Comme chez les Aït Khebbach, les jeunes filles vont de maison en maison (fig. 3, ci-dessous) et récoltent du blé, des dattes, des œufs ou des légumes mais jamais de viande. Selon l’auteur, ce rite commun à de nombreux pays (Arménie, Palestine …), pourrait aussi être rapproché des « fiancées du Nil », poupées jetées au fleuve pour amorcer la crue. L. Joleau (1933a : 268) signale cette possible analogie avec les fellahs du bord du Nil qui dressaient une colonne de terre appelée Taslit « fiancée » qu’ils jetaient ensuite dans le fleuve pour en hâter l’inondation. Il semblerait qu’à l’époque pharaonique une vierge parée de ses plus beaux atours y était noyée (op. cit.).
Les invocations durant la procession rituelle peuvent être directement adressées à Dieu, à la « cuiller à pot » apparaissant alors comme un intercesseur : « ô taghnja, tends tes mains au ciel et demande à Dieu la pluie ô taghnja », elles peuvent aussi constituer une prière adressée directement au mannequin : « Lève-toi, taghnja, et va puiser l’eau ».
Une fois la collecte de denrées terminée, les jeunes filles déshabillent le mannequin et restituent ses différents atours. On observe parfois une destruction de ce dernier par les femmes qui engagent une sorte de lutte. À Timgissin, souligne E. Laoust (1920), on procède à l’enterrement de la « cuiller à pot » (19). Ailleurs, elle est jetée dans une rivière :
Si la poupée plonge la tête droit sous l’eau, on dit que l’année sera pluvieuse. On voit dans le cas contraire le signe d’une année de sécheresse. (op., cit.: 208)
Le soir, un repas est préparé par les femmes à partir des différents dons recueillis et partagé avec l’ensemble des foyers du village. Ce banquet rituel est en général servi dans des lieux particuliers, tel le lit d’un oued, l’aire à battre ou une colline, lieux qui manifestent leurs liens avec l’eau, les récoltes et les nues. C’est pour cette raison que les habitants de Taqucht pratiquent souvent la cérémonie de la « cuiller à pot », le hameau étant situé sur une colline surplombant le village de Merzouga. Les jours suivants la pluie est censée revenir pour fertiliser les champs.
Aux origines du rite : aperçu comparatif
L’aspersion de la « cuiller à pot » par les femmes est attestée dans de nombreuses sociétés d’Afrique du Nord. En Tunisie, à Gafsa et dans les Matmatas, le mannequin est copieusement arrosé (Menouillard, 1910 : 303). À Sfax, on moPour ce faire, la femme la remplit et la verse plusieurs fois uille les membres du mannequin. Le rituel présente les mêmes caractéristiques processionnelles que celui des Aït Khebbach, avec une variante puisque le mannequin, traité d’ivrogne par les fillettes, agite la tête de colère ce qui est censé provoquer la pluie. Dans certaines cérémonies, comme à Tanger, c’est une jeune fille qui se substitue au mannequin et monte à l’envers sur une ânesse. Les femmes l’aspergent d’eau durant toute la procession (Biarnay, 1924 : 138-139). L’aspersion succède parfois à une immersion complète comme chez les Aït Haddidou du Haut-Atlas marocain (20), où les mariés de l’année sont jetés dans les bassins d’irrigation ou les rivières afin d’obtenir la pluie tout au long de l’année (Joleau, 1933b : 346). J. -H. Probst-Biraden (1932 : 99) décrit dans la province de Constantine l’aspersion d’eau sur l’effigie et sur les porteurs. E. Laoust (1920) le signale également pour l’ensemble des rituels marocains. Chez les Aït Chitachen (Demnat), le mannequin est même allongé dans une gouttière, les femmes se tiennent sur la terrasse et déversent sur lui le contenu entier de cruches d’eau.
