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“Baba H’fouda” : le troisième album d’Ishem Boumaraf

Après deux albums “Susa”( 2006) avec le groupe Tafert et “Zazza” (2011) en solo , “Baba H’fouda” sorti en 2014 chez Orphée musique consacre le jeune Ishem Boumaraf comme le chef de file de la nouvelle vague des chanteurs chaouis et le digne successeur de Amirouche Ighounem, Nouari Nezzar, Djo Sabri et Dihya.

Origine de Tkout, Ishem Boumaraf est professeur à l’institut régional de formation musicale de Batna. Une solide formation académique qui a permis à l’artiste de marier les musiques du monde avec les sonorités chaouies. Rock reggae et musique celte fusionnent avec arahbi (réhaba), rakroki, et le sraoui, dans le creuset de ce nouveau genre musical : le chawi-fusion dont Ishem Boumaraf est d’après les spécialistes le précurseur et le porte-drapeau incontesté.

Pour les paroles tout comme la musique, le souci de la recherche et de l’exigence est le même. Loin de céder à la médiocrité ambiante qui caractérise la musique chaouie ces dernières années, les textes d’Ishem Boumaraf nous ont habitués à une certaine exigence esthétique. “Baba H’fouda” ne déroge pas à cette règle.

Composé de huit chansons, l’album est un hommage aux victimes de la silicose. Thazroth (la pierre) est dédiée à la mémoire de Salah Lounissi, un artiste prometteur fauché l’année dernière à la fleure de l’âge par ce fléau qui a déjà fait 115 morts parmi les jeunes tailleurs de pierres de Tkout. La chanson de Baba H’fouda est l’évocation d’un personnage réel dont la mémoire populaire chaouie n’a pas cessé de chanter la bravoure. Amzruy (l’Histoire), Agdud (le peuple), Mess Aksel, Djazaïri, Abridh n ulum, Imenghay n zizi, Thamhajith (la devinette) composent le nouvel opus d’Ishem Boumaraf .

Si ‘’Baba H’fouda’’ est déjà un succès populaire, en témoignent les foules que drainent chaque fois le déplacement de l’artiste lors de ses vente-dédicace qui se poursuivent à travers le pays chaoui. L’accueil des médias officiels et les responsables culturel de Batna est cependant moins enthousiaste comme à chaque fois quand il s’agit de la chanson auressienne d’expression berbère. La direction de la culture de Batna continue de marginaliser cet artiste authentique qui sera encore une fois absent de l’édition de cette année du festival de Timgad au grand dam des mélomanes et des amoureux de la chanson chaouie.

Jugurtha Hanachi

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