Arabisation sauvage de l’onomastique chaouie , l’exemple du lieu-dit Kassar Tawajen
L’onomastique est souvent le témoin du vécu et du passé d’une communauté, c’est la raison pour laquelle, nominations des lieux, des tribus et de leurs territoires ont toujours fait l’objet d’enjeux politique et idéologiques.
Le système colonial à travers ses ‘’bureaux arabes’’ et son sénatus-consulte de 1865, tout comme la politique de l’arabisation du jeune Etat algériens, ont tellement bouleversé l’onomastique chaouie , que sa réécriture s’impose aujourd’hui comme une urgence .
Le voyageur qui emprunte la route Thikercht (Aïn Kercha) – Thamlilt (Aïn M’lila) est souvent surpris par l’étrangeté du mot du lieu-dit : « Kassar Tawajen ». En plus d’être un peu ridicule, ce nom n’a rien à avoir avec la toponymie chaouie .
D’après une légende locale, les habitants de cette région comme tous les chaouis avaient coutume de fabriquer des plats en terre cuite pour cuire leur galettes traditionnelles (aɣrum ). Lorsqu’ils puisaient non loin de là de la glaise ( Hlaxeth) qu’ils transformaient en «Fen » (pl. ifagun), ces plats sitôt cuits, avaient tendance à se fissurer, la raison était sans doute liée à la qualité médiocre de la glaise du site. Mais les gens de la région , superstitieux conclurent à l’existence d’un esprit malveillant appelé : «mirzay n-ifagun » littéralement : casseur de plat ! , lequel , pour les châtier , cassait délibérément leurs indispensables ustensiles .
Depuis, le rouleau compresseur de l’arabisation est passée par là et le nom a été traduit mot à mot en arabe . Le lieu-dit est affublé aujourd’hui du nom « Cassar Tawajen » qui sonnerait plus comme une blague que comme un toponyme chaoui .
Jugurtha Hanachi