L’aspersion rituelle est donc très répandue et n’est pas sans rappeler l’immersion des idoles antiques, signalée par P. Saintyves. Cette pratique se retrouve encore au début du XXe siècle, dans la plupart des sociétés paysannes de l’Europe. P. Saintyves (1933) présente un ensemble de descriptions de l’immersion des sacra21 (statues divines, croix, reliques des saints, etc.) depuis l’Antiquité gréco-romaine jusqu’au XIXe siècle. Très généralement l’immersion avait lieu au printemps et apparaissait dès lors comme la volonté d’un renouveau, celui de la nature et de la terre (22).
On retrouve au Maghreb sensiblement les mêmes époques choisies pour la procession rituelle de la « cuiller à pot » : la période des semailles ainsi que l’aspect « licencieux » évoqué par l’auteur (23).
En Kabylie, Henri Genevois décrit le rituel originel comme nécessitant la nudité d’une jeune fille escortée par les femmes (1978 : 394). Le légendaire impliquant une jeune fille pubère renvoie à l’association pureté et limpidité, thème récurrent qui apparaît dans la plupart des rites d’obtention de la pluie.
Chez les Aït Khebbach la pureté de l’eau s’associe toujours au bonheur et au bien-être. Les discours à propos de la source, targua (24), qui alimente la palmeraie sont éloquents. La source est très souvent présente dans les pratiques divinatoires et les visions oniriques féminines. La récurrence du rêve, où une source limpide se trouble soudainement, est le signe annonciateur d’un malheur.
Au Maghreb, les rites de demandes de la pluie existent aussi dans les prescriptions religieuses et trouvent leur origine dans un hadith. C’est en général l’imam qui en prend la décision et ordonne trois jours de jeûne. Le troisième jour une procession constituée d’hommes, de femmes âgées et des enfants de l’école coranique qui portent leur planchette sur leur tête se rend vers le lieu de la prière. Tous implorent : « Dieu, arrose Ton pays et déverse Ta miséricorde » (Laugel, 1958 : 336). Il s’agit d’une prière rituelle, çalate el istisqa, pratiquée dans tout le Maghreb (25). Ensuite un repas est organisé à l’aide des offrandes faites par tous. La pluie est censée tomber le jour même. En arabe ces demandes sont appelées thlob en nou. Or ces cérémonies à caractère religieux (26) n’excluent généralement pas les actes profanes comme la procession de la « cuiller à pot ». À Merzouga, l’imam prononce parfois cette prière, hors du cercle des habitations (27), à proximité des champs de céréales pour lesquels il sollicite les faveurs du ciel. Mais la prière de l’istisqa paraît très largement minoritaire face à la cérémonie coutumière de la « cuiller à pot ». Par ailleurs, si les cérémonies apparaissent parfois concomitantes elles ne se confondent pas, même si l’istisqa s’avère parfois mêlé à des rituels plus directement inspirés du culte des saints comme les « tournées sacrées » effectuées en utilisant des étendards déployés dans les champs tout en invoquant Dieu (Monchicourt, 1915 : 71).
Les variations rituelles des cérémonies en Afrique du Nord
Si les processions de la « cuiller à pot » sont communes à l’ensemble du Maghreb, différentes configurations rituelles des éléments du cortège appellent quelques remarques. En effet dans certaines régions la cuiller à pot fait partie des processions et l’on relève aussi l’intervention conjointe de certains animaux. C’est le cas à Tanger par exemple, où une jeune fille monte à l’envers une ânesse. Celle-ci est habillée avec des vêtements de femmes : ceintures et foulards (Biarnay, 1924 : 138). De même dans le Haut-Atlas, chez les Infedouaq, une vieille femme est montée sur un âne déguisé. Ce dernier est poussé dans une rivière. S’il urine (28) c’est un bon présage pour les précipitations futures. L’intervention animale dans le cadre sacrificiel est assez répandue. C’est le cas à Aïn Sefra (Algérie), dans l’Altlas marocain ou en Tunisie. Il s’agit le plus souvent du sacrifice d’un taureau ou d’un agneau, et parfois d’un chevreau. Les animaux sont parés d’atours féminins et promenés en cortège. Dans tous les cas, l’animal doit être noir et sans tache, sa couleur rappelant celle des nuages chargés de pluie (29) (L. Joleaud, 1933 : 212).
