Bouteflika compare la colonisation française à la conquête arabe
Comme chaque année, à la veille du 5 juillet, le président de la république, Abdelaziz Bouteflika, a adressé un message à l’occasion de la célébration du 54ème anniversaire de l’Indépendance et de la fête de la Jeunesse.
Si, depuis des années, on a finit par n’accorder aucune attention à cette fastidieuse missive, cette année un court passage n’a pas manqué de susciter une petite polémique.
En effet , au détour d’un paragraphe sur le combat du peuple algérien pour sa liberté , la lettre présidentielle n’a pas manqué de faire le rapprochement entre le colonialisme français et celui , non moins sauvage des « Omeyades et des Abassides » :
« De fait, notre jeunesse doit cultiver le souvenir du martyre enduré par notre peuple 132 années durant, un martyre fait de massacres, de tentatives d’extermination de nos ancêtres, de spoliations de leurs terres, et d’une tentative d’éradiquer notre culture et notre identité et de nous reléguer au temps passé. N’en a-t-il pas été de même pour les Omeyades et les Abassides ? »
Le camp des islamo-baathistes n’a pas tardé à ruer dans les brancards. Quelques uns sont allés jusqu’à accuser le chef de l’État de racisme ! .
Et pourtant, l’histoire de la conquête arabe de l’Afrique du nord , contrairement à l’image édulcorée des manuelles scolaires , fut lente et surtout sanglante .
Malgré les nombreuses légendes tissées par les chroniqueurs arabes, le goût du lucre, chez les Califes Omeyades et Abassides , prenait souvent le pas sur l’esprit missionnaire.
Ainsi , dans une lettre du calife Hicham Ibn Abdelmalek ( dixième califes omeyyade) à son représentant en Afrique du nord , on peut lire :
« L’Émir des croyants (Amir al Mouminine) prenant connaissance de ce qu’envoyait votre prédécesseur Moussa Ibn Nosseir (640-716) à Abdel Malek Ibn Marouane miséricorde d’Allah soit sur lui, en nombre de femmes berbères, Il (le calife) vous demande de faire de même.
Vous avez sous votre commande un nombre inestimable de belles femmes berbères.
Des femmes qui comblent le regard.
Des femmes captivant les cœurs.
Ce qui est introuvable chez nous à Damas ou dans nos autres régions obéissantes.
Je vous demande de prendre toutes les précisions et l’attention dans le choix des femmes berbères. Prends en considération ce qui suit :
La beauté extrême , la finesse des doigts, l’élégance du maintien, le calme de l’esprit, les cheveux longs, la race pure, les yeux amusés, les joues lisses, les petites bouches, les beaux visages, les corps vibrants, la taille fine, la voix envoûtante.
Mais au dessus de tout cela, il faut puiser dans les bonnes familles connues et respectables. Elles seront les mères de nos enfants.
Et que le Salut, de Dieu soient sur vous».
En comparant la colonisation française à la conquête arabe, le président de la république, a jeté un gros pavé dans la mare, qui libérera, nous l’espérons, une Histoire restée longtemps otage des idéologies et des considérations électoralistes .
Jugurtha Hanachi