Au sud du Tazeroualt [Maroc], les rites de la pluie comportent la promenade d’un agneau accompagnant la traditionnelle grande cuiller en bois, tlgonja, habillée en fiancée, taslit. La foule chante: “Belghonja! Qui croit en Dieu qui peut nous secourir avec la pluie par l’Agneau et le Bélier réunis” (op. cit.) (30).
Dans la plupart des rituels l’animal est aspergé d’eau. S’il urine durant la cérémonie la pluie va revenir en quantité. On peut noter ici l’utilisation constante des liquides, comme l’eau, les pleurs, l’urine et l’eau des cours d’eau, autant d’éléments symboliques évoquant la pluie. Le sacrifice (31) n’est pas systématique ; parfois l’animal est uniquement promené puis restitué à son propriétaire. Si la pluie arrive, on organise un repas et l’animal est alors sacrifié (32). Signalons enfin un dernier rituel fréquemment associé aux processions de la « cuiller à pot », celui du jeu de la balle à la crosse.
Jeu de la balle à la crosse Takurt (33) et obtention de la pluie
Ce jeu, fort ancien, est couramment pratiqué en Afrique du Nord et marque souvent la fin du rituel de la « cuiller à pot » (Doutté : 1905, Westermarck : 1913, Monchicourt : 1915, Laoust : 1920, Marçais et Guiga : 1925, Joleaud : 1933, Loubignac : 1952, Genevois : 1978, Camps : 1989, Safi : 1989). Très généralement le jeu consiste pour deux camps adverses à échanger une balle à l’aide de bâtons recourbés, où à se disputer la balle jusqu’à ce qu’elle tombe dans un trou préparé pour la recevoir (Genevois, 1978 : 396)34. À Merzouga, on utilise la partie inférieure d’une palme, laquelle constitue une sorte de raquette triangulaire légère et résistante. La balle est formée de poils de dromadaire enroulés en pelote, d’un diamètre de 15 à 20 cm.
Des parties sont organisées durant la fête du printemps et également en temps de sécheresse pour attirer la pluie (35). Ce jeu semble partout au Maghreb conserver un caractère rituel. E. Westermarck (1913 : 121) en signale la pratique par deux ou trois femmes entièrement nues, loin du regard des hommes, afin d’obtenir le retour de la pluie. De même :
Chez les Tsoul, au Nord-Ouest de Taza, des femmes également nues se livrent à ce sport en utilisant une cuiller à pot pour lancer la balle. (L. Joleaud, 1933a : 242)
Lorsque le jeu met exclusivement en scène des femmes, il peut être considéré comme un rituel en faveur de la pluie. Différents auteurs (Joleaud : 1933a, Prost-Biraden : 1932) ont proposé de comparer ces pratiques à un culte très ancien décrit par Hérodote (36). En hommage à une déesse de caractère guerrier honorée par les Machlyes et les Auses « filles de la mère et du fleuve », les jeunes filles divisées en deux camps luttaient à coups de pierres et de bâtons. Celles qui mouraient de leurs blessures étaient considérées comme des fausses vierges. L’on portait ensuite en triomphe près d’une étendue d’eau la lutteuse la plus forte, et donc la plus pure (Monchicourt, 1915 : 79).
Si l’on admet que de nombreux jeux dérivent d’anciens rites magiques, on peut supposer qu’ici le jeu de la balle a pour but de simuler le mouvement des nuages avant l’arrivée de la pluie. La violence du jeu est soulignée partout. Elle pourrait évoquer l’orage ou, plus simplement, la succession des saisons, succession mimée sous la forme d’un combat rituel par le jeu de la balle à la crosse (37). Au Tafilalt, écrit E. Laoust (1920 : 208), les femmes engagent entre elles une lutte (38) qui se termine par la destruction du mannequin, et on prétend que sans ce combat il ne pleuvrait jamais. On relève aussi des simulacres de ces combats chez les Ida Gounidif, décrit par le même auteur. Les enfants partent en quête de farine et d’huile et demandent à une femme de leur préparer de la bouillie à proximité d’une aire à battre. Une fois leur repas achevé, ils s’emparent du foulard de la femme, le roulent en boule et se le lancent comme une pelote jusqu’à ce que la femme pleure. Les larmes sont supposées faire pleuvoir. En temps de sécheresse, chez les Kaoud, écrit Ch. Monchicourt (1915 : 79), les femmes s’arment de cuillers à pot et se disputent la balle pendant que les jeunes filles promènent un mannequin dans le campement.
En général, le jeu de la balle à la crosse clôt les cérémonies rituelles d’obtention de la pluie, juste avant le partage du repas collectif. La balle devait parfois être « enterrée dans le trou, comme le serait une semence » (G. Camps, 1989 : 797).
La part du féminin dans le rituel
Le rituel de la « cuiller à pot » se présente comme une allégorie de la féminité et plus particulièrement de la fécondité, manifestée par les vêtements des femmes Aït Khebbach et la mise en scène d’objets exclusivement féminins. En effet la procession rituelle de la « cuiller à pot » n’utilise que des éléments féminins. Ainsi seules les jeunes filles promènent le mannequin et sont avec leurs mères les inspiratrices du rite, depuis la confection du mannequin jusqu’à la préparation du repas. Les hommes n’apparaissent qu’à l’occasion de la consommation de la nourriture, le soir à la tombée de la nuit. La « cuiller à pot » est vêtue d’une robe de cotonnade blanche sur laquelle est déposée une étoffe transparente brodée de fils d’or ou d’argent, retenue par deux fibules d’argent aux épaules. Une large ceinture de cordelettes, alternant les couleurs traditionnelles des Aït Khebbach (rouge, jaune et vert) et ornée de pompons, étoffe les hanches du mannequin. Les pompons sont placés sur chacune de ses hanches. Cette ceinture appelée tasmert est portée par les femmes mariées mères de plusieurs enfants. Elle est le symbole même de la fécondité. Aussi tasmert n’est jamais portée par la fiancée le jour de son mariage (39). La ceinture des mariées, nommée taboqst est différente. Nettement moins large, elle se présente avec un seul pompon placé sur les reins de la jeune fille. Cette distinction entre tasmert et taboqst témoigne de l’association faite entre la « cuiller à pot » et la fécondité. Ainsi, plus qu’une fiancée, la « cuiller à pot » symbolise une femme féconde non une vierge. C’est aussi ce que relève Dominique Champault (1969) chez les Belbala, lorsqu’elle note que la « cuiller à pot » diffère des autres mannequins dénommés « fiancée » ou « mariée », tislit. « Ce n’est pas une vierge mais une femme (op. cit. : 141) ». Ceci est confirmé chez les Aït Khebbach par les autres éléments de l’habillement ; la robe de la « cuiller à pot » n’est pas la tenue des mariées mais l’habit traditionnel de fête des femmes. Les mêmes remarques s’appliquent au tatouage facial, réalisé avec du safran par les femmes sur le morceau de roseau qui figure le visage. Lors des mariages, le tatouage de la fiancée est appelé illaune. Il s’agit de marquer le contour du visage, l’arête du nez et d’ajouter un motif sur le menton. Rien de similaire pour la « cuiller à pot » dont le tatouage, bien que réalisé au safran, est celui, indélébile, des femmes mariées. On le nomme tiqsay. La distinction est là encore très nette entre fiancée, tislit, et femme, tmttut. Seul le fait que son visage soit parfois dissimulé par le voile pourrait assimiler la « cuiller à pot » à la fiancée avant la nuit de noces.
La « cuiller à pot » doit plutôt être considérée comme l’épouse de la pluie et non comme sa fiancée. De nombreux auteurs ont, semble-t-il, trop vite associé la « cuiller à pot » à une fiancée, sans doute en association avec le jeu de taslit (la fiancée ou la mariée) très répandu dans tout le Maghreb. Or dans la plupart des rituels observés ou décrits par les auteurs, le mannequin est le plus souvent nommé taghnja et non taslit. Ainsi chez les Infedouaq, E. Laoust (1920 : 215) signale, lors des rituels d’obtention de la pluie, la présence de deux « poupées » taghnja et son mari, argaz n-tghnja. Dans cet exemple, si la « cuiller à pot » était une fiancée son partenaire, anzar : la pluie (40), serait alors un asli, fiancé, et non un homme, argaz ou ariaz. Dans la légende rapportée par H. Genevois à propos de l’origine du rite celui-ci note (1978 : 393), « en cas de sécheresse on célèbre sans tarder Anzar (41) et la jeune fille choisie pour la circonstance doit s’offrir nue ». Il n’est plus question d’épousailles mais de représentation de l’union physique que l’on répète à l’occasion des différents rituels L’important n’est pas ici la virginité mais la fécondité (42). De manière encore plus claire, on peut évoquer un rite tout à fait similaire en Syrie du Sud, où le mannequin est dit « la mère de la pluie, celle qui enfante la pluie » (Monchicourt, 1915 : 77). Citons enfin un dernier argument qui plaide pour la thèse de l’épouse/femme et non de la fiancée/vierge, il s’agit du terme taslit lui-même, notamment utilisé dans une autre cérémonie décrite par Laoust (1920 : 217-224) celle des idoles de Taliza où l’une, masculine, adad, « le doigt », conduit le rituel des feux de joie et la seconde, taslit, préside aux rites de l’eau. Cependant cette taslit est tout à fait distincte des cérémonies mettant en scène la « cuiller à pot » et rien ne semble permettre de les confondre.
En ce qui concerne l’ensemble des rituels de la « cuiller à pot », l’association femme/fécondité/pluie apparaît dès lors évidente. Par ailleurs le rôle des femmes dans les rites de la pluie est très largement attesté par la littérature ethnographique.
La cuiller à pot : un ustensile féminin
Si l’on étudie le mode de constitution du mannequin, on peut interpréter la présence de la cuiller comme une représentation à la fois de la femme et de la vie (association femme / nourriture/pluie). La cuiller était anciennement l’unique couvert utilisé. C’est elle qui plonge dans la marmite et « octroie la nourriture » (Champault, 1969 : 142). La marmite de terre cuite figure dans la plupart des habitations des Aït Khebbach. Elle est posée sur le qanun en pisé construit par les femmes. Il s’agit d’un dôme percé formant un foyer rond. Les braises sont déposées au centre ; la marmite repose sur l’armature en terre. On adjoint souvent un second dôme de dimension réduite, permettant de chauffer en permanence une bouilloire d’eau pour le thé. La cuisson au feu de bois est pratiquée le soir et plus particulièrement en hiver. Le couscous n’est jamais cuit au gaz, considéré comme un combustible qui entraîne une cuisson trop rapide. Le repas du soir, uniquement constitué d’une soupe d’orge et de navets, est cuit au feu de bois. La soupe offerte ensuite dans des bols est d’abord refroidie à l’aide de la louche (fig 4, ci-dessous).
Pour ce faire, la femme la remplit et la verse plusieurs fois dans le récipient avant de la servir pour de bon. Si aujourd’hui on constate l’apparition de louches en aluminium, la louche en bois (43) demeure privilégiée. La cuiller est donc fortement associée à la fonction nourricière, tout comme l’eau qui nourrit la terre et fait croître le grain. L’utilisation dans le rituel de taghnja de la pelle à grain (44) participe d’une symbolique similaire car c’est elle qui déplace les grains dont la croissance est rendue possible par la pluie. Enfin l’omniprésence du roseau plante qui ne pousse que dans des sols gorgés d’eau. Dans la plupart des sociétés sahariennes et nomades les ustensiles culinaires sont très peu nombreux. À Merzouga, l’apparition du meuble vaisselier destiné à exposer les différents plats, couscoussiers, théières est relativement récente. Les plats en faïence de confection chinoise supplantent peu à peu les ustensiles traditionnels. Cependant le plat en bois muni d’un pied, le couscoussier en vannerie traditionnelle et la louche demeurent les éléments essentiels du mobilier. Et c’est la cuiller en bois qui est systématiquement utilisée lors des cérémonies du mariage.
À l’occasion de l’un des derniers rituels du mariage la cuiller à pot a également sa place. Dans ce rituel, un isnaïn (45), un des personnages qui prennent en charge l’ensemble des cérémonies du mariage, donne des conseils “inversés” à l’épouse, une fois l’ensemble des cérémonies terminées, lorsque la jeune mariée prend son premier repas chez son époux. En présence du jeune couple, isnaïn prélève une louche de beurre qu’il verse sur le couscous en donnant à la jeune épousée une série de conseils contraires aux règles d’usage. Ainsi, par exemple, il lui enjoint de désobéir à sa belle-mère, de lui voler des œufs, de refuser de travailler, etc. Cette inversion rituelle des fonctions de l’épouse et l’utilisation de plaisanteries constituent pour les hommes un support d’expression privilégié et indirect sur le monde des femmes que les prescriptions coutumières interdisent de discuter dans la quotidienneté. Ses conseils “à l’envers” permettent à isnaïn de mettre en garde le jeune marié contre certains des comportements féminins considérés comme une entrave à l’expression de la domination masculine. L’utilisation de la cuiller dans ce rituel apparaît comme le symbole même de l’économie domestique féminine et s’associe ici pleinement non à la virginité, laquelle a déjà été manifestée et fêtée rituellement immédiatement après la nuit de noce, mais à la fécondité.
Enfin la gestuelle du rituel de la « cuiller à pot » s’oriente autour d’actions évoquant la pluie. Ainsi les mains, constituées des deux louches, sont tournées vers le ciel pour recevoir l’eau de pluie. Les multiples aspersions d’eau lors des stations du cortège devant les habitations symbolisent explicitement les averses attendues. On peut à nouveau noter l’intervention exclusive des femmes puisque seule la maîtresse de maison asperge la « cuiller à pot ». Chez les Belbala (sud-ouest algérien) certaines femmes vont aussi verser directement de l’eau dans les deux louches, amorçant ainsi la chute de la pluie (Champault 1969 : 142). A cette gestuelle évocatrice l’auteur ajoute l’intervention du pilon de bois figurant le corps de la poupée lequel « pénètre verticalement dans le mortier comme la pluie dans le sol ».
En d’autres termes, à Tabelbala comme aux confins du Tafilalt, la confection de la « cuiller à pot » , l’ensemble de ses atours et la gestuelle usitée lors de la procession rituelle mettent en scène des éléments exclusivement féminins et pleinement associés à la vie conjugale. L’apparence vestimentaire de la poupée évoque bien une femme et non une jeune mariée, et l’utilisation de la louche est une allusion aux fonctions nourricières de la femme-mère.
Symbolisme rituel : fécondité, procréation et enfantement
Il reste un dernier élément à évoquer à propos de la constitution matérielle de la « cuiller à pot ». Nous avons noté le rôle de la cuiller à pot comme représentation symbolique de la femme en tant qu’épouse féconde. L’armature figurant le corps de la poupée est constituée d’un roseau, plus rarement d’un morceau de bois de tamaris. Ces deux éléments symbolisent ici encore la fécondité.
Le roseau (46) ainsi que le bois de tamaris est généralement utilisé métaphoriquement dans les discours relatifs aux représentations physiologiques de l’engendrement, où l’homme est représenté par une branche de tamaris (47) fichée dans la terre laquelle, sorte de matrice originelle, représente la femme. L’eau est ici le principe fécondant, principe nécessitant l’intervention complémentaire de l’homme et de la femme puisque l’eau de l’homme amen n-ariaz et l’eau de la femme amen n-tamttut doivent s’ajouter à la terre et au tamaris. De la sorte, le couple terre – eau reproduit rituellement la perception de l’engendrement (48).
Si, comme le souligne T. Sanders (2002), de nombreux auteurs ont mis en avant le symbolisme sexuel des rites d’obtention de la pluie, chez les Aït Khebbach le symbolisme rituel de la procession de la « cuiller à pot » est directement orienté vers la glorification de la fécondité féminine (49). Les éléments culinaires du repas collectif organisé après la procession rituelle le confirment.
La collecte de dons alimentaires apparaît comme l’une des phases essentielles du rituel d’obtention de la pluie ; elle mobilise l’ensemble de la communauté villageoise. Les dons n’impliquent ni argent, ni viande rouge dont l’abattage rituel est réservé aux hommes. La farine, le blé, l’orge, la semoule, le lait et ses dérivés, beurre, lait caillé, les volailles et les œufs sont des denrées associées au monde féminin. À Merzouga, comme dans l’ensemble du monde rural marocain, l’élevage, la vente des volailles et des œufs sont le fait des femmes. C’est ainsi qu’elles peuvent disposer de modestes ressources financières.
Le repas qui sera ensuite consommé par tous une simple bouchée – permettant de parler de partage – de nourriture (50) est le plus souvent constitué de soupe, de bouillie, ou de crêpes, parfois de volaille, le sacrifice d’un poulet apparaissant comme un sacrifice pleinement féminin, (Zirari, 1999). Quant aux produits laitiers, il s’agit de lait de chèvre ou de beurre fondu fabriqué par les femmes qui prennent en charge la traite des animaux.
On note surtout la prépondérance des éléments céréaliers (51) qui occupent une place essentielle dans les habitudes alimentaires maghrébines. La complémentarité des genres y est manifeste, les hommes cultivent et récoltent tandis que les femmes réalisent la transformation des céréales en biens de consommation induisant trois actes féminins, fondateurs du domaine culinaire : moudre, pétrir et cuire (Virolle-Souibès, 1989 : 74). Ces préparations, note l’auteur, expriment le rôle féminin et l’acquisition du statut de femme par le biais de l’élément liquide ; c’est la pleine maîtrise du sec et de l’humide (op. cit. : 96).
La soupe constituée d’orge et de farine est le plat principal du banquet rituel. L’orge, céréale souvent associée aux femmes, sert à la confection du repas que l’on retrouve systématiquement à l’occasion des rituels de la naissance. Les accouchées en consomment durant les trois premiers jours qui suivent l’accouchement, car l’orge est considérée comme particulièrement reconstituante. J. -H. Prost-Biraben (1932 : 101) évoque la préparation de la zerda, soupe spéciale d’herbes et de légumes, préparée rituellement par les vieilles femmes et symbolisant la fécondité. Le poulet, la soupe d’orge, la farine, les œufs, le lait de chèvre et le beurre servi lors du repas clôturant les rituels d’obtention de la pluie sont exactement les mêmes que ceux servis à une nouvelle accouchée. Comme le souligne Biarnay (1924 : 135), l’eau qui tombe fin mars, et permet donc d’ensemencer et plus tard de récolter, est donnée à la parturiente en cas d’accouchement difficile.
En conclusion, la mise en scène de la « cuiller à pot » met en évidence la trame rituelle des cérémonies orientée vers une représentation de l’engendrement et de l’enfantement. Le parallèle sémantique entre la venue de la pluie et la célébration de la fécondité est ici évident et renforce notre hypothèse selon laquelle la « cuiller à pot » matérialise la femme féconde et non la vierge. Par ailleurs, le fait que seules les femmes soient à l’initiative de la cérémonie, ainsi que la présence exclusive de fillettes durant la procession rituelle, tend à renforcer l’idée d’une valorisation de la fécondité féminine.
Compte tenu du maintien du rituel de la « cuiller à pot » en milieu berbérophone marocain (52) et du soin toujours porté aujourd’hui à la confection de la « cuiller à pot », il nous apparaît important d’en poursuivre l’étude. En effet, pour nombre de Berbères marocains, les processions de la « cuiller à pot » témoignent d’une marque identitaire forte (53) du monde berbère.
Marie-Luce GÉLARD
Source : Journal des Africaniste
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